On demande à Mathieu Perreault pourquoi il a choisi de tout arrêter, et la réponse ne se fait pas attendre : « J’ai une vie de famille, trois enfants, deux chiens… je suis rendu là. »

Dans son cas, « là » vient signifier ce moment que les joueurs, très souvent, redoutent au plus haut point : la retraite. Mais au bout du combiné, on ne sent chez Mathieu Perreault aucune forme de doute, de regret, d’amertume.

Ce que l’on entend, plutôt, c’est la voix d’un jeune père de 34 ans qui n’avait pas le goût de s’accrocher.

Écoute, si un club qui aspire à la Coupe Stanley m’avait fait une offre cet été, c’est sûr que j’y aurais pensé. Je l’avais dit à mon agent : je suis prêt à continuer, mais pas prêt à aller n’importe où. Le rêve de petit gars, le rêve de gagner la Coupe, c’est ça qui me manque, et j’aurais hésité pour cette raison, et seulement pour cette raison.

Mathieu Perreault

« Mais plusieurs équipes ont des problèmes avec le plafond salarial, et je n’ai reçu aucune offre, alors ça va être ça. Ce n’est pas tout le monde qui peut partir avec la Coupe au bout des bras. C’est la conclusion rêvée, mais ça n’arrive pas à tous les joueurs. »

Et ça ne lui arrivera pas à lui, le vétéran de 13 saisons, de 353 points en 708 matchs de la LNH. Repêché par les Capitals de Washington avec un choix de sixième tour en 2006, l’ex-attaquant a aussi joué avec Anaheim, Winnipeg et le Canadien la saison dernière. Il est fier du parcours, bien sûr ; les choix de sixième tour comme lui, qui jouent aussi longtemps, ils ne sont pas si nombreux à passer, encore moins à durer. De plus, des problèmes de dos avaient commencé à le ralentir ces derniers temps.

Mais il part avec fierté, et c’est un peu pourquoi il va conserver un excellent souvenir de sa dernière saison, sa seule avec le Canadien, même s’il n’y a disputé que 25 rencontres et que ça n’a peut-être pas été la conclusion espérée.

Je ne peux pas être amer… j’ai adoré ma saison à Montréal. Je vais toujours me rappeler mon match de trois buts au Centre Bell [le 23 octobre 2021], les gens qui scandaient mon nom. Je me doutais déjà que ça allait être ma dernière saison au moment d’arriver avec le Canadien… je suis en paix avec tout ça.

Mathieu Perreault

Maintenant, c’est la vie de famille qui va prendre toute la place, ou presque. Il n’exclut pas un retour dans le monde du hockey un jour, peut-être comme adjoint, peut-être comme consultant, mais ce jour-là n’est pas encore arrivé.

« Guillaume [Latendresse] m’a appelé pour me demander de me joindre à l’équipe de La poche bleue, et il ne savait même pas que j’allais annoncer ma retraite cette semaine ! Alors je vais faire ça avec lui, aller jaser de hockey avec son équipe de manière occasionnelle, parce que j’aime le hockey et que je vais quand même continuer à regarder les matchs, et ensuite on verra. C’est sûr que j’aimerais un jour retourner travailler avec un club de la Ligue nationale, mais ça, c’est pas mal plus loin, dans une dizaine d’années et pas avant. Je sais tout le temps que ça prend, travailler dans cette ligue, et je ne suis pas prêt à ça pour le moment… »

D’ici là, Mathieu Perreault va prendre tout son temps. Avec la famille, les enfants, et aussi les deux chiens.