Il y a 30 ans, Armanou-Mahtar M'Bow, alors directeur général de l'UNESCO, a déclaré solennellement le mont Saint-Hilaire «partie intégrante du réseau international des Réserves de la Biosphère». La colline montérégienne est devenue le premier site canadien désigné comme tel.

Jusque-là, sa forêt était restée quasiment intacte, depuis qu'un certain Jean-Baptiste Hertel en était devenu le premier propriétaire à la toute fin du XVIIe siècle. De génération en génération, d'une famille à l'autre, elle est passée de main en main pour finalement être léguée en 1958 à l'Université McGill par Andrew Hamilton Gault.

Depuis, le site a évolué quelque peu. Mais en foulant les sentiers de la montagne, vous traverserez la même forêt que Samuel de Champlain a contemplée en naviguant sur la rivière Richelieu en 1609. Une forêt à la faune et à la flore exceptionnelles, mis en exergue par le sentier Découverte qui débute juste après le pavillon des visiteurs. Le temps d'une heure et demie, guide en main, la balade dévoile et explique les richesses de la forêt. Du «pré», ancien verger recolonisé par la nature, à la «prucheraie» et au lac Hertel, en passant par la fonction vitale de l'eau, le rôle de l'arbre, ou encore le danger de l'érosion, l'entreprise de sensibilisation est réussie.

Sous nos pas, le sol regorge de minéraux qui permettent d'expliquer certaines des merveilles du mont Saint-Hilaire. C'est un des endroits au monde où l'on en recense le plus grand nombre - 293, dont 16 sont propres à la montagne.

Si la marche fait place à la raquette et au ski de fond l'hiver, la randonnée est évidemment l'activité phare des lieux. Arpenter le mont Saint-Hilaire sur ses 25 km de sentiers permettra aux plus chanceux de rencontrer ou de reconnaître quelques-unes des 42 espèces de mammifères, des 12 espèces d'amphibiens ou des 1000 espèces d'invertébrés qui y vivent.

Les accès aux quatre sommets ne présentent aucune difficulté. On peut même se permettre de sortir des sentiers battus en empruntant les raccourcis qui les relient. La meilleure balade est sans doute celle de Burned Hill à Rocky. Du haut de ses 400 mètres, le Pain de sucre, à l'ascension quelque peu abrupte dans sa partie finale, est le point de vue sur la vallée du Richelieu et sur Montréal le plus populaire. Néanmoins, Dieppe (à 381 mètres d'altitude) et, dans une moindre mesure, Rocky, sont nettement plus propices à l'observation d'oiseaux comme le faucon pèlerin ou l'urubu.

Lors de notre dernier passage, ce vautour de grande envergure planait au-dessus de nos têtes à l'heure du lunch. Étant à flanc de montagne, le refuge faunique de la falaise de Dieppe, où nidifie surtout en juillet le faucon pèlerin, est évidemment inaccessible. Les amateurs d'ornithologie ont pour habitude d'observer les oiseaux en contrebas, du côté de la rue Radisson. Classé refuge d'oiseaux migrateurs depuis 1960, on comprendra que le mont Saint-Hilaire est un lieu où l'on ne se sent pas seul...

50 ans de protection

Cette richesse et cette tranquillité sont mises en valeur tous les jours de l'année par le Centre de la nature. Cette année, l'Université McGill célèbre 50 ans de protection et de conservation. Pour l'occasion, l'exposition extérieure Portraits d'une montagne remonte le temps, jusqu'à 200 ans, au fil de neuf stations et de 28 photographies des lieux qui ont marqué l'histoire de la montagne. Du départ des sentiers jusqu'au Pain de sucre. Une manière de combiner l'effort et l'apprentissage.

De la randonnée contée à l'automne aux célébrations de Noël au bord du lac Hertel, en passant par le concours saisonnier de photographie, les moyens de découvrir la beauté naturelle et l'intérêt culturel de cette parcelle de forêt et de roche sont aussi variés que nombreux.

De toutes les collines montérégiennes, le mont Saint-Hilaire est de loin la moins perturbée par l'activité humaine. Ses 170 000 visiteurs annuels doivent garder à l'esprit qu'on ne peut la parcourir que dans le respect de son environnement.

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