Si Victor Mete ne se taille pas une place chez le Canadien, il retournera à London dans les rangs juniors. Si Michael McCarron ne décroche pas de poste à Montréal, une place l'attend chez le Rocket de Laval. Si Andreas Martinsen est incapable de convaincre Claude Julien de le garder, il sera offert aux 30 autres équipes au ballottage, puis ira jouer à Laval s'il n'est pas réclamé.

Éric Gélinas, lui, n'aura pas d'option s'il ne se taille pas un poste. Le défenseur de 26 ans est présent au camp sur une simple invitation, un contrat d'essai. Du jour au lendemain, Marc Bergevin peut décider qu'il en a assez vu et remercier le jeune homme.

La mission de Gélinas est donc de convertir cet essai professionnel en contrat en bonne et due forme.

«Je ne suis pas nerveux. Je me sens comme quand j'avais 18 ans et que je devais faire mes preuves. J'étais junior, je ne voulais pas retourner dans le junior. Là, je veux une job, donc c'est un peu la même chose! Si ça peut fonctionner ici, ça serait le meilleur scénario», expliquait le colosse de 6 pi 4 po, après le match préparatoire d'hier.

Gélinas s'en tire assez bien jusqu'ici. Hier, dans le match intraéquipe, on l'a même vu distribuer quelques coups d'épaule, lui qui a la carrure pour jouer rudement. Son intensité contrastait avec celle de certains vétérans, qui ne jouent pas leur carrière dans la LNH au cours de ce camp.

«C'est leur situation. Moi, dans la mienne, je n'ai pas de marge de manoeuvre, donc je ne peux pas me permettre de lever le pied. C'est comme ça que je vais aborder tous les matchs préparatoires», a martelé l'athlète de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Non à la KHL

Dans sa tête, Gélinas est en mission au camp. C'est que, de son propre aveu, l'été ne s'est pas passé comme il l'envisageait.

Après un début de carrière prometteur au New Jersey, cet ancien choix de deuxième tour s'est retrouvé au Colorado à l'hiver 2016, recruté par Patrick Roy... qui a démissionné l'été suivant ! Ça n'a pas fonctionné pour lui sous le nouvel entraîneur-chef, Jared Bednar, et il a partagé son temps entre la LNH et la Ligue américaine.

En juillet, Gélinas souhaitait d'abord obtenir un contrat de la LNH. Ça ne s'est pas produit. Il cherchait ensuite une entente à deux volets, mais les équipes comblaient peu à peu leurs besoins.

Des équipes en Europe lui ont tendu une perche, une équipe de la KHL lui a même fait une offre formelle. Mais la crainte d'être étiqueté comme un joueur de ligues européennes l'a retenu.

«Tu en vois de temps en temps qui reviennent, mais c'est rare. Il y a Chris Lee, qui a eu un essai à Los Angeles. Ça arrive, mais ce n'est pas idéal», explique-t-il.

Sans aucune garantie de contrat, Gélinas a donc levé le nez sur un salaire intéressant en KHL.

«Je ne joue pas au hockey pour l'argent. Je joue au hockey parce que j'aime ça et la meilleure ligue au monde, c'est ici. Je veux me donner une autre chance. Si je commence à Laval ou ici, je serai prêt. Je veux juste les forcer à prendre cette décision et me garder. Si j'avais voulu faire de l'argent, j'aurais été mieux dans la KHL.»

«On a regardé, j'ai eu des offres au cours de l'été. Mais mentalement, je n'étais pas prêt à faire le saut, à abandonner. Je veux tenter ma chance ici, je pense que je suis capable de le faire. C'est une occasion à prendre de faire ma place, de voler une job, de les forcer à me donner un contrat.»

Gélinas est un des nombreux gauchers présents au camp. Karl Alzner, Jordie Benn et David Schlemko sont essentiellement assurés d'un poste, en plus des droitiers Shea Weber et Jeff Petry. Le vétéran Mark Streit pourrait aussi être de la partie, mais à 39 ans, on sent qu'il peine à suivre le rythme depuis le début du camp.

Reste donc possiblement une place parmi le top 6, de même que des rôles de septième et huitième défenseurs (si Bergevin garde huit arrières). Sinon, Gélinas pourrait aussi rendre de fiers services au Rocket de Laval, tout en espérant un rappel.