Comment s'emmitoufler avec style en hiver? Avec des écharpes édredons, des pantalons doudounes et des superpositions, répondent les défilés de mode masculine qui ont débuté mercredi à Paris par une météo glaciale.

La capitale française a pris le relais de Milan, avec cinquante défilés prévus jusqu'à dimanche, qui donneront le «la» des tendances de l'automne-hiver prochain.

Balenciaga au bureau

Pour sa deuxième collection homme chez Balenciaga, le créateur Demna Gvasalia a proposé une variation autour du costume de bureau. Le designer, également à la tête du label branché Vetement, apporte au vestiaire du businessman sa touche décalée et vintage.

Le costume se porte sur une chemise largement ouverte, d'épaisses chaussures de sport ou bottes de motard. Les manteaux droits sont très longs, légèrement trop grands, et ne s'embarrassent pas forcément de pantalon, optant parfois pour des chaussettes montant jusqu'aux cuisses.

La marque s'affiche sans complexes: le logo Balenciaga, mais aussi celui du groupe détenant la marque, Kering, qui s'imprime sur un sweat à capuche, sous les yeux de son PDG François-Henri Pinault, au premier rang du défilé. L'esprit friperie n'est jamais loin: un homme en costume croisé beige allié à une cravate rouge, semble tout droit sorti des années 1970-80.

Les blousons sont courts, serrés au-dessus de la taille, aux épaules marquées. L'homme s'emmitoufle dans des doudounes au dos bombé, noue une épaisse écharpe molletonnée autour du cou, ou superpose sweats et surchemises.

Facetasm multiple

Des superpositions également présentes chez la marque japonaise Facetasm, qui défilait aussi au premier jour de la Fashion Week homme.

Chez le créateur Hiromichi Ochiai, originaire de Tokyo, la silhouette est oversize, les vêtements s'accumulent pour une allure streetwear colorée et métissée, «chaotique mais sophistiquée». Sur l'une des silhouettes féminines présentées, la nuisette se superpose à une combinaison en doudoune noire.

Ces jeunes urbains, aux cheveux savamment emmêlés sur le front, ont des marques sur les joues, qui font penser de loin à de l'acné ou à des traces laissées par l'oreiller. Ils portent parfois un masque sur la bouche, pour se protéger de la pollution, ou d'un virus?

Le romantisme sombre d'Icosae

Marque française créée en 2014 par les frères Valentin et Florentin Glemarec, âgés de 21 et 22 ans, Icosae faisait ses débuts dans le programme officiel de la Fashion Week.

Sous des néons blafards défilent des hommes aux silhouettes sombres, chaussés de Dr Martens pour une allure punk. Les vestes noires sont ajustées et parsemées d'ornements, de boutons pression et de chiffres, ou du slogan «Color my life with the chaos of trouble», tiré de la comédie romantique de 2009 (500) Days of Summer.

Les deux frères, dont l'arrière-grand-père était tailleur en Bretagne, ont étudié le dessin et la peinture à l'École du Louvre, et font fabriquer tous leurs vêtements en France.

Y/Project: streetwear historique

Pour se couvrir la gorge, le créateur belge Glenn Martens, à la tête de Y/Project, a imaginé une écharpe semblable à celles des supporters de foot, mais à l'effigie de Josephine, Napoléon, Henri VIII...

«Il y a des liens entre certaines figures royales et les pop stars d'aujourd'hui. Henri VIII était le Kanye West de son époque», assure le styliste. Sa collection streetwear, teintée d'influences historiques, prend des formes ondulées, avec des pantalons tire-bouchonnés et des manches de veste qui se tordent en vagues successives.

Les gants géants de Van Bierendonck

Chez le Belge Walter Van Beirendonck, connu pour sa mode humoristique et colorée, on se protège les mains des frimas à l'aide de gants géants, qui donnent une allure cocasse à la silhouette. Les hommes portent des collants à imprimés de plumes, sous des manteaux-capes à la Sherlock Holmes. La tête se couvre d'un bonnet, d'une capuche ou d'un chapeau, et le visage disparaît derrière un foulard coloré qui ne laisse voir que les yeux.

Lemaire terrien

Lemaire, marque des créateurs Christophe Lemaire, ex-Hermès pour la mode féminine, et Sarah-Linh Tran, propose un vestiaire masculin tout en sobriété, dominé par le noir et les couleurs de terre.

Sous les manteaux de tweed aux coupes amples, les parkas enveloppantes et les vestes d'ouvrier superposées, des pulls rentrés dans les pantalons «feu au plancher», soulignant les souliers.