La fin de saison d’une équipe exclue des séries est toujours une belle occasion de développement. Une fois quelques vétérans échangés, c’est la chance de donner des minutes de jeu additionnelles à des jeunes afin de voir ce qu’ils ont dans le ventre.

Chez les Sénateurs d’Ottawa, il y a justement une belle occasion de développement, mais ce n’est pas parce qu’on a fait le grand ménage. C’est simplement que leur défenseur no 1, Thomas Chabot, ratera le reste de la saison en raison d’une blessure à une main.

C’est donc cette version des Sénateurs que l’on verra à l’œuvre samedi soir au Centre Bell contre le Canadien.

« C’est une énorme perte pour nous, pas seulement parce qu’il est notre joueur le plus utilisé, a rappelé l’entraîneur-chef des Sénateurs, D. J. Smith, rencontré dans un hôtel de Montréal dont le nom rime avec Luke Fritz.

« C’est un des joueurs les plus endurants que je connaisse. Il ne prend jamais un entraînement à la légère. Il ne se plaint jamais. C’est énorme comme perte, moralement. Mais ça donne une chance à un gars comme Brannstrom ou tout autre jeune. »

C’est d’Erik Brannstrom dont il est question ici. Le défenseur suédois, choix de 1er tour (15e au total) des Golden Knights en 2017, était vu comme le joueur clé pour les Sénateurs dans la transaction qui a envoyé Mark Stone à Vegas, il y a trois ans. Sauf que son grand potentiel offensif, perceptible dans la Ligue américaine, tarde à se manifester dans la LNH. En 95 matchs, il totalise 2 buts et 21 passes, dont 6 points en 32 sorties cette saison.

Vendredi, les Sénateurs jouaient un premier match depuis que Chabot est tombé au combat. Et c’est Brannstrom qui a le plus profité de son absence. Avant la rencontre de vendredi, il jouait 19 minutes par match en moyenne, dont 1 : 42 en avantage numérique. Vendredi, il a passé 22 : 44 sur la surface, dont 3 : 24 en supériorité numérique.

« Lui et [Artem] Zub sont nos meilleurs défenseurs avec la rondelle. Brannstrom va avoir du temps en avantage numérique, a assuré Smith. C’est du développement. Brannstrom doit avoir du temps de jeu. Il va faire des erreurs, mais on va le laisser sur la patinoire et on va voir s’il s’améliore. »

Par effet domino, d’autres défenseurs pourraient aussi s’illustrer en l’absence de Chabot. Smith a évoqué le bon vieux Victor Mete, qui a été « bon pour un gars qui n’avait pas joué depuis longtemps », a-t-il dit. La bonne tenue de l’ancien du CH n’a toutefois pas paru dans son utilisation ; il n’a joué que 12 : 11. Mete disputait un premier match depuis le 26 février.

Un dernier match avant la date limite

À Ottawa comme à Montréal, le match de samedi sera une libération pour plusieurs. Avec une fiche de 22-34-5, les Sénateurs sont en voie de rater les séries, ce qui signifie que plusieurs de leurs vétérans sont susceptibles de changer d’adresse d’ici à lundi.

Comme preuve de la lourdeur de la situation, aucun joueur n’a été rendu disponible pour des entrevues samedi matin ; seul l’entraîneur-chef s’est prêté au jeu.

« Il y a eu beaucoup de distractions et ça prendra fin ce soir », a laissé tomber Smith.

Une transaction semble imminente dans le cas de Nick Paul. L’attaquant, auteur de 18 points en 59 matchs cette saison, sera laissé de côté de façon préventive pour un deuxième match de suite.

Parmi les autres joueurs qui deviendront autonomes sans compensation cet été, notons Zach Stanford, Chris Tierney, Tyler Ennis et Josh Brown. Du lot, Ennis est celui qui présente les meilleures statistiques offensives (21 points en 51 matchs), mais le petit ailier est visiblement frappé d’une malédiction : ses six participations aux séries (2010 et 2011 à Buffalo, 2018 au Minnesota, 2019 à Toronto, 2020 et 2021 à Edmonton) ont pris fin dès le premier tour.

Quoi qu’il en soit, Smith semble avoir aussi hâte que ces joueurs que lundi arrive.

« Les gars veulent s’en sortir ensemble. Ils veulent savoir qui va se battre avec eux. Ils sont tannés, et je m’inclus, d’être dans la cave. Ils veulent savoir qui les aidera à s’en sortir. Ce n’est pas juste de jouer… C’est une fraternité, ce sont des gars qui veulent faire des choses ensemble. »

Filip Gustavsson est attendu devant le filet des Sénateurs, qui prévoient employer la même formation que celle qui a vaincu les Flyers 3-1, vendredi.