À la maison, des voix s'élèvent pour mettre les jeunes en garde contre un usage abusif d'Internet. À l'école, la réalité est toute autre : l'ordinateur peine à y prendre sa place, même si les bienfaits de son utilisation en classe font plutôt l'unanimité.

À la maison, des voix s'élèvent pour mettre les jeunes en garde contre un usage abusif d'Internet. À l'école, la réalité est toute autre : l'ordinateur peine à y prendre sa place, même si les bienfaits de son utilisation en classe font plutôt l'unanimité.

L'essayer, c'est l'adopter. Les enseignants qui ont apprivoisé Internet en classe ne le regrettent pas et les études qui démontrent l'impact positif de l'ordinateur à l'école se multiplient. Et bien souvent, l'élève dépasse le maître !

Geneviève Laurendeau est enseignante en deuxième année à l'école Versant-Notre-Dame-de-Foy, un établissement qui offre un programme axé sur les technologies de l'information et des communications (TIC). «Les enfants sont beaucoup plus motivés et ils peuvent en apprendre davantage, estime Mme Laurendeau. Je ne reviendrais pas en arrière !»

Selon plusieurs études, le recours à Internet en classe favorise l'apprentissage. «Dans plusieurs cas, les TIC maximisent les chances de réussite scolaire», estime Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et des communications en éducation, à l'Université de Montréal.

Avec une étudiante au doctorat, Sophie Goyer, M. Karsenti a mené des travaux d'observation sur les TIC à l'école primaire dans 35 classes en milieu défavorisé. Résultat : le recours à l'ordinateur favorise la collaboration entre les élèves, la concentration et l'estime de soi.

«Dans bien des cas, la relation maître-élève est renversée lorsque l'enfant en connaît plus que l'enseignant, ajoute M. Karsenti. Ce sont les élèves qui deviennent les experts.»

L'emploi des TIC en classe est d'autant plus important qu'il aide à réduire l'écart entre riches et pauvres. Pour les élèves qui n'ont pas accès à l'ordinateur à la maison, «l'école peut venir combler ce manque», ajoute M. Karsenti.

Selon une étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publiée en janvier 2006, les élèves qui utilisent régulièrement un ordinateur obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui n'ont qu'une expérience limitée de l'informatique.

À l'école de la vie

À l'Institut Saint-Joseph, une école privée de Québec, des élèves de cinquième et sixième année publient leurs travaux dans leurs «cybercarnets», l'équivalent d'un blogue version scolaire. Ils sont invités à commenter les travaux de leurs compagnons de classe, ce qui les amène à développer leur sens critique, explique la directrice, Mireille Guay.

«Avant, les élèves rédigeaient leur travaux pour leur professeur. Maintenant, ils peuvent être lus par tous et ça donne un sens à leur travail», ajoute-t-elle.

L'an dernier, une élève a publié une critique du spectacle Cavalia. En tournée aux États-Unis, un des techniciens lui a répondu en lui racontant les coulisses du spectacle. «Ça les ouvre sur le monde», dit Mme Guay.

Une bonne utilisation d'Internet sur les bancs d'école aide aussi les enfants à faire une meilleure utilisation de l'ordinateur à la maison, estime Liette Demanche, vice-présidente de l'Association québécoise des utilisateurs de l'ordinateur au primaire et au secondaire (AQUOPS).

Julie, une élève de cinquième année qui utilise quotidiennement l'ordinateur en classe depuis un an, est du même avis : «On a réalisé que l'ordinateur, c'était plus que des jeux ou MSN, dit-elle. Maintenant, je m'en sers aussi pour des recherches à la maison et je peux en montrer à mes amis.»

À l'Institut Saint-Joseph, un code de déontologie a été créé pour aider les élèves à utiliser l'ordinateur à bon escient. «Internet fait déjà partie de leur vie, dit Mme Guay. Il faut changer l'école pour mieux les préparer au monde qui les attend.»

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