Samir Nasri commence à rêver à voix haute de rappel en équipe de France et de Mondial sud-africain après sa prestation de haut vol dans l'axe du milieu d'Arsenal en 8e de finale retour de la Ligue des Champions contre Porto mardi (5-0).

Qui l'a vu provoquer, réclamer le ballon, multiplier les passes incisives pour désarticuler la défense avant de marquer un des plus beaux buts européens de la saison, n'a pu se garder de penser que le Marseillais dispose de ce qui a manqué à des Bleus insipides contre l'Espagne le 3 mars (0-2): imagination, envie, vision du jeu, dynamisme, capacité à conserver le ballon...

«Cela fait plaisir à entendre. Mais le plus important, c'est d'y être, pas de l'entendre», dit le joueur qui a sans doute livré son meilleur match depuis son arrivée à Arsenal à l'été 2008.

«Il y a une bonne fin de saison à faire avec mon club. On est en lutte pour le titre, qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des Champions, on va être particulièrement observé. A moi de faire de belles performances pour être en Afrique du Sud.»

Une fracture de la jambe en juillet a repoussé à la fin de l'automne son début de saison et en janvier, quand il commençait à retrouver le rythme, il a été victime d'une déchirure musculaire.

Nasri, qui aura 23 ans pendant le Mondial, n'a disputé qu'une vingtaine de matches pour quatre petits buts et a progressivement vu s'éloigner les Bleus. Son dernier appel par Raymond Domenech est vieux de près d'un an (le 28 mars 2009 contre la Lituanie).

Dans l'axe

Mais sa démonstration de mardi lui donne raison quand il dit se «sentir bien, en forme», après des mois de doute.

Son jeu de passes, résolument orienté vers l'avant, a été diabolique de précision mardi. Selon les statistiques de l'UEFA, 34 de ses 41 offrandes (83%) sont arrivées à destination contre Porto, une proportion titanesque pour un milieu offensif.

A lui désormais de réussir là où il a souffert par le passé: confirmer sur la durée. «Samir Nasri progresse bien. Ce qu'il a montré ce soir il le montre à l'entraînement et je m'attendais à ça», assure son entraîneur Arsène Wenger.

Déjà positionné dans l'axe face à Burnley en championnat le week-end passé, Nasri (15 sélections, 2 buts) a su tirer profit contre Porto de la blessure de Cesc Fabregas: Wenger lui a confié à nouveau le centre du milieu, sa place naturelle où il brillait avec l'Olympique de Marseille, quand il l'aligne normalement sur un côté.

«Je l'ai déjà dit, je me sens mieux dans l'axe. Lorsque je joue dans cette position, j'essaie d'être décisif pour pouvoir m'y imposer. Cela fait deux matches maintenant. A moi de continuer», explique Nasri.

Ce ne sera sans doute pas le cas, prévient Wenger: «Si je lui demandais où il veut jouer, il me répondrait qu'il veut rester là. Donc je ne lui demande pas. Quand Fabregas reviendra, Nasri retournera sur le côté».

Nasri n'a plus à espérer que ce nouvel exil annoncé ne remette pas en cause ses aspirations à revenir au centre des attentions avec l'équipe de France.