Démissionnez. Le message des députés au PDG de Hockey Canada, Scott Smith, était on ne peut plus clair. Mais le patron entend bien rester aux commandes de l’organisation, à moins d’être contraint de quitter son poste. Au conseil d’administration de jouer, donc, estime la ministre des Sports, Pascale St-Onge.

Ayant de toute évidence prévu ce qui l’attendait au Comité permanent du patrimoine canadien, le dirigeant a tenté de vider la question dans la déclaration d’ouverture qu’il a lue à l’intention des députés. « Je sais que vous avez des questions sur le leadership à Hockey Canada. Sur mon leadership », a-t-il laissé tomber.

Puis il a donné sa réponse aux questions que les élus ne sont pas seuls à se poser.

« Vous avez demandé de la transparence. Vous avez demandé de [la reddition de comptes]. Vous avez demandé du changement à Hockey Canada. Je suis ici pour piloter ce changement. Je ne me défilerai pas », a assuré Scott Smith.

Cela n’a pas empêché les élus de revenir à la charge.

« Pour le bien du hockey, on doit renouveler le leadership à Hockey Canada », a indiqué le conservateur John Nater. Faisant écho à son collègue, le bloquiste Sébastien Lemire a soutenu que Scott Smith était « incapable d’apporter les changements nécessaires à la structure de Hockey Canada ». Le néo-démocrate Peter Julian a dit avoir « perdu confiance » en l’organisation et plaidé pour un changement de garde.

Il y a des moments où des gens bien doivent prendre un pas de côté parce que le public a perdu confiance en eux. J’ai bien peur qu’il s’agit de l’un de ces moments.

Anthony Housefather, député libéral

En réaction à toutes ces remarques, le dirigeant a répondu qu’il jouissait du « soutien du personnel, du conseil d’administration et des membres » de Hockey Canada. Et « si la révision et la gouvernance et le conseil d’administration » retirent leur confiance, « je vais l’accepter », a-t-il indiqué.

« Je veux rendre des comptes », a affirmé le patron de l’organisation.

Or, le conseil d’administration ne fait pas le poids face à ses dirigeants, anciens comme présents, a par la suite objecté le conservateur Kevin Waugh : « Bob Nicholson, Tom Renney [ex-PDG] et vous êtes trop puissants […] Des changements doivent être faits au conseil d’administration. Ça doit partir de là. Le conseil doit contrôler Hockey Canada. »

« Trop peu, trop tard » ?

Visiblement, la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, juge qu’il est temps pour Scott Smith de tirer sa révérence. Elle-même n’a pas le pouvoir de le limoger en tant que ministre – le lien entre le gouvernement fédéral et Hockey Canada se résume au financement.

« M. Smith semblait dire qu’il était imputable seulement devant son C. A., et non pas devant les parlementaires présents qui demandaient sa démission et celle d’autres personnes au sein du comité de direction, ou devant la population canadienne qui l’a aussi fortement réclamé », a-t-elle souligné en entrevue à l’issue de la réunion.

J’en appelle aujourd’hui au conseil d’administration de Hockey Canada d’évaluer si les personnes en place sont les bonnes personnes pour opérer le changement de culture qui est réclamé par la population canadienne.

Pascale St-Onge, ministre fédérale des Sports

Même si elle a perçu une « sincérité » dans la volonté de Scott Smith de procéder à des changements, la ministre Pascale St-Onge enchaîne « qu’il voulait être imputable », et que « peut-être que dans ce cas-ci, l’imputabilité, ça veut aussi dire que c’est trop peu, trop tard ».

En marge de la réunion du comité, le PDG de l’organisation a signalé qu’il y aurait une équipe canadienne au Championnat du monde junior de la Fédération internationale de hockey sur glace à Edmonton. Le tournoi s’ouvre le 9 août prochain.