Il pleuvait des cordes au sommet de Cypress Mountain, jeudi soir, et les phares des camions à benne chargés de neige perçaient le brouillard sur la route en lacets qui conduit au site des épreuves olympiques de ski acrobatique. Un temps idéal pour rester au chalet et siroter un chocolat chaud au coin du feu.

Pourtant, sur la piste de bosses, les skieurs canadiens s'en donnaient à coeur joie. «La neige est vraiment bonne, disait la championne en titre, Jenn Heil, de retour en piste après avoir pris congé la veille. Je me sens vraiment bien. J'aime ce parcours. C'est incroyable, ce que les organisateurs ont fait pour combler le manque de neige.»

 

Un travail herculéen, en fait. Avant les quelques flocons tombés sur la montagne, mercredi, il n'avait pas neigé à Cypress depuis la bordée de 25 cm du 15 janvier. Les canons à neige n'ont pu fonctionner au cours des dernières semaines en raison des températures trop chaudes, ce qui a forcé les organisateurs à transporter la neige par camion et par hélicoptère pour s'assurer que le site olympique ait une blancheur virginale.

Ils y sont parvenus. Et la pluie, loin de nuire, a uniformisé les conditions de la neige, qui a pris la texture granuleuse du ski de printemps.

La brume pourrait encore forcer le report de l'épreuve féminine, aujourd'hui, et celle des hommes, demain. Les juges installés au bas de la piste doivent être en mesure de voir les deux sauts effectués au fil de la descente. «Les juges vont décider. Mais ils connaissent Cypress et j'ai l'impression qu'ils ne feront pas les capricieux», a dit le Québécois Vincent Marquis.

Le plus enthousiaste des skieurs canadiens, et de loin, était Pierre-Alexandre Rousseau. À 30 ans, l'athlète de Drummondville a finalement la chance de réaliser son rêve olympique. Le genou qui l'a forcé à rater la Coupe du monde de Lake Placid, il y a trois semaines, ne l'embête plus. Il avait de la difficulté à réprimer son sourire, malgré les grosses gouttes qui claquaient sur la visière de son casque rouge vif. «C'est super. Mon meilleur jour d'entraînement depuis des semaines et des semaines. Il y a deux jours, ça n'avait vraiment pas bien été, mais là, tout ce que je fais réussit. C'est parfait. Je suis arrivé concentré, en feu. J'en avais besoin et j'ai tout fait pour me remettre un sourire dans le visage, tout fait pour être super confiant.»

Dix-septième au classement de la Coupe du monde, Rousseau demeure un outsider par rapport à son coéquipier Alexandre Bilodeau et aux autres favoris, l'Australien Dale Begg-Smith, le Français Guilbaut Colas et le Suédois Jesper Bjoernlund. Mais Rousseau, c'est un peu le Kovalev des bosses.

Avec l'Artiste, on ne sait jamais.