Épreuves d'agilité à la scie mécanique, de lancer de la hache ou encore de course sur un billot de bois flottant... L'événement est on ne peut plus traditionnel ! Tous les ans, des athlètes de partout convergent vers la Colombie-Britannique pour participer aux différentes compétitions de sports de bûcherons. Celle de Squamish est la plus ancienne du circuit.

Deux garçons se tiennent debout sur un long billot de bois au milieu d'un bassin d'eau. Dès qu'ils lâchent le manche qui les aide à garder leur équilibre, la loi de la physique fait son oeuvre et le billot se met à rouler à toute vitesse sous leurs pieds. Le but de l'épreuve de la bûche roulante (birling ou log rolling) est de rester sur le billot le plus longtemps possible.

La foule encourage les participants et s'exclame chaque fois qu'un compétiteur tombe à l'eau - ce qui est inévitable. Quand Chase Pouchnik, 11 ans, remporte la finale de la catégorie des novices, il court vers ses parents qui lui tendent une serviette. Le garçon de l'Idaho représente fièrement la troisième génération de sa famille au Loggers Sports Festival de Squamish ; c'est même ici que ses parents se sont rencontrés.

« À la maison, nous avons un bassin dans la cour arrière et il s'entraîne ; comme toute la famille, en fait, raconte sa mère Brenda. Je suis originaire de Vancouver et je participe aux compétitions depuis que je suis enfant. »

Le passe-temps des bûcherons

Le Logger Sports Festival de Squamish a vu le jour en 1957 quand la petite communauté vivant de l'industrie forestière a eu besoin de faire une campagne de financement pour acheter une ambulance. L'idée est venue aux Chevaliers de Colomb de demander aux bûcherons de la ville de s'offrir en spectacle en courant sur des billots de bois devant la foule. Dans les années 60, les sports de bûcherons se sont répandus et plusieurs autres événements semblables ont vu le jour à la grandeur de la province. Soixante et un ans plus tard, la compétition de Squamish propose 14 épreuves différentes, accueille plus de 150 participants et attire chaque année le premier week-end d'août quelques milliers de spectateurs dans la municipalité de 20 000 âmes.

« Ce qui est unique, c'est que je ne connais aucun autre sport de compétition dont toutes les épreuves sont issues d'habitudes réelles. »

- Amy Fast, présidente du comité d'organisation de l'événement

« Par exemple, le lancer de la hache vient du fait que les bûcherons, pour économiser de l'énergie, lançaient leur hache sur le prochain arbre à abattre, explique la présidente. Ils devaient être précis et ne pas manquer leur cible pour ne pas que leur hache tombe dans la boue ! »

Des 14 épreuves, la plus impressionnante est certainement celle de grimpe, quand les participants doivent monter au sommet d'un tronc de 80 pi, sonner une cloche et redescendre le plus rapidement possible. Munis de crampons et d'une courroie qui entoure le rondin, ils s'élancent tels des primates à la vitesse de l'éclair. Les compétiteurs de la catégorie Open s'exécutent en une quinzaine de secondes.

Un patrimoine à honorer

À travers la voix du commentateur déchaîné et le vrombissement des scies mécaniques, la présidente est sollicitée de toutes parts et tente de répondre aux bénévoles, aux participants, aux familles... L'un d'eux lui demande à quelle heure aura lieu l'Open Climb World Championship, un autre lui apporte une canette de WD40.

« Ça, c'est pour lubrifier les scies, dit-elle en riant. On se modernise un peu quand même depuis 60 ans ! Mais ce qui est fabuleux, c'est que même si l'événement a évolué et que les participants ne sont plus nécessairement des bûcherons, nous faisons honneur au patrimoine forestier de Squamish et nous le gardons bien vivant. »

Plus de 400 bénévoles font le succès du festival. Parmi eux, Eric Andersen, 58 ans, qui y assiste depuis « aussi longtemps qu'il se souvienne ». Dans les gradins avec son t-shirt officiel indiquant qu'il veille à la sécurité du site, Eric salue un autre bénévole, un homme aux cheveux blancs et aux épaules voûtées qui prépare l'épreuve à venir sur le terrain.

« Lui, il est bénévole depuis le jour 1. On en a beaucoup comme ça. En fait, c'est ce qui fait que de toutes les compétitions comme celle-ci, nous sommes l'une des rares sinon la seule à n'avoir annulé aucune édition, parce que les bénévoles sont là année après année et y mettent tout leur coeur. »

- Eric Andersen, bénévole

Alors que les prochains grimpeurs attachent leurs crampons pour s'élancer à 80 pi dans les airs, la Chokerman's Race bat son plein. Cette course allie équilibre, force et rapidité. Les coureurs doivent transporter un câble de 75 lb servant normalement à traîner le bois (rigging choker), traverser l'étang sur un billot, enjamber d'immenses souches, aller fixer le câble sur un billot et revenir.

« Si j'avais une épreuve à faire, ce serait celle-là. Un jour ! Un jour je le ferai, dit Eric Andersen avec amusement, entre deux encouragements aux coureurs qui passent près de lui. Je me suis déjà exercé chez un ami qui a un bassin d'entraînement dans sa cour... comme à peu près tout le monde ici ! »

PHOTO Audrey Ruel-Manseau, LA PRESSE

Tous les ans, des athlètes de partout en Amérique du Nord, de l'Australie et de certains pays européens convergent vers la Colombie-Britannique pour participer aux différentes compétitions de sports de bûcherons. Celle de Squamish - ville forestière située entre Vancouver et Whistler - est la plus ancienne du circuit.