Quels produits, marques et commerces affectionnent les vrais Italiens? Carmella et Cathy Fuoco, alias les Soeurs Gourmandes, proposent un appétissant circuit culinaire à saveur italo-montréalaise. Buon appetito!

Carmella ne jure que par les pâtes courtes. Mais Cathy s'en tient aux spaghettis, fettuccinis ou linguines. L'aînée est une souveraine des fourneaux qui parle et chante à sa sauce napolitaine. Sa cadette est une extravertie qui transige avec les clients et gère la business. Elles s'appellent les Soeurs Gourmandes, et de leur papa calabrais, elles tiennent leur flair culinaire et leur bouffonnerie contagieuse. Elles nous ont entraînés dans une journée de décadence gustative.

«Ici, ils font des cannollis presque aussi bons que les miens. Et leur pizza aux tomates est la meilleure en ville», chuchote Carmella Fuoco, que nous rejoignons avec sa soeur Cathy, à la pâtisserie Tillemont, dans le Villeray natal des Soeurs Gourmandes. Immédiatement, les loquaces frangines se lancent dans un récit de leurs dimanches d'enfance passés dans ce commerce sicilien fondé en 1974, que gère désormais Joey D'Angelo, le fils du proprio venu d'Italie. Ce dernier nous propose de goûter à la dernière invention de la maison: une version maison du cronut, hybride pâtissier entre croissant et beigne, qui fait fureur à New York. «On doit se tenir à jour.»

«Autrefois, les Italiens avaient tous leurs commerces dans le même quadrilatère. Ma grand-mère qui a aujourd'hui 97 ans pouvait se faire servir en italien partout», relate Cathy Fuoco.

Cette même grand-mère a transmis à Cathy, 38 ans et à Carmella, 42 ans, la sagesse culinaire issue de la Calabre des ancêtres Fuoco. «Avec ma grand-mère, j'ai appris à préparer la sauce tomate avec l'ail, l'oignon et l'huile d'olive. Quand j'avais le dos tourné, ma grand-mère ajoutait toujours une demi-tasse d'huile et répétait: Olio è buona, raconte Carmella.

Traiteurs au carnet de commandes plein à craquer - elles sustentent les visiteurs des halls d'exposition de la place Bonaventure, entre autres clients - ces savoureuses épicuriennes ont un quotidien rempli de fous rires et de bonheurs en famiglia. C'est que, voyez-vous, le duo des Gourmandes, leur autre soeur et les parents Fuoco sont tous voisins de la rue Papineau. En soirée, on se rassemble autour des plats de maman Fuoco, une Québécoise naturalisée «mamma italienne» qui, depuis longtemps, a intégré à son répertoire culinaire les pâtes au four et la lasagne typiquement calabraise.

«Il n'est pas rare qu'on soit 12 personnes autour de la table, à l'heure du souper.»

Les soeurs sourire

«We don't do Milano», annonce Carmella, alors que nous franchissons la porte de l'épicerie Berchicci, à Saint-Léonard. Trop commercial, trop trendy, plus assez italien... Milano n'a simplement pas la cote d'amour chez les Fuoco, qui se révèlent très, très catégoriques en matière de mangiare.

Cathy, par exemple, déteste les gnocchis et n'accepte dans son assiette que des pâtes longues, à condition que la cuisson de celles-ci soit «craquante.» Les goûts de Carmella sont à l'extrême opposé: elle préfère que ses pastas soient un peu plus cuites qu'al dente. «Parce que ma grand-mère, qui n'avait pas de dents, m'a appris à faire les pâtes.»

Un long fou rire suit cette confession. «Chez nous, une journée sans rire, ça n'existe pas», confie Cathy.

Chez Berchicci, les Gourmandes parlent à tout le monde en italien et nous invitent à goûter au parmesan vieilli 36 mois et à l'huile d'olive calabraise et à remplir notre panier de burrata et d'aubergines marinées. Entre les tomates en conserve et les allées de pastas aux formes et marques déclinées à l'infini, les deux verbomotrices partagent des anecdotes du dernier party de famille et des souvenirs de leurs pèlerinages en Italie. «Quand on retourne en Calabre, on reconnaît des airs de famille sur tous les visages.»

Pour les légumes, les fines herbes et plusieurs fruits, Carmella et Cathy s'approvisionnent à même leurs propres potagers ou pigent dans celui de leurs parents. Jadis, la famille passait tous ses week-ends d'été à cultiver un lopin de terre de Saint-Lin. Mais désormais, les Fuoco s'en tiennent à leurs jardins urbains, où poussent persil, basilic, thym, tomates, oignons, laitue, aubergines. «Dans ma cour, j'ai deux pruniers, un cerisier, un pommier, un poirier et des vignes», énumère Cathy.

Grâce à leur maman québécoise, elles maîtrisent autant l'art de la tourtière et du ragoût de pattes que celui du minestrone ou du lapin en sauce.

Cathy résume ainsi, leur polyvalence culturelle: «On est capables de se virer sur un 30 sous.»

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Carnet d'adresses italiennes des Soeurs Gourmandes

> Pâtisserie Tillemont: 1812, rue Tillemont

> Berchicci: 6205, boul. Couture

> Boucherie Capitol: 158, place du Marché du Nord

> Marché Metro Marcanio et Fils: 1550, rue Bélanger

> Fruiterie Nino: Marché Jean-Talon

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Dans le panier des Gourmandes

Elles savent ce qu'elles aiment et sont catégoriques sur ce qui bon ou ne l'est pas. Cathy et Carmella nous guident dans le rayon des produits italiens.

> Tomates San Marziano

Meilleure texture, meilleure acidité, la tomate en conserve parfaite si, sacrilège, vous avez épuisé votre provision de passata.

> Huile d'olives calabraise de marque Berchicci

Son goût subtil et doux ne "tuera" pas le goût de votre napolitaine, promet Carmella.

> Eau Acqua Panna

«Une très bonne frizzante, meilleure que la San Pellegrino», tranche Carmella.

> Aubergines marinées piquantes

Un produit fétiche de Cathy Fuoco, qui raffole de ce produit dans les sandwichs.

> Pâtes courtes de marque Granoro

«Les pâtes, il faut en essayer plusieurs pour savoir celles qui nous plaisent. Les Granoro sont très bonnes», déclare Carmella.

> Pâtes longues Delverde

«J'aime mes pâtes "craquantes", pas tout à fait al dente», dit Cathy.

> Lasagnes De Cecco

La marque fétiche des Fuoco, pour réaliser la "vraie" lasagne calabraise du paternel.

Épicerie Berchicci