L'intérêt des enfants pour les fourneaux est grand: 80 % aimeraient cuisiner davantage avec leurs parents, selon l'étude Tout le monde à table, parue en 2011. Pourquoi ne pas profiter de l'été pour inscrire les jeunes à un camp de cuisine? Voici différentes propositions où la crème nécessaire n'est pas solaire.

Former les enfants à l'ITHQ

Il y a quelques années, Nicole Anne Gagnon et sa famille avaient loué un chalet avec deux autres familles. «Quand je cuisinais, les ados étaient toujours avec moi», se rappelle la professeure à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ). Autour d'un verre de vin, le soir venu, les autres parents lui ont suggéré d'organiser un camp pour les jeunes à l'ITHQ. «Ce qui serait le fun, ont-ils ajouté, c'est que les enfants préparent le souper!»

Ce rêve de parent gourmand - ou fatigué - est devenu réalité en 2000 à l'ITHQ, avant de prendre fin six ans plus tard. Bonne nouvelle: les camps culinaires seront de retour l'été prochain dans cet établissement montréalais reconnu.

Le besoin de formation en cuisine est criant. «Plus de la moitié des enfants (56 %) disent ne pas cuisiner régulièrement avec leurs parents et, quand ils le font, les recettes sucrées sont à l'honneur, précise l'étude Tout le monde à table, publiée en 2011. Par conséquent, les jeunes sont exposés à un éventail de recettes et d'apprentissages culinaires limité.»

Les camps culinaires, comme celui de l'ITHQ, servent à leur montrer à cuisiner autre chose que des muffins et des biscuits.

«L'idée, c'est de leur apprendre les techniques de cuisine. Les recettes ne sont que des prétextes», explique Nicole Anne Gagnon, professeure à l'ITHQ.

Avec des recettes de pad thaï, de falafels et de poulet rôti à la portugaise, le camp offre de beaux prétextes.

Linguine al canaletto

Ces plats ont été testés avec des enfants lors de la semaine de relâche - La Presse est allée y faire un tour.

À 11 h 15, en ce mardi 6 mars, Mme Gagnon présente la recette prévue pour le dîner: linguine al canaletto. «Quand tu as faim, c'est un bon choix, parce que ça se fait vite», indique la chef aux 16 jeunes coiffés de toques rassemblés autour d'elle.

Après avoir mis l'eau à bouillir, Mme Gagnon donne un tuyau: il faut d'abord mettre tous les ingrédients devant soi parce que la recette se fait rapidement. Après avoir mis les pâtes à cuire, elle fait dorer le poulet à la poêle. «Qu'est-ce qui arrive si tu colores trop le poulet? demande-t-elle au groupe. Il va être sec. Trop, c'est comme pas assez, il faut s'en souvenir en cuisine.»

Adam Rayan Nefnaf, 12 ans, écoute avec attention. Pourquoi a-t-il voulu participer au camp? «Pour la qualité et l'intensité du travail, répond-il avec sérieux. Je veux m'améliorer en cuisine.» L'adolescent a préparé des rubans de carottes et de courgettes avec un économe, afin de les incorporer aux linguine.

À l'action

À 11 h 25, la démonstration finie, il est temps de passer à l'action. Par groupes de deux, les cuistots s'installent à leurs postes de travail, bien équipés. Alice Vyboh, l'assistante de la chef, passe d'une équipe à l'autre pour superviser l'exécution de la recette. Les adultes ne font qu'égoutter les pâtes, une étape jugée dangereuse puisque les casseroles sont grosses. Tout le reste est préparé par les jeunes, qui ont de 10 à 15 ans. Tant mieux, parce qu'ils devront cuisiner plus de 45 000 repas dans leur vie, à raison d'un dîner et d'un souper par jour, de 18 à 80 ans...

Le thème change chaque jour du camp: mets végétariens, italiens, cuisine du monde, pâtisserie et découvertes sont au menu. «J'ai préféré la journée pâtisserie, témoigne Yarno De Felice, qui cuisinait peu avant le camp. On a fait un gâteau forêt-noire, des tartelettes aux fruits et des barres tendres.»

Stratégie gagnante

Une fois les linguine prêts, les enfants s'installent pour savourer leur oeuvre. Tous ont des lanières de légumes dans leur assiette.

«C'est ma stratégie. S'ils ne veulent pas d'un aliment, je leur dis d'en mettre quand même dans leur assiette et de le tasser. Souvent, ils finissent par en manger», indique Nicole Anne Gagnon.

Le lunch des campeurs est donc fourni, comme le souper pour la maisonnée (quatre portions), qu'ils rapportent avec fierté tous les soirs. Cela justifie le prix épicé du camp: 550 $ par semaine, ou 440 $ pour les semaines du 26 juin et du 3 juillet, qui ne comptent que quatre jours en raison des fériés.

«C'est vraiment amusant comme camp, estime Léa-Kim Bergeron Germain, 11 ans. J'aime apprendre des techniques pour couper et cuire. Je pense que ça va me servir toute la vie...»

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Pendant sept semaines cet été, l'ITHQ offre un camp culinaire pour les jeunes de 10 à 15 ans dans ses locaux de la rue Saint-Denis, à Montréal.

Des camps pour tous les goûts

Des choix de camps de jour pour petits et grands marmitons, offerts dans différentes villes du Québec.

Pour les enfants et préados qui veulent aussi bouger

Camps: Petits chefs (de 4 à 6 ans), Culinaire (de 7 à 13 ans) et La fabrique sucrée (de 7 à 13 ans) de Sportmax

«Tous les jours, les enfants repartent avec ce qu'ils ont cuisiné dans des contenants de plastique», dit Olivier Houde, directeur des opérations de Sportmax.

Le +: Des activités sportives et récréatives sont aussi au programme, pour des journées équilibrées.

Tarif: 210 $ par semaine

Où: cégep Gérald-Godin à Montréal (Sainte-Geneviève), collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse, collège Montmorency à Laval, cégep de l'Outaouais à Gatineau et secteur Hull, cégep Saint-Laurent à Montréal (Saint-Laurent)

Pour les enfants qui veulent ouvrir un restaurant

Camp: Cuisine 101 (de 6 à 9 ans) du centre Père-Sablon

En matinée, «les enfants découvrent de nouveaux aliments, apprennent de nouvelles techniques, mais surtout cuisinent des plats savoureux sous la supervision et l'encadrement d'animateurs et d'animatrices spécialistes», indique Sophie Marcoux, conseillère en communications à L'Oeuvre du Père Sablon. En après-midi, des activités culturelles et sportives sont au menu.

Le +: Les parents sont invités au restaurant des campeurs, le vendredi à 11 h

Tarif: 199 $ par semaine

Où: centre Père-Sablon, à Montréal

Photo fournie par Sportmax

Un thème différent est proposé chaque semaine au camp culinaire Sportmax, si bien qu'un enfant peut le fréquenter plus d'une fois sans se répéter.

Pour les parents qui veulent un souper fourni

Camp: Culinaire (de 9 à 11 ans et de 12 à 16 ans) de Chef Thierry

«Les enfants passent une semaine avec nous, dit Thierry Deletrez, alias Chef Thierry. Ils cuisinent le repas du midi et un souper pour quatre personnes avec dessert et pain. Le niveau de ce qui est fait est assez élevé. La majorité des enfants sont débutants, mais leur capacité d'apprentissage est supérieure à celle des adultes.»

Le +: Les parents ont congé de cuisine pendant une semaine, puisque le souper est fourni.

Tarif: 535 $ par semaine

Où: École culinaire Chef Thierry, à Gatineau

Pour les ados fins cuistots

Camp: Culinaire (de 10 à 15 ans) de La Tablée des chefs

«Les jeunes ont accès à du super matériel, fait valoir Nathalie Pomerleau, directrice du volet économie sociale de La Tablée des chefs. Ce n'est pas un camp où on fait des pizzas sur pitas avant d'aller jouer dehors. Tous les jours, ils préparent leur dîner et une collation et le vendredi, ils font des bouchées pour les parents.»

Le +: Les profits des camps sont réinvestis dans des programmes de formation culinaire auprès des jeunes.

Tarif: 415 $ par semaine

Où: marché Jean-Talon à Montréal, marché 440 à Laval et siège social de Longueuil

Pour les ados qui veulent cuisiner de la terre à l'assiette

Camps: Aliment'Terre (de 10 à 12 ans) et Jeunes Foodies (de 13 à 15 ans) de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l'Université Laval

Ces camps se déroulent dans une cuisine, un jardin et un laboratoire de transformation alimentaire. Maniement des couteaux, initiation à l'alimentation sportive et préparation d'un minijardin dans un pot à emporter à la maison sont entre autres prévus.

Le +: Tous les participants ont l'occasion de cuisiner avec le chef Jean Soulard, qui a longtemps dirigé les cuisines du Château Frontenac.

Tarif: 340 $ (Aliment'Terre) et 365 $ (Jeunes Foodies) par semaine

Où: INAF, à Québec

Photo fournie par Chef Thierry

Au camp du Chef Thierry, les jeunes apprennent les bases de la cuisine de tous les jours, mais aussi la pâtisserie, la boulangerie, la chocolaterie, la cuisine internationale.