Un souper de style kaiseki d'une dizaine de services, mariant ingrédients japonais et produits de l'archipel? C'est le festin étonnant que propose le chef Takanori Serikawa dans son auberge des Îles-de-la-Madeleine. Découverte.

Taka, comme tout le monde l'appelle ici, offre une expérience unique aux Îles. Seule certitude: le repas sera une surprise de bout en bout. Le propriétaire de l'auberge Capitaine Gédéon ne reçoit qu'une tablée par soir avec un menu unique, ciselé en fonction des arrivages et de son inspiration. Il faut former un groupe d'au moins six personnes, réserver quelques jours d'avance et apporter son vin. Mais une fois assis dans l'élégante salle à manger décorée des toiles du chef, également artiste peintre, vous n'avez plus à vous occuper de rien, sinon de ménager votre appétit. Il vous en faudra pour apprécier l'expérience jusqu'au bout: les plats sont préparés avec tant de soin qu'il est difficile d'en laisser.

Pour vous donner une idée, notre premier service était en fait un assortiment de trois entrées. Du crabe des neiges garni de lamelles de concombre au vinaigre de riz. Une salade d'algues japonaises et de fines tranches d'aburage (tofu frit). Et des haricots verts enroulés dans une délicate omelette posée sur une sauce au miso.

Ensuite, nous avons notamment eu droit à des sushis nigiris d'une fraîcheur impeccable, à un chawanmushi (sorte de flanc chaud salé truffé d'ingrédients-surprises qu'on découvre à chaque bouchée), ainsi qu'à un filet d'éperlan fraîchement pêché, frit dans une tempura légère et garni de persil de mer. Les plats se succèdent ainsi, préparés selon des techniques culinaires tantôt japonaises, tantôt françaises, toujours présentés avec un grand raffinement.

Et si vous pensez que vous n'aimez pas le phoque, c'est que vous n'avez pas goûté au filet de Taka. Saisi à la perfection, c'est un régal délicat exempt de cet arrière-goût de foie si caractéristique du loup-marin. Le secret n'est pas tant dans la marinade que dans l'étape précédente. «C'est une viande qui contient beaucoup de sang», explique le chef. Avant de la faire mariner, il l'enveloppe donc de papier absorbant qu'il changera à quelques reprises pendant 24 heures, afin de délester la chair d'une partie de son sang.

Artiste peintre, Takanori Serikawa a débarqué aux Îles il y a huit ans avec ses pinceaux et ses couteaux. Il avait auparavant travaillé à Paris, à Montréal et en Estrie, mais la cuisine n'a jamais été bien loin. «Un artiste doit être gourmet et gourmand, ça fait partie de l'éducation au Japon», dit-il.

Originaire de Kamakura, une ville en bord de mer à une cinquantaine de kilomètres de Tokyo, il a été conquis par les Îles. Après avoir exposé ses toiles à Paris, New York, Montréal et dans plusieurs villes nippones, il présentera son travail ici pour la première fois cet été, au Musée de la mer, de la mi-juin à la mi-septembre. Son auberge, d'habitude ouverte toute l'année, a été exceptionnellement fermée ce printemps, afin de lui permettre de se concentrer sur sa peinture. Elle rouvre le 20 juin.

Capitaine Gédéon

Menu fixe à 90$ par personne, service en sus. Mentionner les allergies alimentaires au moment de la réservation. Formule apportez votre vin - si vous l'achetez à la SAQ des Îles, dites que vous soupez chez Taka, ils pourront vous conseiller. Réservations: 418-986-5341 ou capitainegedeon@tlb.sympatico.ca