Tiger Woods est sans doute le meilleur meneur du sport, comme en témoigne sa fiche exceptionnelle lorsqu'il entreprend la dernière ronde d'un tournoi au premier rang. Il en a encore donné la preuve dimanche en remportant le Championnat des joueurs sur le redoutable parcours du TPC Sawgrass - qui lui a causé bien des ennuis au cours des années.

Woods, qui avait gagné le tournoi en 2001, a joué une dernière ronde de 70, deux coups sous la normale, et il a terminé la compétition avec un cumulatif de 275 (-13). «Ça n'a pas été facile», a reconnu Woods, qui s'est imposé avec une priorité de deux coups sur ses compatriotes Kevin Streelman et Jeff Maggert ainsi que sur le Suédois David Lingmerth.

«J'avais le contrôle du tournoi jusqu'au 14e trou, quand j'ai vraiment raté mon coup de départ. Ma mère ne devait pas être très fière de moi...», a dit à la blague Tiger - qui n'avait gagné qu'une autre fois en carrière le jour de la fête des Mères (en 1998) - en conférence de presse.

«Le parcours était encore très exigeant, avec des verts plus rapides, mais j'ai vraiment bien frappé la balle. J'ai été patient, comme au 15e, où j'ai sauvé une belle normale, je me suis accroché jusqu'au bout et j'ai laissé les autres connaître des ennuis.»

Woods a effectivement profité des mésaventures de ses principaux concurrents, de l'Espagnol Sergio Garcia en particulier, qui était à égalité avec lui en tête avec deux trous à jouer. Garcia, qui avait réussi une belle remontée pour revenir dans la lutte, a gâché toutes ses chances en frappant deux coups d'affilée à l'eau au 17e trou.

«Ce trou m'a souvent avantagé au cours de ma carrière, a rappelé l'Espagnol. En 2008, j'y ai remporté la prolongation. Aujourd'hui, il m'a coûté la victoire. C'est le golf, c'est ce genre de trou, et il faut l'aimer comme il est...»

Garcia a été impliqué tout au long du week-end dans une vivre controverse verbale avec Woods. Les deux joueurs, qui ne s'apprécient guère depuis plusieurs années, jouaient ensemble samedi, et l'Espagnol a accusé son rival de l'avoir dérangé alors qu'il s'apprêtait à frapper. «Il n'est sûrement pas l'un des joueurs les plus aimables sur le circuit», a répété Garcia dimanche matin à la télé européenne.

Woods a répliqué en disant que Garcia «se plaint continuellement» et qu'il jugeait n'avoir rien à se reprocher. Dimanche, il attendait de frapper son coup de départ au 18e trou quand on l'a informé des ennuis de son rival au 17e.

Après avoir assuré sa normale et avoir vu son dernier concurrent, Lingmerth, rater sa chance de créer l'égalité, Woods a savouré sa victoire et son «dernier mot» sur Garcia. Il a ensuite sagement évité d'en remettre en conférence de presse, préférant parler de sa forme.

«J'ai l'impression de m'améliorer de semaine en semaine, a souligné le golfeur de 37 ans. Je me sens bien physiquement, mentalement... J'ai du plaisir à jouer, du plaisir à m'entraîner... En fait, il y a longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien sur un parcours de golf.»

Woods a déjà enlevé quatre titres et plus de 5,8 millions cette saison en seulement sept tournois. En fait, il n'a jamais connu un meilleur début de saison et semble avoir indéniablement retrouvé la touche qui lui avait permis de dominer le circuit masculin pendant près d'une décennie.

Et il se rapproche de nouveau des «grands» objectifs de sa carrière. Avec 78 victoires, il n'est plus qu'à 4 du record de 82 de Sam Snead. Et ce serait bien étonnant qu'il ne puisse pas remporter au moins un des trois tournois majeurs encore à disputer cette saison, reprenant sa quête de la marque de 18 victoires en Grand Chelem de Jack Nicklaus.

Bloqué à 14 depuis 2008, Tiger semble prêt à sortir de sa léthargie. Après tout, ne vient-il pas de mettre un terme à une série noire sur l'un des parcours les plus difficiles du golf?