Sitôt le tirage au sort de la Coupe du monde féminine effectué, les différents sélectionneurs se sont lancés dans une mini-tournée des villes qui les accueilleront l'été prochain (du 6 juin au 5 juillet). L'occasion de jeter un oeil aux camps de base possibles, aux terrains d'entraînement et, bien entendu, aux stades. Ce qui inclut la surface synthétique, dont l'utilisation est à la base d'un conflit entre un groupe de joueuses et la FIFA depuis plusieurs mois.

Au moment où les joueuses tentent - sans résultat - de rencontrer le secrétaire général de l'organisme suisse, Jérôme Valcke, les entraîneurs composent bien avec la situation. Parce que toutes les équipes seront logées à la même enseigne, de Moncton à Vancouver, autant l'Anglais Mark Sampson que le Français Philippe Bergeroo comprennent le contexte.

«Ce n'est pas vraiment un problème pour nous. Nous avons été impressionnés par la qualité de la surface à Moncton et à Montréal, a raconté Sampson, hier matin. Puis, les joueurs et les joueuses sont habitués à s'entraîner sur ce type de gazon dès leur jeune âge. Quelques-unes des équipes de première division féminine, comme Liverpool et Everton, ont aussi un terrain synthétique.»

Les deux hommes n'ont aucun doute sur la qualité et l'efficacité d'un terrain qui a été étudié par un consultant indépendant au mois d'octobre. Mais puisque le rebond du ballon et la vitesse de la surface ne sont tout de même pas identiques par rapport à du naturel, la préparation tiendra compte de ces paramètres. D'ici le tournoi, l'équipe de France devrait accueillir les États-Unis et le Canada, à Lorient et Nancy, deux villes dotées d'un tel terrain.

«En (ronde) éliminatoire, on a joué sur du synthétique en Finlande et, avant ce match, on a effectué tous nos entraînements sur cette surface. Pour le Mondial, on va commencer à s'adapter lors des matchs de préparation, souligne Bergeroo. Par contre, même si on va avoir des matchs amicaux sur terrain synthétique, les filles jouent le dimanche d'après sur de l'herbe avec leur club. Mais on va s'adapter, c'est comme ça.»

Le naturel, difficile à Montréal

L'été dernier, une soixantaine de joueuses, dont l'Américaine Abby Wambach et la Brésilienne Marta, ont déposé une poursuite auprès au Tribunal des droits de la personne de l'Ontario. En plus des craintes de blessures, elles estimaient qu'il est discriminatoire de les faire évoluer sur du synthétique alors qu'aucune phase finale masculine n'aurait lieu sur une telle surface.

Vendredi, Valcke a répliqué en qualifiant de «non-sens» ces accusations. «La FIFA a pris position et la seule chose qu'il fallait éclaircir, c'est que non, il n'y avait pas de discrimination, fait écho Francis Millien, directeur général du site de Montréal.

«Les inquiétudes se sont beaucoup calmées, mais il fallait bien montrer que l'on ne jouait pas sur du synthétique parce que c'étaient des femmes. La compétition le voulait, et la prochaine Coupe du monde féminine se fera sur du naturel puisque les deux pays qui ont postulé (la France et la Corée du Sud) disposent de ce type de terrain.»

Le règlement de la FIFA prévoit qu'un tournoi peut se dérouler sur du gazon artificiel si une dérogation est accordée. Le Canada, qui a affiché ses couleurs dès le premier jour, l'a bien évidemment obtenue. Il n'est donc pas question de changer de surface d'ici le match d'ouverture à Edmonton.

Qu'en est-il de l'option naturelle choisie par l'Impact lors d'un match amical face à l'AC Milan, en 2010, au Stade olympique? Pour cette grande visite, les Montréalais avaient installé des morceaux de tourbe d'une épaisseur de huit centimètres sur une petite couche de sable.

«C'est faisable, mais avec le toit que nous avons ici, il y aussi une question de durée du gazon, réplique Millien. Il ne peut pas durer plus d'une semaine environ, et il faudrait ensuite le changer. Et cela prend une autre semaine pour pouvoir l'installer correctement et pour avoir le temps que les racines prennent. Il faudrait que l'on passe trois ou quatre surfaces, ce que l'on ne peut pas faire avec des matchs tous les trois ou quatre jours.»

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Le Brésil et le Canada en tête d'affiche

Le Brésil disputera deux de ses trois matchs de groupe au Stade olympique. La Corée du Sud, l'Espagne et le Costa Rica complètent ce groupe E. «Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, le Brésil reste une équipe spectaculaire qui attire toujours beaucoup de monde et qui offre un spectacle intéressant», lance Francis Millien.

Au cours de ce premier tour, le public montréalais pourra également assister au troisième match - potentiellement décisif - du Canada contre les Pays-Bas. En regardant un peu plus loin, la France ou l'Angleterre devraient participer au seul match de huitième de finale disputé à Montréal.

«On est quatrième au monde alors que l'Angleterre est septième. C'est à peu près le même niveau, explique le sélectionneur français Philippe Bergeroo. Il faudra aussi faire attention à l'équipe mexicaine puisque pas mal de joueuses évoluent aux États-Unis. Puis, la Colombie a récemment fait 0-0 contre le Brésil.»

Par ailleurs, les terrains d'entraînement ont également été définis en vue du tournoi. Les équipes s'entraîneront au parc Saint-Laurent, au centre de soccer du Complexe environnemental de Saint-Michel (CESM) et au complexe sportif Bois-de-Boulogne, à Laval.