Lorsque les Blue Jackets de Columbus ont balayé les deux premiers matchs de leur série de premier tour, à l'étranger de surcroît, plusieurs observateurs et amateurs voyaient déjà une autre fin de saison hâtive et décevante pour les Capitals de Washington. Alexander Ovechkin s'est toutefois levé, comme jamais auparavant.

Celui qui traînait le boulet depuis bon nombre d'années, soit d'être incapable de mener son équipe aux plus grands honneurs, a fait taire ses dénigreurs en procurant aux Capitals la première coupe Stanley de leur histoire.

Au passage, les Capitals ont finalement renversé leurs tortionnaires, les Penguins de Pittsburgh. Ils ont aussi gâché la magnifique année cendrillon des Golden Knights de Vegas.

Ovechkin s'est levé en marquant 15 buts, un sommet pendant les séries éliminatoires. Il l'a fait aussi en s'impliquant dans toutes les facettes du jeu et en affichant une émotion hors de l'ordinaire.

Ovechkin a joué avec tant de brio qu'il a mérité le trophée Conn-Smythe, même si son coéquipier Evgeny Kuznetsov a terminé au premier rang des marqueurs des séries avec cinq points de plus.

Après un été pour le moins festif, Ovechkin ne donne aucun indice qu'il est enfin rassasié.

Le prolifique russe de 33 ans a amassé 29 buts à ses 33 premières rencontres, un sommet dans la LNH, incluant dix en six parties au début décembre.

À ce rythme, non seulement mettra-t-il la main sur le trophée Maurice-Richard pour la huitième fois de son illustre carrière, mais il va pulvériser son sommet personnel de 65 buts, réalisé à sa troisième saison dans la LNH, en 2007-2008.

Il faut dire qu'Ovechkin n'est pas le seul à donner du fil à retordre aux gardiens de la LNH cette saison. Globalement, il se marque plus de trois buts par match, une productivité que l'on n'a pas vue depuis 2005-2006. Une douzaine de joueurs avaient déjà atteint la vingtaine avant Noël et sont à la portée du plateau de 50 buts.

Deux Québécois... et un commissaire immortalisés

Trois ans après qu'il aura annoncé sa retraite, Ovechkin vivra assurément le moment dont rêve tout athlète professionnel : celui de son intronisation au Temple de la renommée de son sport.

Les Québécois Martin Brodeur et Martin St-Louis ont savouré pareille consécration en novembre dernier, à leur première année d'admissibilité. Ce sont-là des sélections incontournables.

Mais qu'en est-il du choix de Gary Bettman ? On pourrait d'abord contester le fait qu'il soit encore en poste, bien que ses prédécesseurs Clarence Campbell (1966) et John Ziegler (1987) ont eu droit au même privilège.

Il n'y a aucun doute possible : qu'on l'apprécie ou non - et il y a beaucoup plus de gens dans la seconde catégorie, surtout à Québec -, Bettman a permis au hockey de faire des pas de géants.

Depuis son entrée en poste, en 1993, les revenus de la LNH ont plus que décuplé, passant de 400 millions US à presque 5 milliards US. Il a été audacieux en matière d'expansion en ouvrant la ligue à des marchés non traditionnels, parfois avec brio (Nashville, Vegas), parfois moins (Atlanta, Arizona, Sunrise, la Caroline).

Toutefois, son curriculum vitae demeurera toujours entaché par trois lock-out et rien ne dit qu'un autre conflit de travail - une grève des joueurs, cette fois-ci ? - ne viendra pas de nouveau paralyser les activités de la LNH d'ici trois ans.

Et il y a le fameux dossier des commotions cérébrales. La LNH s'accroche à la notion qu'il n'existe pas encore de liens directs entre les coups à la tête au hockey et le phénomène de l'encéphalopathie traumatique chronique (ETC).

Et ce, malgré le décès de plusieurs anciens joueurs au cours des dernières années, notamment Bob Probert et Todd Ewen, un ancien du Canadien.

Or, le 12 novembre, le jour même de l'intronisation de Bettman au Temple de la renommée, une entente de principe est intervenue dans un litige entre la LNH et 146 anciens joueurs victimes de commotions cérébrales.

En vertu de l'entente, dans le cadre de laquelle la LNH rejette toute responsabilité, la ligue versera 22 000 $ à chacun des joueurs. Une somme maximale de 75 000 $ pourra aussi leur être octroyée si des tests neuropsychologiques venaient montrer la gravité des traumatismes.

Cette entente de principe ne fait toutefois pas l'unanimité. Daniel Carcillo, un ancien dur à cuire dans la LNH, a demandé aux joueurs de ne pas accepter l'accord, qu'il a qualifié d'insultant.

Il faudra attendre au début de 2019 pour avoir une idée claire dans ce délicat dossier.