La matinée, consacrée au sport, avait été intense. Le trajet, pour se rendre au village des Clefs, dans la chaîne des Aravis, l'était tout autant.

Sur une étroite route en lacets, le car grimpait lentement, laissant derrière lui le village de Manigod où, en ce dimanche de première communion, nous avions traversé un des rares embouteillages annuels.À chaque détour, le paysage changeait, toujours plus saisissant avec ses sommets touffus et rocheux parsemés de maisonnettes de bois.

Au bout de la route, tout en haut, entourée de champs, une bâtisse de bois avec un toit bien pentu. Un resto tout simple posé dans cet écrin montagneux. L'auberge de Planbois. Altitude : plus de 1300 mètres. Brigitte et Jean-Luc Benoit, les patrons, nous attendaient.

Madame est aux fourneaux, monsieur à l'accueil et au service. Brigitte, on m'avait averti, est un peu rêche. Toutes mes tentatives d'aller visiter les cuisines se sont butées à un non catégorique. Mais au fond, c'est un vernis, bien mince, sous lequel se révèle quelqu'un qui aime bien recevoir. Et nous avons été bien reçus !

À la table, tradition savoyarde oblige, hommes et femmes ont été assis les uns en face des autres. Autour de nous, sur les murs et les tablettes, des objets du terroir. Sous nos assiettes, des napperons de papier, imprimés d'une aquarelle représentant la région. Des verres très simples. Les bouteilles, blanc et rouge de Savoie, sont arrivées. Puis les plats. Ô joie !

Du jambon de Savoie, bien fumé et salé, goûteux. Une tomme blanche à la texture juste assez ferme pour ne pas être crémeuse, que nous avons saupoudrée de gros sel et de poivre.

Et puis sont arrivés les beignets de pommes de terre, la spécialité de la patronne. Chauds, croquants avec des épices qui font exploser les goûts en bouche. Nous avons longuement disserté sur la recette. Jusqu'à ce que Brigitte nous la refile - pour cette fois - sans se faire prier : pommes de terre râpées, une base de farine, sel, poivre, ail, oeuf.

Personne ne voulait s'arrêter. «Celui-là me fait du pied», m'a lancé mon voisin de table à propos du dernier morceau de pomme de terre reposant dans le plat.

Photo: André Duchesne

Les beignets de pommes de terre sont la spécialité de la maison; ils sont faits de pommes de terre râpées, d'une base de farine, de sel, de poivre, d'ail et d'oeuf.

Nous avons longuement traîné à table. La conversation s'est prolongée autour de la tomme, du gruyère de Savoie et du reblochon, spécialité locale. Les desserts : des parts de tarte aux pommes ou à la rhubarbe bien croustillantes et parfumées. Les cafés ont été servis dans de jolies tasses et assiettes aux couleurs mélangées.Après le repas, pour nous faire plaisir, la patronne nous a amenés dans les bois près de l'auberge, voir des sabots de Vénus, une plante si rare que sa cueillette est strictement interdite. Il fallait déjà repartir, quitter ce décor de rêve. Alors que notre car redescendait vers la vallée, je me suis longuement demandé ce qui avait fait de ce repas un moment si mémorable. La cuisine ? L'ambiance bon enfant ? L'air pur ? Les sabots de Vénus ? J'ai finalement compris qu'à 1300 mètres d'altitude, nous étions tout simplement plus près du paradis.

L'auberge de Planbois est ouverte toute l'année mais selon un horaire irrégulier. Il vaut mieux réserver avant de s'y rendre. Au téléphone : 04-50-44-92-15.

Photo: André Duchesne, La Presse

La façade de l'auberge Planbois