Ça fait longtemps qu'on décrit le repêchage de 2015 comme l'un des meilleurs depuis des années. À en croire certains, il ne s'est rien fait de mieux depuis la fameuse cuvée 2003, qui a produit plus d'une quinzaine de joueurs étoiles.

«Il y a beaucoup de talent, mais je ne comparerai jamais un repêchage à 2003», a commenté le DG des Sabres de Buffalo, Tim Murray, en conférence de presse, la semaine dernière.

«Je dirais que ça pourrait être le deuxième depuis ce moment-là, mais jusqu'à ce que je vois 2003 de nouveau, je ne comparerai pas un repêchage à celui de 2003.»

Tout en haut du tableau, Connor McDavid est perçu comme un talent générationnel équivalent à Sidney Crosby, et il ne fait aucun doute que les Oilers d'Edmonton en feront le premier choix vendredi soir. Jack Eichel - dont la compétition virtuelle avec McDavid a duré le temps des roses - aurait pu être un premier choix universel dans d'autres circonstances, mais il est destiné aux Sabres de Buffalo.

Après ces deux phénomènes, une dizaine de joueurs se démarquent et sont clairement placés au sommet de la liste. Mais même si l'on retrouve des espoirs de grande qualité comme Mitch Marner, Noah Hanifin, Dylan Strome et Ivan Provorov, certaines formations ont laissé courir le bruit qu'elles étaient ouvertes à reculer de quelques rangs. C'est le cas des Coyotes de l'Arizona, qui détiennent le troisième choix, et des Maple Leafs de Toronto, qui parlent tout de suite après.

Déjà, on a observé beaucoup de mouvements dans la mise en place du tableau. Au cours des derniers mois, diverses transactions ont fait en sorte que six équipes ont renoncé à leur choix de premier tour afin d'obtenir de l'aide immédiate.

La situation des Oilers sera également à suivre. S'il est acquis qu'ils réclameront McDavid avec la toute première sélection, les spéculations vont bon train par rapport à ce qu'ils feront du 16e choix. Le nouveau DG Peter Chiarelli est prêt à s'en départir en retour d'un jeune joueur «qui pourrait grandir avec l'équipe».

Pour une équipe détenant un choix tardif (comme le Canadien), il demeure plus envisageable de s'approcher au 16e rang que de percer le top 10.

Que fera le Canadien?

Le Tricolore, justement, ne débarquera pas en Floride en position de force, n'ayant pas de choix de deuxième tour à monnayer. Pour améliorer son rang, il devra être prêt à céder des joueurs actifs. Marc Bergevin pourrait-il faire d'une pierre deux coups et libérer du salaire tout en obtenant une position plus favorable au repêchage?

Si jamais il maintient sa 26e sélection, le CH devra voir à quel rythme seront choisis les espoirs qu'il a dans sa ligne de mire. Il s'agit d'un repêchage riche en joueurs de centre et en défenseurs, de sorte que le Tricolore peut envisager de réclamer un espoir à l'une de ces deux positions. On croit que les centres Colin White et Joel Eriksson-Ek, les défenseurs Thomas Chabot et Noah Juulsen de même que l'ailier Denis Guryanov seraient des cibles potentielles.

Toutefois, le moment pourrait venir où Bergevin et Trevor Timmins préféreront tracer une ligne sur leur liste et monnayer ce 26e choix afin d'en ajouter d'autres.

Certaines transactions conclues lors des plus récents repêchages nous permettent d'avoir une idée de la valeur d'un choix dans le dernier tiers du premier tour:

- En 2010, les Coyotes de Phoenix avaient inversé leur choix de premier tour avec le Canadien (passant du 22e au 27e rang) lorsque le CH a repêché Jarred Tinordi. Ils en avaient profité pour mettre la main sur un choix de 2e tour (57e), ne donnant en retour au CH qu'un choix de 4e tour (le 113e). La même année, les Blackhawks de Chicago avaient obtenu un bénéfice semblable pour avoir reculé de cinq rangs. Ils avaient cédé leur premier choix (30e) en retour de deux choix de 2e tour (35e et 58e) appartenant aux Islanders de New York.

- En 2011, les Red Wings de Detroit ont cédé leur premier choix (24e) aux Sénateurs d'Ottawa en retour de deux choix de 2e ronde (35e et 48e). Au même moment, les Ducks d'Anaheim échangeaient le 22e choix aux Maple Leafs de Toronto contre le premier choix (30e) de ceux-ci ainsi qu'un choix de 2e tour (39e).

- L'an dernier, les Islanders ont cédé deux choix de 3e tour (35e et 57e) afin d'obtenir le choix de première ronde (28e au total) du Lightning de Tampa Bay.

Cette saison, les Blue Jackets de Columbus détiennent trois choix de deuxième tour (34e, 38e et 58e) et pourraient s'avérer de bons partenaires de danse s'ils craignent qu'un joueur convoité ne disparaisse trop vite.

Mais cette profondeur dans les deux premiers tours - le fait qu'on puisse débusquer des joueurs potentiellement équivalents entre les 18e et 40e rangs - n'aura-t-elle pas pour effet de diminuer la valeur de chaque choix?

«Non, parce qu'en général, c'est toujours mieux de privilégier la qualité sur la quantité, répond un dirigeant de la LNH qui a requis l'anonymat. Si tu peux en avoir plusieurs bons, c'est également bénéfique. Ce sont deux approches différentes. Cette année, à cause du nombre de bons joueurs disponibles, certaines équipes pensent que c'est mieux d'y aller avec la quantité.»