Lorsqu’on s’approche de Kim St-Pierre pour lui piquer un brin de jasette, samedi après-midi devant l’aréna Raymond-Bourque, à Saint-Laurent, elle conclut une discussion avec une jeune athlète vêtue de son équipement de hockey. Sans casque ni patins, évidemment. Gazon et grand soleil obligent.

« Nicky, je l’ai croisée sur un terrain de baseball, raconte quelques instants plus tard l’ancienne gardienne de l’équipe nationale féminine de hockey au représentant de La Presse. C’était la seule fille dans son équipe de garçons.

« On s’est mises à parler de hockey. Elle m’a dit qu’elle avait commencé à jouer, mais qu’elle avait de la misère à patiner. Mais tu sais, ce n’est pas grave. Elle va s’améliorer. C’est une jeune athlète. Il s’agit d’encourager les filles à jouer au hockey. »

Kim St-Pierre elle-même a dû jouer avec des garçons jusqu’à l’âge de 18 ans, raconte-t-elle. Mais on n’en est plus là. « Il y a tellement de belles opportunités maintenant. »

La semaine qui vient de passer lui donne raison. La Force de Montréal, équipe professionnelle féminine de hockey, vient de voir le jour.

Le contexte de sa discussion avec La Presse s’accorde aussi bien à son propos, alors que l’aréna Raymond-Bourque annonçait samedi sa réouverture. St-Pierre en est l’ambassadrice, en duo avec son ancienne entraîneuse Danièle Sauvageau. Elle réside à Saint-Laurent depuis 2010, et ses deux garçons y jouent au hockey.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Raymond Bourque, lors de la grande fête de réouverture de l’aréna Raymond-Bourque rénové, samedi

On a loué l’attrait de l’établissement pour les jeunes de la communauté. Pas seulement pour le hockey, mais aussi pour la ringuette et le patinage artistique.

Parce que « malheureusement, les jeunes filles quittent le sport trop tôt », souligne St-Pierre.

« Il faut continuer à leur donner de belles opportunités. »

« Je pensais que ça ne se ferait jamais »

Kim St-Pierre n’est pas liée à la Force de Montréal. Mais elle estime que la formation de cette équipe professionnelle, qui sillonnera la province, permettra d’« inspirer » les jeunes joueuses. Entre autres.

« Ça va ouvrir beaucoup de portes. Ça va attirer les médias. Les athlètes sont des joueuses incroyables. »

« Quand j’étais toute petite, on rêvait à la LNH. Maintenant, les filles peuvent rêver aux Jeux olympiques. Avoir la chance de rêver de jouer professionnellement au hockey, je pensais que ça ne se ferait jamais. »

S’il y a bel et bien une évolution à ce chapitre, St-Pierre est la première à dire qu’il reste du chemin à faire. Surtout sur le plan des perceptions.

Au golf féminin, au tennis féminin, les gens apprécient la différence entre les hommes et les femmes. Au hockey, ça prend un peu plus de temps.

Kim St-Pierre

« On veut toujours comparer au lieu d’apprécier le talent, les habiletés, la passion que les femmes peuvent amener sur une glace. Avec la Force, on va apprendre à découvrir des athlètes, des entraîneurs, une organisation incroyable. Peut-être que ça va nous aider à nous faire découvrir d’une autre façon. »

Elle aimerait faire cesser « le jeu des comparaisons ». Parce qu’« on dirait que le hockey a besoin encore plus d’amour », déplore-t-elle.

« Marie-Philip Poulin va s’entraîner autant ou plus que Sidney Crosby. Mais on n’aura jamais la force d’un homme. […] Il faut apprécier les différences. Les filles sont des machines maintenant. Elles se dévouent à leur sport. La passion est plus forte que jamais. »