La liste des commanditaires larguant Hockey Canada continue de s’allonger. Le fournisseur officiel d’équipements, Bauer Hockey, a annoncé mardi rompre ses liens financiers avec les équipes masculines, cessant du même coup de commanditer les tournois organisés par la fédération.

« Nous avons perdu confiance dans la direction de Hockey Canada. Notre objectif est de susciter un changement de leadership et, en collaboration avec d’autres personnes, fournir une voie constructive pour apporter de nouvelles solutions à la table », affirment le président et chef de la direction de l’entreprise Ed Kinnaly et la vice-présidente marketing Mary-Kay Messier, dans une lettre envoyée à Hockey Canada.

Les deux y soutiennent que « les allégations d’abus de confiance continus et répétés de la direction sont extrêmement troublantes et justifient un changement ».

Bauer avait déjà suspendu sa commandite d’Hockey Canada l’été dernier, en raison du traitement du dossier d’agressions sexuelles. Selon The Globe and Mail, qui a d’abord rapporté la nouvelle mardi, des mesures supplémentaires ont été prises dans la foulée d’une rencontre tenue fin août entre des représentants Bauer et la haute direction de Hockey Canada, dont le chef de la direction Scott Smith et la présidente intérimaire du conseil d’administration, Andrea Skinner.

Cette dernière avait déjà remis sa démission samedi dernier. Mardi, peu après la sortie de Bauer, l’ensemble du conseil d’administration d’Hockey Canada et son chef de la direction, Scott Smith, ont annoncé se retirer pour « faire place à une nouvelle liste d’administrateurs », dans la foulée de sa gestion critiquée d’allégations d’agression sexuelle mettant en cause des joueurs juniors.

Bauer a confirmé qu’elle poursuivra néanmoins de fournir de l’équipement aux programmes féminins d’Hockey Canada. Chez les hommes, Bauer fournira à Hockey Canada « un mécanisme d’achat de produits », dont les profits seront utilisés « pour augmenter l’accessibilité et l’équité dans les programmes pour les filles, les femmes, le parahockey et d’autres communautés sous-représentées ».

Notre objectif est de conduire le changement de gestion et le changement de politique, pas d’avoir un impact sur les athlètes.

Ed Kinnaly et Mary-Kay Messier

« Pendant trop longtemps, Hockey Canada s’est concentré uniquement sur le hockey compétitif. Nous pensons qu’un changement global est nécessaire pour garantir que la mission se concentre sur la croissance du jeu et la création d’une atmosphère amusante et sûre qui accueille tous ceux qui veulent avoir l’opportunité de jouer. Les championnats se poursuivront, voire prospéreront, si la base réussit à amener plus d’athlètes, d’enfants et de familles à notre sport », écrivent aussi M. Kinnaly et Mme Messier dans leur lettre.

Pertes de confiance

Bon nombre de commanditaires majeurs d’Hockey Canada ont coupé les ponts avec la fédération ces derniers jours, dont Tim Hortons, la Banque Scotia, Telus, Nike ou encore Canadian Tire.

« À notre avis, Hockey Canada continue de résister à des changements significatifs et nous ne pouvons plus avancer avec confiance », avait notamment affirmé la Canadian Tire Corporation (CTC) la semaine dernière, en confirmant qu’elle redirigera son soutien « vers des organisations liées au hockey qui correspondent mieux à nos valeurs ».

Ce coup dur pour Hockey Canada s’ajoutait à la volonté de Hockey Québec et de la Fédération ontarienne de hockey de retenir le financement qu’elles lui versent. Hockey Québec a été la première fédération provinciale à affirmer qu’elle retiendrait les frais de participation de 3 $ que les joueurs versent chaque année à Hockey Canada. La principale fédération ontarienne avait aussi fait part de cette intention dès juillet.

Jeudi, la fédération de la Nouvelle-Écosse a également annoncé un gel du transfert des fonds à Hockey Canada, disant qu’elle avait « perdu confiance » en cette organisation. Hockey Manitoba avait de son côté réclamé « un examen du plan d’action de Hockey Canada afin d’inclure la consultation d’experts […] travaillant dans le domaine de l’éducation, de la sensibilisation et de la prévention de la violence sexuelle ».

« On a perdu confiance en Hockey Canada. Il est temps qu’ils partent », avait de son côté insisté le premier ministre Justin Trudeau, à Ottawa. « La meilleure chose à faire, c’est de remplacer les dirigeants le plus rapidement possible », a aussi martelé la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge.

Avec La Presse Canadienne