Ce ne sont pas toujours les Expedia, Cheaptickets et autres sites de voyages dans l'internet qui proposent les meilleurs prix: les agences de voyages traditionnelles sont souvent en mesure d'offrir des tarifs plus bas pour des forfaits ou des billets d'avion.  

Mais comment effectuer une recherche rapide dans le dédale du réseau d'agences québécoises, qui compte plus de 800 détenteurs de permis?  

Depuis la mi-mai, une entreprise d'Outremont, Forgestik, propose une solution originale: le magasinage par courriels par le biais du site voyageparcourriel.com.

 

«Nous avons commencé, en 2007, avec un site destiné aux gens qui veulent acheter une voiture et qui n'ont pas le temps de faire le tour des 15 ou 20 concessionnaires représentant la marque qui les intéresse dans leur région, explique Denis Jutras, directeur du développement de Forgestik. Si un consommateur de Montréal est intéressé par une Toyota, nous envoyons ses coordonnées aux 34 concessionnaires Toyota de la région de Montréal, en demandant qu'ils leur soumettent leur meilleur prix pour le modèle indiqué.»

 

Après l'automobile, Forgestik s'est attaqué à l'immobilier et au secteur hypothécaire, avec les sites maisonparcourriel.com et hypothequeparcourriel.com. Le consommateur intéressé indique quel type de propriété il recherche et dans quel secteur. Forgestik envoie sa demande à plusieurs agents immobiliers ou maisons de courtage du secteur en question. À eux de lui soumettre des propositions.

 

Pour les hypothèques, l'entreprise envoie les requêtes à des succursales bancaires et des courtiers en hypothèques. «Actuellement, nous traitons tous les mois 800 demandes d'hypothèques pour une somme moyenne de 166 000 $, ce qui représente un volume de 132 millions, assure Denis Jutras. Nous avons donc pensé qu'il était temps de nous attaquer à un des secteurs qui génèrent le plus d'activité sur le web: le voyage.»

 

Selon M. Jutras, le site Voyageparcourriel.com devrait permettre aux agences de voyages de regagner des parts de marché perdues aux mains d'agences internet comme Expedia, Travelocity ou Voyagesarabais.com. «Huit consommateurs sur 10 magasinent sur le web et la moitié achètent en ligne sans parler à un agent», souligne-t-il.

 

«Pourtant, la petite agence traditionnelle est souvent en mesure d'offrir des prix similaires, voire meilleurs, que ceux des agences internet. Avec Voyageparcourriel, nous envoyons une requête à plusieurs agences situées dans un rayon variant de cinq à 50 kilomètres du domicile du consommateur, et les conseillers intéressés lui font une proposition ou l'appellent pour lui offrir une option.»

 

La démarche est simple. Le consommateur n'a qu'à remplir un bref formulaire en ligne. Sur le menu déroulant, il choisit la destination, la date et l'hôtel ou la catégorie d'établissement qui l'intéressent, et il indique son adresse courriel ainsi que son numéro de téléphone. Le service est gratuit pour les consommateurs.

 

Forgestik estime que lorsque les agences sollicitées s'apercevront que ce nouveau service leur amène des clients, elles seront prêtes à payer pour s'y abonner, comme c'est le cas dans les autres secteurs où l'entreprise est active. Selon Denis Jutras, dans les secteurs de l'assurance et de l'hypothèque, entre 5 et 15 % des demandes débouchent sur une vente. Il croit que le nouveau site de voyages donnera des résultats similaires. Actuellement, Voyageparcourriel dispose des adresses de courriel de 234 agences.

 

Forgestik a dépensé plusieurs milliers de dollars pour référencer le site Voyageparcourriel sur Google, Yahoo, MSN, Branchez-vous et la Toile du Québec (c'est-à-dire lui assurer une des positions de tête sur la liste de résultats d'une recherche).

 

«Actuellement, nous recevons une vingtaine de demandes de consommateurs par jour. Nous visons 1000 demandes par mois, d'ici un mois. Aujourd'hui, les agences qui veulent se positionner sur l'internet consacrent des fortunes au référencement, dit-il. Je crois que les sites comme les nôtres constituent la nouvelle vague en matière de publicité sur le net, car le retour sur investissement est facile à calculer.»

 

Mais tous les agents de voyages ne voient pas le nouveau service d'un bon oeil. Certains assimilent les requêtes à des pourriels. D'autres craignent qu'il ne génère un surcroît de travail qui ne débouchera sur aucun résultat et ils l'ont fait savoir à Denis Jutras. Ce dernier réplique : «Lorsqu'il reçoit une requête, l'agent de voyages doit faire son travail de conseiller. Si la demande porte sur tel hôtel quatre étoiles à Holguin, par exemple, rien n'empêche le conseiller de rappeler le client et de lui proposer également un quatre étoiles et demie mieux situé et où la nourriture est meilleure.»