Elles ne sont pas officiellement en voie de disparition. Mais les bagarres sont assurément sur la voie de garage dans la Ligue nationale de hockey. Leur nombre a baissé de manière significative cette saison pour atteindre un plancher historique. Et les observateurs se demandent comment expliquer un tel phénomène.

Il y a eu 469 bagarres durant la saison 2013-2014 (0,38 par match). Il s'agit d'une baisse de 40% par rapport au nombre enregistré il y a 10 ans, lors de la saison 2003-2004 (789 combats).

Cette baisse est évidente dans certaines équipes. Les Red Wings de Detroit mènent le bal. Ils étaient déjà parmi les moins bagarreurs de la LNH la saison dernière, avec 24 combats (le chiffre a été annualisé pour tenir compte du lock-out). Cette année, leurs joueurs n'en ont livré que sept.

À l'autre extrémité du spectre se trouve le Canadien. L'équipe était au 11e des clubs les plus bagarreurs l'année dernière. Elle a monté au 5e rang cette saison. Changement de philosophie? Peut-être.

Le nombre de bagarres fluctue d'année en année - par exemple, il avait monté légèrement la saison dernière - mais une tendance lourde se dégage: il y en a de moins en moins dans la LNH.

Selon l'éditeur du site HockeyFights.com, il faut remonter à la saison 1969-1970 pour constater un ratio aussi bas. «Je pense que la pause olympique et le fait qu'on revienne d'un lock-out expliquent en grande partie ces chiffres», note David Singer.

Ce passionné et spécialiste des bagarres note qu'il y a aussi eu des changements aux règlements dans la LNH. Cette année, il était interdit d'enlever son casque. Cette mesure vise à protéger la tête des hockeyeurs qui engagent un combat. Elle a aussi comme effet de rendre les duels moins attrayants pour les joueurs en augmentant les dangers de blessure aux mains.

Mais selon Serge Savard, la pause olympique est la principale responsable de cette baisse. Ce farouche opposant des bagarres estime que les Jeux ont prouvé que le beau hockey se jouait sans les poings. «Tout le monde a regardé ça. Ç'a peut-être été le meilleur hockey de l'année, dit-il en entrevue téléphonique. Il n'y a eu aucune bataille. On s'aperçoit que ce n'est pas vraiment nécessaire.»

Une question de temps

Serge Savard pense que le nombre de bagarres peut fluctuer, mais que leur baisse est inévitable. «Je pense que c'est une question de temps. D'ici une génération, il n'y aura plus de batailles», dit-il.

Selon lui, les joueurs s'améliorent sans cesse dans la LNH. Désormais, tous les hockeyeurs doivent être habiles. Il y a de moins en moins de place pour les «hommes forts». «La qualité du jeu augmente chaque année dans la Ligue, et la qualité du jeu est inversement proportionnelle au nombre de bagarres», croit-il.

Mais Serge Savard rappelle que le monde du hockey est profondément divisé sur la question. Certains propriétaires et dirigeants d'équipe défendent toujours les combats.

«Je pense qu'à long terme, ça va disparaître. Mais ça ne va pas se produire demain matin. Tant et aussi longtemps que la Ligue le permet, ça ne disparaîtra pas, tranche-t-il. C'est légal, la bataille. Ça coûte cinq minutes de punition. Tant que ça reste une tactique légale, ça ne peut pas disparaître.»