Ancien territoire de chasse de Jack l'Éventreur, le quartier londonien de Whitechapel a longtemps été synonyme de misère et de prostitution. Aujourd'hui, les femmes en tchador y côtoient les DJ les plus en vogue, le poulet frit est halal et les murs, couverts de graffitis. Et dans les rues, ça sent le curry et la marijuana.

L'exercice vaut la peine d'être fait. Commencez votre itinéraire dans la cité, le district financier de Londres, où courtiers en complets et jeunes professionnels bien vêtus enfilent les pintes à même le trottoir. Puis engouffrez-vous dans le métro pour émerger à Whitechapel, à peine quelques stations plus loin. Le voyage de quelques minutes vous aura transporté sur une autre planète.

Sur Whitechapel High Street, la principale artère de l'East End londonien, les marchands installés sur le trottoir vendent autant des fruits exotiques et des tissus africains que des sandales et des babioles en plastique. S'il n'y avait pas autant de visages noirs et est-asiatiques, on se croirait débarqué au Bangladesh.

Une fois dans l'East London Mosque, la clameur de la rue s'estompe pour faire place au silence. Déchaussez-vous et fouinez un peu: votre air de touriste risque de se faire remarquer et on viendra vous souhaitez la bienvenue de manière fort chaleureuse. Nous n'avons pu faire autrement qu'en ressortir les bras pleins de brochures sur l'islam, Dieu et Mahomet.

Repas bengali, visite de galeries d'art, chasse aux graffitis: la visite de ce quartier, savoureux mélange d'immigrants et de marginaux, peut se poursuivre de plusieurs façons. Si vous optez pour les graffitis, demandez aux locaux de vous diriger vers les oeuvres de Banksy. Ce fameux graffitiste sévit notamment ici avec ses oeuvres spectaculaires et irrévérencieuses; certaines travaux se sont déjà vendus pour plusieurs centaines de milliers de dollars.



Art, cloches et Jack l'Éventreur


Du côté des galeries d'art, la plus célèbre est sans conteste la Whitechapel Art Gallery, dont la renommée est internationale. Malheureusement, le bâtiment principal est en rénovation jusqu'au printemps prochain et l'offre, plutôt limitée. Déménagée dans deux petits bâtiments, on peut toutefois y visionner gratuitement des films expérimentaux.

Il faut aussi jeter un oeil à la Whitechapel Bell Foundry, une fabrique de cloches d'où est sortie la fameuse Liberty Bell de Philadelphie ainsi que les cloches du Big Ben et de la cathédrale Saint-Paul, de Londres. Sinon, l'intérêt est de flâner et de s'imprégner de l'atmosphère. Sur Brick Lane, on traverse d'abord une succession de restos bengalis et d'épiceries exotiques avant de découvrir les friperies, les cafés et les bars déjantés.

Le soir, on se joint aux touristes qui arpentent le quartier en groupe pour se faire raconter, par des guides exercés, les horreurs perpétrées ici par Jack l'Éventreur en 1888.

On se laisse prendre par cette fascinante histoire de meurtres non résolus, mais aussi par les détails historiques qui permettent de comprendre les effroyables conditions de vie qui régnaient ici il y a à peine plus d'un siècle.

Une fois le tour terminé, ne repartez pas! Profitez de l'occasion pour descendre une pinte dans l'un des bars bigarrés du coin.

À certains endroits, vous trouverez la faune locale assise directement sur l'asphalte, trinquant bruyamment pendant que des DJ experts s'occupent de leur remplir les oreilles de rythmes nouveaux et qu'on cuisine burgers et saucisses sur d'immenses grills en plein air.