Le Suédois Henrik Stenson a remporté hier le 145e Omnium britannique, s'imposant au terme d'un duel homérique avec l'Américain Phil Mickelson. Jamais dans l'histoire du golf deux joueurs n'avaient-ils dominé à ce point un tournoi, et leur « mano a mano » a permis de réécrire le livre des records du tournoi.

Stenson a amélioré le record pour le pointage le plus bas (264), tout en égalant la marque pour l'écart à la normale (- 20). Les deux golfeurs ont aussi égalé la marque de 63 pour la meilleure ronde en tournois majeurs - Mickelson jeudi lors de la première ronde et Stenson hier en ronde finale.

Le classement final

Les deux joueurs, qui ont inscrit les meilleurs pointages de la journée - 63 et 65 -, ont laissé tous leurs rivaux loin derrière sur le parcours du club Royal Troon. L'Américain J.B. Holmes a pris la troisième place à 278 (- 6), à pas moins de 14 coups du champion, un coup devant son compatriote Steve Stricker (- 5), deux devant l'Irlandais du Nord Rory McIlroy, l'Anglais Tyrrell Hatton et l'Espagnol Sergio Garcia.

Stenson, qui est le premier Suédois à gagner un titre majeur, a souligné : « J'avais l'impression aujourd'hui [hier] que mon temps était venu de gagner l'un de ces tournois. Je n'allais pas le crier sur les toits, mais j'avais en moi une grande confiance. »

« Je ne réalise pas encore très bien ce que j'ai réussi aujourd'hui, mais je sais que cela fait très longtemps que je me préparais pour une telle journée. On ne peut jamais être certain de rien, mais j'espérais réagir de cette façon quand j'aurais la chance de gagner un grand tournoi. »

MICKELSON EN GRANDE FORME

Mickelson, qui a terminé deuxième pour la 11e fois de sa carrière en tournois majeurs, a concédé : « Nous avons joué de façon exceptionnelle, j'ai réussi plusieurs bons coups, mais Henrik a réussi 10 oiselets aujourd'hui. J'ai joué 65 sans un seul boguey ; normalement, j'aurais dû gagner par plusieurs coups... et pourtant, j'ai été battu !

« Je le connais depuis longtemps et j'ai beaucoup de respect pour lui. J'ai toujours pensé qu'il était l'un des meilleurs golfeurs du circuit et que son jeu était parfait pour les tournois majeurs. Je suis heureux qu'il ait enfin remporté son premier grand titre, mais un peu déçu que ce soit à mes dépens ! »

Mickelson avait devancé Stenson lors de l'Omnium de 2013 pour enlever le dernier de ses cinq titres majeurs. À 46 ans, l'Américain se réjouissait quand même d'avoir offert une telle performance. « Je suis en meilleure forme qu'il y a 10 ans, avec 30 livres de moins et un meilleur contrôle de mon arthrite. Je me sens aussi plus fort et je viens de disputer l'un de mes meilleurs tournois depuis longtemps. Je suis optimiste quant à mes chances d'ajouter d'autres titres à mon palmarès au cours des prochaines années... »

Une carrière en deux temps

Henrik Stenson a connu une carrière en deux temps. Le joueur de 40 ans, marié et père de trois jeunes enfants, a remporté un premier titre sur le circuit européen en 2001 et semblait promis à un bel avenir. Il a toutefois connu un long passage à vide entre 2007 et 2012, en raison notamment de blessures et de mauvais placements financiers de ses conseillers qui lui ont coûté plus de 8 millions. Le soutien de sa conjointe Emma l'a aidé à remonter la pente moralement, et il a connu une saison exceptionnelle en 2013 en remportant les titres du circuit de la PGA et du circuit européen, avec près de 20 millions en bourses cette année-là. Un peu réservé, mais doté d'un bon sens de l'humour - il s'est déjà dévêtu pour frapper un coup près d'un étang avec son seul caleçon -, Stenson était venu au Québec en 2012 pour une activité promotionnelle de son commanditaire Hugo Boss. Nous avions alors découvert un athlète sympathique et chaleureux, soucieux des gens qui l'entourent. Encore hier, il a dédié sa victoire à un ami proche mort récemment d'un cancer.

Des souvenirs de Turnberry

Le formidable duel que se sont livré hier Phil Mickelson et Henrik Stenson n'était pas sans rappeler celui entre Tom Watson et Jack Nicklaus, lors de l'Omnium de 1977 à Turnberry, à peine 25 milles au sud de Troon, sur la côte ouest de l'Écosse. Connue aujourd'hui comme le « duel sous le soleil », en référence au temps étonnamment clément qu'on avait eu dans cette région en 1977, la bataille entre Watson et Nicklaus avait aussi fait oublier tous les autres compétiteurs. Les deux Américains avaient joué ensemble lors des deux dernières rondes, Watson signant deux cartes identiques de 65, alors que Nicklaus se « contentait » d'un 65 et d'un 66. Tout s'était joué au 17e trou quand Nicklaus avait raté une chance d'oiselet. L'Ours blond n'allait quand même pas lâcher le morceau facilement. Au 18e, après avoir frappé son coup de départ dans l'herbe longue, il avait réussi à atteindre le vert, puis à caler un long coup roulé, forçant Watson à réussir un dernier oiselet avec un roulé d'à peine deux pieds.