Les discussions reprendront mardi prochain entre les travailleurs de l'usine Scepter de Chicoutimi et la direction de l'entreprise, paralysée par la grève depuis maintenant six mois.

Les deux parties ont en effet été convoquées à une ultime séance de conciliation par le ministère du Travail du Québec afin de tenter de dénouer l'impasse.

Cette rencontre pourrait bien s'avérer la dernière tentative pour parvenir à une entente.

En juin dernier, les dirigeants de l'entreprise américaine ont effectivement laissé entendre que l'usine fermerait définitivement ses portes au cours des prochaines semaines. Ils ont fait cette sortie après que la vingtaine de travailleurs de l'usine ait rejeté à 94% une proposition patronale destinée à mettre fin au conflit. Depuis, les deux parties n'ont eu aucun contact.

"C'est certain que nous sommes rendus à une étape importante. Des décisions devront être prises très rapidement. Cette situation a assez duré", a soutenu, hier en conférence de presse, le président du syndicat TCA de l'usine du chemin de la Réserve, Mario Racine.

Le directeur régional de cette centrale, Alain Proulx, fait pour sa part preuve d'un optimisme prudent à l'approche de cette séance de conciliation, soulignant que la direction de Scepter a déjà catégoriquement refusé de mettre de l'avant, pour de courtes périodes de temps, divers projets d'horaire qui auraient permis le retour au travail des employés de l'usine. Preuve, selon lui, du peu de souplesse manifestée par l'employeur.

"Peu importe, nous allons tenter de dénouer l'impasse. Il est certain que nous n'accepterons pas que l'usine ferme ses portes. D'autant plus qu'elle est rentable", a-t-il lancé.

Du même souffle, Alain Proulx a de nouveau déploré hier le fait que la direction locale de Rio Tinto Alcan (RTA) assume les coûts supplémentaires engendrés par le transport aux États-Unis de l'écume habituellement traitée par Scepter à Chicoutimi à l'extérieur de la région. Une situation qu'il a associée à de "l'ingérence détournée" de la part de la multinationale.

Jointe à ce sujet en après-midi hier, la porte-parole de RTA Métal primaire, Claudine Gagnon, a rappelé que l'entreprise se retrouvait prise entre l'arbre et l'écorce dans ce dossier.

"Nous sommes très préoccupés par ce conflit qui perdure et qui nous occasionne des coûts supplémentaires importants. Mais nous n'avons pas le choix: nous avons l'obligation de faire traiter nos écumes au fur et à mesure", a-t-elle expliqué.

Claudine Gagnon a aussi confirmé que RTA cherchait présentement d'autres fournisseurs capables de traiter l'écume qu'elle produit au Saguenay.

Solidarité

Par ailleurs, les membres du Syndicat national des employés de l'aluminium d'Arvida (SNEAA) ont remis hier un premier chèque de 3600$ à leurs collègues en grève de l'usine Scepter.

Cette somme a été accumulée grâce à un programme de contribution volontaire mise en place au sein des travailleurs du Complexe Jonquière de RTA. En vertu de ce programme, un montant de cinq dollars par semaine est prélevé des chèques de paie des membres du SNEAA. Le président de ce syndicat, Claude Patry, a précisé que près de 300 personnes ont accepté de participer à cette collecte de fonds.

"Par cette mesure, nous croyons pouvoir verser entre 1400 et 1500 dollars par semaine à nos confrères afin de les soutenir dans leurs démarches", a-t-il dit.

Le président du syndicat de l'usine Scepter, Mario Racine, s'est dit très touché par ce geste de solidarité.