Un nombre étonnant de Québécois a la chance chaque année de jouer sur le parcours du club Augusta National, là où est disputé le Tournoi des Maîtres. Mais attention, à moins d'avoir des amis très bien placés, vos chances sont nulles.

Pas étonnant que ce soient surtout des hommes d'affaires, des dirigeants d'entreprise ou des vedettes sportives qui se retrouvent parmi les invités des quelque 300 membres du club. Marc Villeneuve, qui travaille pour une grande banque canadienne, est à Augusta cette semaine pour suivre le tournoi. Il a aussi pu jouer cinq fois sur le réputé parcours.

«C'est un endroit mythique, encore plus beau que ce qu'on peut imaginer à la télévision, explique-t-il. Et les gens sont toujours d'une gentillesse incroyable, que ce soit pendant le tournoi ou le reste de l'année. C'est ce qu'ils appellent the Southern hospitality et ils prennent cela très au sérieux.

«Par ailleurs, c'est très difficile d'entrer ici, aussi bien pour assister au tournoi que pour y jouer. Je préfère ne pas trop en parler, par respect pour mes hôtes, mais c'est ce qui rend la chose si spéciale et pourquoi ceux qui réussissent à le faire partagent tous la même passion du golf. Je suis vraiment fanatique de golf et j'ai pu jouer sur plusieurs des beaux parcours du monde. Celui du club Augusta National vient tout en haut de la liste.»

La filière du hockey

Ronald Corey, l'ancien président du Canadien, est souvent allé à Augusta, profitant à la fois de ses contacts professionnels et de l'amitié de certains champions du Masters, de Fred Couples notamment.

Ce réseau a aussi valu des invitations à plusieurs anciens joueurs du Canadien, Patrick Roy, Guy Carbonneau et Stéphane Quintal notamment. Ce dernier est d'ailleurs associé à l'équipe de Synchro Sports, l'organisation qui gère le Championnat du Québec sur le Circuit des champions, et il ne rate jamais une occasion de découvrir un beau parcours.

Corey et Quintal sont toutefois réticents à parler de leur expérience. «C'est un endroit magique et ce n'est pas pour rien que le Tournoi des Maîtres est si populaire auprès des amateurs», nous avait raconté M. Corey, il y a quelques années, pendant une ronde de golf.

Plus réservé, Quintal rappelle qu'il y a un code d'honneur en vertu duquel un invité ne commente pas son expérience dans un club privé par respect pour la personne qui l'a reçu. La règle est valable dans tous les grands clubs de golf, encore plus à Augusta.

Carbonneau a quand même raconté: «C'est encore plus beau quand tu as suivi le Tournoi des Maîtres et que tu reconnais tous les trous. Nous y avions passé deux jours à l'automne, a-t-il rappelé. Nous résidions sur le site et c'était vraiment impressionnant de voir toute l'attention accordée au parcours.

«La première journée, j'ai très bien joué, mais le parcours a pris sa revanche le lendemain! Les pentes sont bien plus importantes qu'on peut l'imaginer à la télé, aussi bien dans l'allée que sur les verts. Il faut vraiment frapper sa balle au bon endroit, sinon il n'y a rien à faire.»

Carbonneau sera évidemment devant son téléviseur ce week-end pour apprécier le tournoi et ressasser ses souvenirs!

Une culture du secret

Beaucoup de choses restent d'ailleurs secrètes au sujet d'Augusta National.

On sait que plusieurs des hommes les plus riches de la planète - Bill Gates, Warren Buffett, T. Boone Pickens - sont membres du club et que les coûts annuels ne sont guère plus élevés que ceux de nombreux autres clubs privés.

On sait aussi que l'âge moyen des membres est supérieur à 70 ans et que la plupart n'y jouent pratiquement jamais. Très majoritairement d'origine américaine, le membership est aussi ouvert à quelques étrangers. Il n'y a encore que deux femmes parmi les membres, Condoleezza Rice et Darla Moore, et seulement quelques représentants des minorités visibles.

Souvent décriées, ces règles ne sont pourtant pas différentes de celles toujours en vigueur dans plusieurs clubs de golf du Canada et du Québec. Mais ça, c'est une autre histoire...

Finalement, il y a une autre façon de jouer à Augusta. Il suffit d'être journaliste et de couvrir le tournoi!

Chaque année, un tirage au sort permet à 32 journalistes accrédités de disputer une ronde le lendemain du tournoi, exactement dans les mêmes conditions que celles de la ronde finale. Mon collègue Paul Journet, un excellent golfeur amateur, a eu cette chance en 2010. Si vous voulez vraiment savoir à quoi ressemble une ronde à Augusta, lisez son texte.