On a appris dimanche qu’une intoxication au fentanyl et à la cocaïne était en cause dans la mort de l’ancien joueur de la LNH Jimmy Hayes, retrouvé chez lui le 23 août. L’attaquant du Rocket de Laval Jean-Sébastien Dea, qui a joué une saison avec Hayes, garde de bons souvenirs de son ancien coéquipier et espère que cette nouvelle ne changera pas la perception des gens à son endroit.

Le père de Jimmy Hayes, Kevin, et la femme du défunt, Kristen, étaient en route pour assister à la cérémonie d’avant-match des Blackhawks de Chicago et des Devils du New Jersey en l’honneur de Jimmy, vendredi, quand ils ont reçu le rapport de toxicologie.

Celui-ci indiquait qu’une « intoxication aiguë due aux effets combinés du fentanyl et de la cocaïne » était la cause de la mort, ont-ils révélé au Boston Globe.

« J’étais complètement sous le choc, a indiqué sa conjointe. J’étais tellement certaine que ça n’avait aucun rapport avec les drogues. Je pensais vraiment que c’était une crise de cœur ou n’importe quoi qui n’était pas de la drogue. […] Il n’a jamais démontré aucun signe de problème à la maison. »

Kevin Hayes a quant à lui raconté avoir remarqué des changements dans le comportement de son fils il y a 16 ou 17 mois. Ce dernier prenait alors des analgésiques opioïdes pour soigner une blessure.

« Je lui ai dit : ‟Jim, je pense qu’il y a un problème”, a-t-il raconté. Il a 31 ans, je ne peux pas lui dire d’aller chercher de l’aide. Alors, je lui ai dit : ‟Quand tu voudras de l’aide, je serai là pour toi, mon homme. Fais-moi savoir.” »

Son fils l’a rappelé trois semaines plus tard en admettant être « accro à ces pilules ». Il a reçu de l’aide « et tout semblait aller dans la voie du rétablissement », a expliqué M. Hayes.

« J’espère que de raconter l’histoire de Jimmy pourra sauver la vie de quelqu’un », a ajouté l’homme de 66 ans, qui a précisé avoir lui-même été aux prises avec des problèmes de consommation il y a très longtemps.

« Je ne veux pas qu’il soit stigmatisé comme un junkie. Vous comprenez ce que je veux dire ? Parce qu’il n’en était pas un. Jimmy aidait tout le monde. »

« C’est important d’en parler »

L’attaquant du Rocket de Laval Jean-Sébastien Dea a évolué avec Jimmy Hayes avec les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, dans la Ligue américaine, lors de la saison 2018-2019.

« C’était tellement une belle personne, a-t-il affirmé en entrevue à La Presse. Il était tout le temps souriant, il amenait une belle énergie à l’aréna. Il faisait tout le temps des jokes à droite et à gauche. Il avait une belle présence, tu étais à l’aise quand tu étais autour de lui. »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Sébastien Dea

Les deux joueurs habitaient dans la même communauté à Wilkes-Barre. Tous deux vétérans de l’équipe à l’époque, ils passaient beaucoup de temps ensemble, tout comme leurs conjointes.

« Il y avait toute la gang dans ce coin-là qui promenait les chiens et les enfants, évoque Dea. On était assez proches. »

Quand il a appris la mort de son ancien coéquipier, à la fin d’août, le Lavallois était « complètement sous le choc ». Il a tout de suite pensé à la femme du défunt et à ses deux enfants, âgés de 2 ans et 3 mois. « C’est venu me briser le cœur encore plus. »

À l’époque où il jouait avec lui, Dea n’a pas remarqué quoi que ce soit qui semblait clocher dans le comportement de son coéquipier.

« À ce moment-là, tout était correct, raconte-t-il. C’est le genre d’affaires qui est tellement facile à cacher. Tu côtoies le gars à l’aréna, il est super gentil. Mais quand il arrive à la maison… Tu n’es pas dans ses culottes 24 heures sur 24.

« Il avait peut-être des problèmes ou des choses qu’il gardait en dedans de lui, et c’était peut-être son échappatoire pour essayer de s’en sortir, poursuit-il. Je pense que c’est la preuve que c’est important d’en parler. »

Même si on parle de drogue, c’est correct. Ce n’est pas être faible d’en parler et de montrer que tu as certains problèmes. Au contraire, ça montre que tu as de la force.

Jean-Sébastien Dea

Dea espère lui aussi que cette nouvelle ne changera pas la perception que les gens ont de l’homme qu’était Jimmy Hayes.

« Quand c’est relié à la drogue, il y en a qui peuvent dire que c’est un drogué et bla, bla, bla… Ça change la perception de qui il était, mais ça reste une personne extraordinaire, et c’est juste dommage qu’il ait peut-être eu des problèmes et qu’il ait gardé ça pour lui. »

Jimmy Hayes, qui est d’ailleurs le frère de l’attaquant des Flyers de Philadelphie Kevin Hayes fils, a pris sa retraite du hockey après la saison 2018-2019. Il a ensuite lancé la balado Missin Curfew avec ses ex-coéquipiers Scottie Upshall et Shane O’Brien. Dea lui écrivait encore de manière occasionnelle.

Aujourd’hui, quand il pense à Jimmy Hayes, le numéro 10 du Rocket se remémore un party qui avait été organisé chez les Hayes pour la fête d’un des enfants.

« Je me souviens que c’était juste une belle journée. Toute sa famille était là. Il avait invité les gars de qui il était proche à venir passer du temps. J’avais jasé avec son père. Ce sont vraiment de bonnes personnes. Une très belle famille… »