Est-ce que, comme moi, vous auriez, vous aussi, aimé adorer ce restaurant? Parce que l'aménagement de 425 °F, à Sainte-Thérèse, cette ancienne Cage aux Sports devenue élégante comme une belle brasserie juste assez moderne, est spectaculaire.

Parce que l'idée de combiner restaurant, bar et épicerie est bonne et que celle d'investir dans la qualité dans un secteur excentré, carrément excellente.

Parce que le service, même s'il n'est pas hautement professionnel, est certainement hautement sympathique.

Bref, j'aurais aimé pouvoir vous dire d'y courir demain matin.

Mais vous affirmer que tout était délicieux le soir où j'y suis passée, à la hauteur des attentes créées par l'espace, par les descriptions du menu, par toutes les communications qui ont entouré l'ouverture du commerce en novembre dernier, ne sera pas possible cette fois-ci.

Je dis cette fois-ci, parce que je garde espoir que la cuisine se redresse, se précise.

Cette adresse a tellement de potentiel.

D'entrée de jeu, le 425 °F, dont l'aménagement a été conçu par Zébulon Perron - qui, de l'Iberica à l'Un Po di Piu en passant par l'Impasto, Parvis et Hof Kelsten, est ni plus ni moins en train de définir l'esthétique commerciale montréalaise de notre époque, comme le firent jadis les designers Luc Laporte (L'Express) ou Jean-Pierre Viau (Toqué!) -, impose une présence imposante, incontournable. «Avec ses terrasses intérieures et extérieures, ses salles VIP, la section bar et l'aire ouverte, le 425 °F a une capacité de 400 personnes et compte près de 10 000 pi2», expliquait le communiqué de presse diffusé à l'ouverture.

C'est immense. Et c'est agréable.

Il y a des plantes suspendues au plafond. Du carrelage multicolore, classique sans être cliché, qui fait penser à ceux des cafés italiens ou des brasseries parisiennes.

Au centre, un immense cellier vitré s'impose sur deux étages, bardé d'une galerie de métal comme si on était au centre d'une aire industrielle. L'aménagement du 425 °F propose toutes sortes d'ambiances. On s'y installe au bar comme si on était dans un troquet de quartier. On s'y enfonce dans une banquette comme dans un restaurant bourgeois, confortable.

C'est dans l'assiette et dans les verres qu'il reste encore à faire.

Parce que même si le repas avait très bien commencé avec un gravlax de truite saumonée juste assez salé et sucré, juste assez fondant, servi avec du caviar de mulet espagnol - appelé caviar de mujol - et la fraîcheur d'une crème doucement soufflée, d'une purée de betteraves légèrement acide et de rondelles de radis craquantes, la suite fut moins heureuse. Un risotto à la courge et aux pétoncles trop dense, pas assez liquide, où les morceaux de coquillage se perdaient dans une préparation sans délicatesse. Du lait de coco? Du cari rouge? Quelque part entre la Thaïlande et l'Italie, la précision culinaire qui permet de mettre en valeur les ingrédients s'est perdue.

Des ailes de canard «Buffalo»? On les promettait au bleu. On n'a pas trouvé le goût du fromage dans la sauce, autrement vraiment très relevée. Certes, la volaille était tendre, mais le croustillant de la peau semblait s'être envolé.

Et le paleron de boeuf braisé n'a pas su rattraper la situation. Très gras, le plat s'inspirait de thèmes latino-américains. Salsa de maïs et haricots noirs, purée de patates douces, chips de tortillas, chimichurri... Inélégant est le mot qui vient à l'esprit. Costaud, sans précision. À retravailler. Tout comme le plateau de desserts. Entre les framboises de janvier et le gâteau chiffon, seule la tartelette au citron bien acidulée et parfumée, avec sa pâte croquante et sa meringue sous forme craquante, s'y distinguait avec panache. Et veut-on encore, en 2019, des desserts déposés un peu pêle-mêle sur une planche de bois? Pas moi, en tout cas.

Notre verdict

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Un plat du 425 °F

On mange: Entrées entre 10 $ et 19 $, plats entre 18 $ et 33 $, desserts 9 $.

On boit: Surtout des importations privées à prix très variés. La liste de vins au verre inclut quelques crus un peu plus chers que les autres, servis avec un appareil Enomatic qui permet de conserver la qualité des bouteilles ouvertes pendant plusieurs jours. Malheureusement, aucun coup de coeur dans tout ce qu'on nous a proposé.

On voit: Une déco spectaculaire signée Zébulon Perron. L'espace est immense et combine autant la fraîcheur de plantes vertes suspendues que l'élégance classique du bois, du métal, du carrelage... Il y a une terrasse pour les beaux jours, une salle privée, un bar, bref, plusieurs espaces à l'intérieur d'un seul lieu.

On se sent: Accueillis avec le sourire dans un lieu au niveau de bruit élevé, mais pas aussi extrême que certaines brasseries urbaines.

On aime: L'espace, les efforts investis dans un quartier excentré.

On aime moins: La carte des vins pas trop chers et le manque de précision en cuisine.

On y retourne? Pas tout de suite.

425 °F. 100, place Fabien-Drapeau, Sainte-Thérèse. 450 951-9551. 425f.ca

Photo Marco Campanozzi, La Presse

L'aménagement a été conçu par Zébulon Perron - qui est ni plus ni moins en train de définir l'esthétique commerciale montréalaise de notre époque.