Entre Ormstown et Howick, le cours de la Châteauguay est paisible et il en a probablement été ainsi depuis des millénaires. Sauf... le 26 octobre 1813!

Les Américains, qui avaient secoué le joug britannique 37 ans plus tôt, ont voulu «libérer» toute l'Amérique du Nord de l'emprise coloniale et annexer aux jeunes États-Unis le Haut et le Bas-Canada. La guerre a éclaté en 1812.

En octobre, un corps expéditionnaire américain de 2000 hommes commandé par le major général Wade Hampton a lancé une offensive vers Montréal pour couper les lignes de ravitaillement du Haut-Canada - en gros, l'Ontario actuel - où se livraient les combats. Les Britanniques n'ont trouvé que 300 hommes pour s'opposer à eux, pour la plupart des francophones. La moitié étaient des paysans de la région, engagés volontaires dans le corps des Voltigeurs. La troupe était commandée par le lieutenant-colonel Charles-Michel de Salaberry, fils de bourgeois francophones de Beauport, près de Québec, qui faisait carrière dans l'armée britannique.

De Salaberry n'avait d'autres ressources que celles du terrain. Il a profité de toutes les dépressions naturelles et de tous les monticules des berges de la Châteauguay pour élaborer, sur une quinzaine de kilomètres, une ligne de défense au long de laquelle il a déployé ses maigres troupes.

Arriva ce que l'on sait. Les Américains, qui ont perdu une cinquantaine d'hommes au combat, se sont retirés, emportant avec eux une centaine de blessés. Les Canadiens, dont les pertes se limitaient à quatre morts et huit blessés, sont restés maîtres du champ de bataille. Salaberry est devenu un héros, décoré et anobli. On a donné son nom à la ville voisine - Salaberry-de-Valleyfield - et sa statue est encastrée dans la façade du Parlement de Québec.

Un siècle et demi plus tard, il n'y avait plus rien à voir sur le site de l'ancien champ de la désormais célèbre bataille de la Châteauguay. Des archéologues ont déterré reliques, ouvrages de défense, fusils et accessoires abandonnés par les troupes américaines en déroute. En 1978, l'endroit a été intronisé officiellement «Lieu historique national du Canada», par Parcs Canada qui a fait construire un centre d'interprétation à Allen's Corner. Cartes, dessins, mannequins en uniformes, armes et autres objets de l'arsenal militaire de l'époque évoquent la bataille, la vie militaire et la carrière du héros Salaberry.

Le centre est ouvert quotidiennement en été et les fins de semaine entre la fête du Travail et l'Action de grâce. Parcs Canada a élaboré un «archéo-tours», un circuit à vélo le long de la ligne de défense. Munis d'une trousse comportant un plan et des feuillets d'explications, les cyclistes parcourent une quinzaine de kilomètres le long desquels ils effectuent cinq arrêts dans des endroits comme la ferme Baker, où les Britanniques avaient établi leur quartier général. (www.pc.gc.ca/chateauguay).

Repères

La vallée de la Châteauguay est une sous-région du Suroît, dans la partie ouest de la Montérégie. La plus belle - et la plus paisible - est comprise entre la frontière américaine et Ormstown, à 60 kilomètres du centre-ville de Montréal (comptez 45 minutes du pont Mercier). En été, on peut rejoindre la vallée en vélo, grâce à la navette fluviale du nouveau Parcours de l'Éclusier, qui permet de traverser le fleuve quatre fois par jour entre Lachine et Châteauguay, du 21 juin au 1er septembre. Un tronçon balisé relie Châteauguay à Sainte-Martine, village situé à 20 kilomètres d'Ormstown. La petite route qui longe la rivière passe par le Lieu historique national de la Bataille-de-la-Châteauguay.

Parcours cyclables

Le réseau cyclable de la région du Suroît, dont la vallée de la Châteauguay, comprend plus de 120 kilomètres de pistes, dont 100 sont asphaltés, et six circuits sur route (voir les tracés sur le site www.velo.balades.ca). Deux d'entre eux traversent la vallée de la Châteauguay. Ce sont le circuit de la Vallée (79 km), classé facile, et le circuit de la Covey Hill (69 km), classé difficile sur une partie de son parcours qui longe la frontière américaine.

Le circuit du Paysan

Lancé il y a une dizaine d'années, ce circuit agro-touristique de 250 kilomètres déploie son tracé entre une soixantaine de producteurs du terroir. Parmi eux, des pomiculteurs et des cidreries, mais aussi une lavanderaie, des fromageries, du... patrimoine etc. (www.circuitdupaysan.com).

En kayak sur la Châteauguay

À Huntingdon, l'entreprise Kayak Safari (www.kayaksafari.ca) propose des sorties d'une demi-journée ou d'une journée en kayak au fil du courant sur la Châteauguay. Des quatre parcours suggérés sur la Châteauguay et son affluent, la Trout River, le plus populaire est celui qui va de Huntingdon au charmant hameau de Dewittville, huit kilomètres en aval. Des points d'accostage sont aménagés pour les pique-niques et si les kayaks, simples ou doubles, sont loués pour quatre heures au tarif de 25 $ (15 $ pour les ados et gratuit pour les enfants qui embarquent dans un tandem avec un parent), les trajets se pagaient facilement en moins de deux heures. On peut amener son propre kayak et l'entreprise demande alors 12 $ pour rapporter l'embarcation au point de départ.

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Pour plus d'informations: Tourisme Suroît au www.tourisme-suroit.qc.ca.