Georges St-Pierre ne s'était pas battu depuis un an et demi. Il revenait d'une terrible blessure. Et samedi soir au Centre Bell, il a prouvé à ceux qui doutaient de lui qu'il n'avait rien perdu de son talent.

St-Pierre a dominé l'Américain Carlos Condit pour s'assurer d'une victoire par décision unanime des juges (50-45, 50-45, 49-46). Le Québécois a remporté pratiquement chacun des cinq rounds et a utilisé son incroyable technique de projection pour envoyer Condit au tapis à répétition du début à la fin du combat.

Ce retour était crucial pour St-Pierre et il n'a pas caché sa joie après la décision des juges. «Merci à Carlos. Il m'a donné mon plus dur combat en carrière, a lancé le préféré du public aux quelque 17 000 spectateurs massés au Centre Bell. Et je sais qu'il va pouvoir apprendre de cette défaite et devenir meilleur.»

Les deux combattants ont laissé beaucoup dans l'octogone. Condit a saigné abondamment tout au long du duel, résultat d'une profonde entaille à l'arcade sourcilière droite subie sur un coude au premier round. St-Pierre, lui, avait rarement eu le visage aussi tuméfié après un combat.

En conférence de presse, le Québécois avait apporté un sac de glace qu'il plaquait au côté droit de son visage. «Après le combat, avant que je sorte la glace, ma tête avait la forme d'un ballon de football», a lancé St-Pierre après sa victoire.

«Je croyais que ce serait difficile et ç'a été très difficile. Ç'aurait pu aller des deux côtés et à un moment j'ai été dans le trouble. Je crois que ce combat et celui de Jon Fitch sont les pires de ma carrière», a expliqué St-Pierre en référence à son combat de 2008 contre Fitch, une victoire par décision.



«J'ai vraiment dû puiser dans mes ressources les deux fois. Mais là je revenais de blessure, c'était chez moi. C'était un moment spécial pour moi et je ne voulais pas laisser tomber mes fans. J'ai tout laissé ce soir dans l'octogone.»

Le meilleur moment de l'Américain est venu au troisième round lorsqu'il a atteint St-Pierre d'un puissant coup de pied. Mais il n'a pas su tirer profit de ce bon coup. Condit était manifestement déçu de sa défaite. Il a toutefois apprécié que St-Pierre le désigne comme son plus dur adversaire. «C'est un grand compliment d'un grand champion», a lancé Condit.

St-Pierre s'est blessé au genou droit il y a presque un an jour pour jour lors d'une fausse manoeuvre à l'entraînement. La cruciale opération visant à reconstruire son ligament croisé antérieur a eu lieu en Californie en décembre 2011 et plusieurs se demandaient s'il serait entièrement remis.

Condit n'avait pas perdu à ses quatre derniers combats. Il avait obtenu cet important combat de championnat contre St-Pierre grâce à une courte victoire contre Nick Diaz en février dernier.

Anderson Silva vise GSP

Georges St-Pierre conserve donc son titre de champion UFC à 170 livres et plusieurs portes s'ouvrent maintenant à lui. Son avenir semble maintenant pointer vers le Brésilien Anderson Silva. Le grand patron de l'UFC Dana White ne cache pas son désir de voir enfin aboutir le méga combat entre St-Pierre, champion à 170 livres, et Silva, champion à 185 livres.

Silva était d'ailleurs de passage à Montréal samedi pour assister à UFC 154. «Je suis ici parce que Dana m'a demandé d'être ici», a lancé en conférence de presse un Silva très joueur, qui s'amusait manifestement, un sourire en coin, à répondre aux questions de la presse.

«Mon premier objectif est de me battre dans un méga combat contre Georges St-Pierre. Je dois vérifier mon agenda pour la date, a blagué Silva. Mais je suis très excité par un combat contre Georges, ici à Montréal ou chez moi au Brésil.»

Ce duel que plusieurs attendent depuis des lustres pourrait donc se faire au printemps. L'UFC et Dana White semblent pressés de le voir aboutir, car à 37 ans, Silva ne rajeunit pas. Ce dernier a d'ailleurs proposé qu'il se livre à un poids mitoyen de 177 livres.

Mais il faudra voir ce qu'en pense Georges St-Pierre. Silva dépasse St-Pierre de quatre pouces et a une carrure plus imposante. Plusieurs pensent que ce combat ne devrait pas avoir lieu.

«Je viens juste de finir mon combat. J'ai reçu des coups en plus. J'ai besoin de vacances, s'est contenté de dire St-Pierre lorsque les journalistes l'ont interrogé sur la question. Il y a plein d'options, il y a Nick Diaz, Johny Hendricks et Anderson Silva. On verra.»

D'autres Québécois s'illustrent

UFC 154 a mis en vedette d'autres combattants québécois. Francis Carmont, Patrick Côté et Ivan Menjivar ont tous connu la victoire samedi soir au Centre Bell.

Carmont peiné contre l'Américain tom Lawlor mais a réussi à arracher une victoire par décision partagée.

Le Montréalais Patrick Côté a de son côté remporté son combat sur disqualification de son adversaire. L'Italien Alessio Sakara avait le dessus sur Côté lorsqu'au premier round le Québécois s'est mis à genoux pour fuir les coups. C'est à ce moment que Sakara l'a frappé derrière la tête à répétition, en contravention des règles de l'UFC.

Mais plutôt que d'avertir l'Italien, l'arbitre a arrêté le combat laissant croire que Sakara l'emportait. S'en est suivi une période de confusion au Centre Bell durant laquelle la foule huait abondamment. L'arbitre a finalement annoncé la victoire de Côté, après avoir revu les images de l'incident sur l'écran géant. C'est donc une victoire douce-amère pour Côté, qui cherchait samedi soir à rebondir d'une défaite subie à UFC 148 en juillet dernier.

Un peu plus tôt, le Montréalais d'origine salvadorienne Ivan Menjivar a aussi gagné, mais d'une manière d'autant plus convaincante. Menjivar a réussi une superbe clé bras sur le Russe Azamat Gashimov pour s'assurer d'une victoire par soumission au premier round. C'était le 5e combat à l'UFC de Menjivar, 30 ans. Il combine maintenant une fiche de 4 victoires et une défaite.