Le premier ministre Jean Charest mise sur une mission du Conseil de la fédération en Chine pour pallier à l'absence du premier ministre Stephen Harper aux Jeux olympiques cet été.

M. Charest, qui n'a pas voulu commenter la décision de M. Harper, a affirmé mercredi que cette mission, prévue pour l'automne, servirait à faire entendre la voix des provinces canadiennes aux représentants chinois dont le pays connaît une forte croissance économique.

«La relation qu'ils ont avec le Canada, c'est également une relation avec chacune des provinces, a déclaré M. Charest, lors d'une entrevue en marge de la Conférence des régions partenaires. Pour le reste, on laisse au gouvernement fédéral le soin de mener sa barque et de faire ses affaires.»

Au début du mois, M. Harper a été l'objet de critiques de l'opposition à cause de son absence aux cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques, qui auront lieu vendredi. Le député libéral Bob Rae a affirmé que le Canada allait en payer le prix.

M. Charest, qui est actuellement en Chine pour participer à la Conférence des chefs de gouvernement des régions partenaires, a conclu mercredi une entente pour développer les échanges entre le Québec et la province chinoise du Shandong, au sud de Pékin.

Samedi, dans la capitale chinoise, il doit participer à un événement de l'Organisation internationale de la francophonie dans le cadre des Jeux olympiques.

La ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, représentera quant à elle le gouvernement québécois lors des cérémonies d'ouverture des épreuves olympiques de voile, qui se tiennent à partir de vendredi dans la province du Shandong.

M. Charest reviendra en Chine en novembre à l'occasion d'une mission du Conseil de la fédération qui réunira cinq provinces comptant pour 80 pour cent de la population canadienne.

Mercredi, M. Charest n'a pas voulu dire si l'absence de M. Harper à Pékin cette semaine allait nuire au Canada, affirmant que le premier ministre fédéral était le seul à pouvoir répondre à cette question.

«Je peux vous dire de mon côté que, le gouvernement du Québec, on mène notre politique internationale en tenant compte des intérêts du Québec», a-t-il dit.

Après avoir paraphé l'entente conclue avec le Shandong, M. Charest a affirmé qu'il souhaitait faire de cette province un point d'ancrage du Québec, qui compte déjà deux représentations dans la capitale chinoise ainsi qu'à Shanghai.

L'entente avec la deuxième province la plus peuplée de Chine vise notamment à développer les échanges dans les secteurs de l'économie, des sciences et de la technologie ainsi que dans l'éducation.

Par ailleurs, M. Charest a indiqué qu'il n'a pas l'intention d'aborder la question des droits de la personne en Chine dans le cadre de ses relations directes avec les représentants du Shandong. Il réserve ses interventions pour les représentants du gouvernement central chinois.

«C'est un État très centralisé, la Chine, et c'est eux qui décident de ces politiques là et qui les mettent en oeuvre et c'est à ce niveau qu'on soulève ces questions.»

M. Charest a affirmé qu'il avait abordé le sujet avec l'ambassadeur de Chine au Canada lors du dernier Conseil de la fédération, le mois dernier.

Selon un récent rapport d'Amnistie internationale, les autorités chinoises continuent de persécuter et sanctionner ceux qui font entendre leur voix en faveur des droits de la personne. L'organisation a enjoint les dirigeants du monde assistant aux Jeux olympiques à se prononcer publiquement en faveur des droits humains en Chine.

Mercredi, la directrice du bureau des affaires étrangères du gouvernement du Shandong, Zhang Weiling, a nié les conclusions du rapport. «Ma compréhension, c'est que le contenu du rapport ne correspond pas à la réalité», a-t-elle dit lors d'une entrevue.

Selon elle, l'organisation n'est pas mal intentionnée mais seulement mal informée.

Mme Weiling a soutenu que le gouvernement chinois reconnaît le pluralisme comme instrument de progrès social et que les changements en cette matière s'effectuaient de manière progressive afin de préserver la stabilité du pays.

«Nous avons de grandes disparités régionales», a-t-elle dit.

Les travaux relatifs à la Conférence des chefs de gouvernement régions partenaires ont commencé à Jinan mardi et doivent se terminer jeudi.