Développement des joueurs du Canadien Une faillite presque complète

Prenons au hasard une liste des meilleurs espoirs du Canadien en août 2018. Celle du spécialiste Corey Pronman, du site theathletic.com.

C’est tout proche, quatre ans. Mais ça peut représenter une éternité dans le monde du hockey. Pronman classait les espoirs du CH au sixième rang de la Ligue nationale de hockey. « Il y a encore du travail à faire dans la reconstruction, mais le Canadien est dans la bonne direction. »

Pronman ne sort pas des sentiers battus. La plupart des experts ont une liste semblable. Ils ont le même réflexe de privilégier les joueurs repêchés récemment.

De ce groupe en principe prometteur, il ne reste que deux joueurs du top 10 au sein de l’organisation : Jesse Ylonen et Cayden Primeau.

Ylonen, ailier droit finlandais, aura 23 ans dans un mois. Il a disputé 15 matchs jusqu’ici avec le Canadien, dont 14 l’an dernier. Il a connu de bonnes séries éliminatoires à Laval et demeure un espoir intéressant, mais il est désormais devancé par plusieurs jeunes dans la hiérarchie et il ne semble pas y avoir de place pour lui en prévision de la prochaine saison.

Primeau, 23 ans, a connu une saison difficile, entre autres lors de ses rappels à Montréal, où il a connu des matchs catastrophiques, mais il a joué les héros pour le Rocket en séries éliminatoires et il demeure le gardien d’avenir du CH.

L’exercice d’aujourd’hui montre la faillite du Canadien dans le développement de ses jeunes joueurs, avant l’arrivée de la nouvelle administration. Il explique aussi pourquoi le CH entre dans une nouvelle phase de rajeunissement après en avoir entamé une (vite abandonnée) quatre ans plus tôt.

Kotkaniemi, troisième choix en 2018, a connu un début de carrière prometteur, à seulement 18 ans. Il a été l’un des rares de sa cuvée à obtenir un poste dans les mois suivant le repêchage et a même amassé 17 points à ses 33 premiers matchs, avant de frapper le mur (Jack Hughes a obtenu 19 points en 64 matchs à sa première saison en 2019-2020).

Le Finlandais a connu des hauts et des bas par la suite, et montrait finalement de belles promesses en séries éliminatoires en 2021, avec des buts importants, avant d’être relégué aux gradins en finale, puis soutiré au CH par les Hurricanes de la Caroline avec une offre hostile.

Marc Bergevin s’est servi du choix de premier tour obtenu en retour pour acquérir Christian Dvorak (il a aussi obtenu un choix de troisième tour des Hurricanes, mais cédé un choix de deuxième aux Coyotes en plus du choix de premier tour).

Dvorak, 26 ans, a connu une saison en demi-teinte l’an dernier, quoiqu’il se soit raplombé avec l’arrivée de Martin St-Louis. Mais personne ne donnerait un choix de premier tour pour lui.

Kotkaniemi, toujours âgé de seulement 22 ans, entamera la première année d’un contrat de huit ans évalué à 38 millions. Il devrait bénéficier de meilleurs ailiers cette année, même si l’arrivée de Paul Stastny pourrait retarder sa promotion.

Le départ de Kotkaniemi a forcé Kent Hughes à sacrifier le défenseur Alexander Romanov (un choix surprise de deuxième tour en 2018 qui n’était sur aucune liste des meilleurs espoirs) pour acquérir un autre jeune centre improductif, troisième choix également, l’année suivante, Kirby Dach.

Après trois saisons, Dach a amassé 59 points en 152 matchs à Chicago, pour une moyenne de 0,39 point par match.

Après trois saisons à Montréal, Kotkaniemi, de six mois l’aîné de Dach, a obtenu 62 points en 171 rencontres, pour une moyenne de 0,36 point par match. Il en a ajouté 29 en 66 rencontres en Caroline, au sein d’un quatrième trio, pour faire passer sa moyenne à 0,38.

Poehling, 23 ans, auréolé de gloire au Championnat mondial junior en 2018, où il a été élu le joueur par excellence du tournoi, auteur d’un tour du chapeau à son premier match en carrière dans la LNH, n’a jamais pu percer l’un des trois premiers trios à Montréal. Hughes l’a fait passer à Pittsburgh cet été dans la transaction de Jeff Petry pour alléger sa masse salariale.

Noah Juulsen et Joni Ikonen ont vu leur carrière dérailler en raison de blessures, Jacob Olofsson, Allan McShane et Cole Fonstad n’ont jamais été assez bons pour obtenir un contrat, Josh Brook, dont la popularité a été moussée par de grosses statistiques à 19 ans dans les rangs juniors, a eu beaucoup de difficulté à s’adapter aux rangs professionnels avant que les blessures ne viennent sonner le glas de son aventure avec le Canadien.

Deux joueurs sous-estimés par une majorité de spécialistes, Jake Evans, 12^e sur la liste, et Jordan Harris, 19^e, ont devancé la plupart des espoirs prisés par les observateurs de l’époque.

Nick Suzuki a été acquis quelques semaines après la publication de cette liste. On a repêché Cole Caufield l’année suivante. Ils sont déjà solidement implantés au sein du premier trio, ont terminé en tête des compteurs de l’équipe l’an dernier, ce que personne de la cuvée 2018 n’a jamais réussi à faire.

Aux Juraj Slafkovsky, Kaiden Guhle, Harris, Justin Barron, Sean Farrell, Jan Mysak, Filip Mesar, Joshua Roy, Lane Hutson et compagnie de prouver qu’ils pourront faire mieux que leurs prédécesseurs.

Ces espoirs possèdent un avantage de taille : ils sont entourés de meilleurs pédagogues et ne devraient pas manquer de renforcement positif.