Il y a de ces changements de décor qui, parfois, font le plus grand bien. Matt D'Agostini en est la plus récente preuve.

D'Agostini, choix de sixième ronde du Canadien au repêchage de 2005, a déjà été considéré comme l'un des meilleurs espoirs au sein de l'organisation montréalaise. Mais après un début de saison difficile l'an passé, le Canadien a finalement jeté l'éponge et l'a cédé aux Blues de St. Louis en retour de l'attaquant Aaron Palushaj en mars.

Il est encore très tôt pour se prononcer sur cette transaction, mais pour le moment, en tout cas, les Blues peuvent être fiers de leur coup. Avec ses cinq buts, D'Agostini est le meilleur buteur du club, à égalité avec David Perron.

«Quand Matt est arrivé avec nous la saison dernière, le club était déjà formé, et il n'y avait pas de place pour lui, a expliqué le directeur général des Blues, Doug Armstrong, à La Presse. Mais on lui a dit au cours de l'été qu'il allait avoir l'occasion de se tailler une place avec nous. C'est ce qu'il a fait lors de notre camp d'entraînement. On peut dire qu'il a saisi sa chance.»

Ce début de saison éclatant a de quoi surprendre. Surtout pour les fans montréalais, qui ont rarement vu ce D'Agostini-là en deux saisons à temps partiel chez le Canadien. En 2008-2009, l'ailier droit avait bien affiché un peu de son potentiel, en récoltant 12 buts en 53 matchs, mais ses deux petits buts en 40 rencontres la saison dernière ont finalement convaincu la direction montréalaise de l'envoyer ailleurs.

Avec les Blues, D'Agostini patine au sein du troisième trio et se retrouve aussi parfois à jouer en avantage numérique.

«C'est la grande différence, je joue plus souvent qu'à Montréal, a-t-il expliqué à La Presse. Avec le Canadien, mon temps de glace était réduit, et ici, je passe beaucoup plus de temps sur la glace. Alors, j'ai plus confiance en moi et en mes capacités. C'est normal, plus on joue et plus on retrouve sa confiance. Ça va ensemble.»

Ces jours-ci, le patineur de 24 ans joue souvent plus de 15 minutes par match. Tout le contraire de ses derniers jours à Montréal, alors qu'il devait parfois se contenter de sept ou huit minutes de jeu par soir.

Même si D'Agostini se garde bien d'envoyer des flèches au personnel d'entraîneurs du Canadien, il tient tout de même à rappeler qu'il n'a pas été le seul jeune joueur à en arracher chez le Canadien la saison dernière.

«Je ne sais pas trop pourquoi, mais la saison dernière à Montréal, plusieurs jeunes ont connu des ennuis. Il y avait moi, mais aussi Max Pacioretty, Kyle Chipchura, Guillaume (Latendresse) aussi avant qu'il ne soit échangé au Wild du Minnesota... On éprouvait tous des ennuis. C'est dur à expliquer, mais dans mon cas, je dois reconnaître que je ne produisais pas comme la direction l'aurait souhaité. Au bout du compte, je pense que c'est avant tout pour ça que j'ai été échangé.»

Pendant que le principal intéressé connaît un départ canon à St. Louis, Aaron Palushaj attend patiemment son tour chez les Bulldogs de Hamilton, là où il a récolté 11 points en seulement six rencontres.

D'Agostini, lui, a du mal à expliquer son bon départ avec sa nouvelle équipe. «Une saison de hockey, c'est souvent des hauts et des bas, et je connais des hauts actuellement. Pourquoi? Je ne sais pas, c'est dur à expliquer... Je me contente seulement de lancer souvent au filet.»

Pour le moment, ce sont les Blues qui peuvent se frotter les mains de satisfaction avec cet échange. Il reste à voir si D'Agostini pourra maintenir ce rythme infernal.