Charles Hudon n'a pas pris de raccourcis. Le Québécois a dû travailler durant trois saisons dans la Ligue américaine avant d'obtenir un poste à temps plein avec le Canadien. Il goûtait parfois à la LNH, durant de courts instants, sans jamais s'y établir.

Cette saison, tout est différent pour Hudon. L'attaquant de 23 ans avait sa place dans la formation lors du premier match et il y est encore, rendu au cinquième.

«Ma vie a changé, mais pas beaucoup. Je viens d'ici [il est né à Alma], j'ai déjà connu ce que c'était que d'être repêché par le Canadien. Je suis fier de ce qui arrive. C'est un rêve que j'ai accompli, mais le rêve n'est pas fini, et je dois continuer à travailler fort.»

Hudon n'apparaît pas encore régulièrement sur les feuilles de pointage. Il n'a obtenu qu'une seule aide en cinq matchs, sur le but en avantage numérique d'Alex Galchenyuk samedi. Sans compter que son différentiel est à -3.

Et on a vu que l'apprentissage se déroulait à la vitesse grand V quand il s'est fait contourner par Auston Matthews sur le premier but du prodige des Maple Leafs de Toronto, samedi. «N'importe qui contre qui je vais jouer, Matthews, Ovechkin, je dois être prêt.»

Cela dit, il y a beaucoup de positif chez Hudon. Tout d'abord, personne n'a tiré au but plus souvent que lui chez le Canadien cette saison. Claude Julien lui donne en moyenne 15 minutes de temps de glace par match, il fait des présences énergiques en avantage numérique, il n'a encore commis aucun revirement.

Il fait bien paraître ses partenaires de trio, quels qu'ils soient. C'était surtout visible avec Tomas Plekanec, qui semblait avoir rajeuni de quelques années à le côtoyer.

On l'oublie aussi, mais il est deuxième chez le Canadien au chapitre des mises en échec, derrière Shea Weber.

«Je fais les choses les plus simples possible. Je ne veux pas créer de revirements, je ne veux pas placer mon trio dans l'embarras. Je finis mes mises en échec, je lance le plus possible au filet. Il n'en manque pas gros. Je dois garder ma concentration, à un moment donné, ça va arriver.»

La différence

Pour Hudon, la grande différence entre la LNH et la Ligue américaine est la vitesse d'exécution.

«J'étais prêt à ça. Je l'avais vécu les deux dernières années. Tu as à peine besoin de bouger et la rondelle arrive sur ton bâton.»

Une autre grande différence: il faut gagner à Montréal. Tout de suite. Le Canadien ne l'a fait qu'une seule fois cette saison, et le public démontre déjà des signes d'impatience. Hudon avait d'ailleurs admis que les bâtons se tenaient plus serrés ces temps-ci.

Est-ce une des conséquences de porter l'uniforme tricolore?

«Pas nécessairement. C'est normal que ça arrive en début de saison, surtout quand ça ne va pas super bien. Il y a toujours un moment dans la saison où ça arrive. Il faut jouer plus serré en défense, et tout va bien aller.»

En revanche, impossible de nier qu'avec le maillot du CH vient une certaine notoriété.

«Maintenant, je me fais reconnaître dans la rue. C'est drôle. Quand je suis avec mes amis, avec mon frère, eux aussi trouvent ça bizarre. C'est la vie à Montréal.»

Cette «vie à Montréal», c'est la nouvelle vie de Charles Hudon. Pour l'instant, du moins. Il a bûché pour y parvenir, il devra bûcher tout autant pour la conserver.