Adam Scott a réalisé le rêve qu'il caressait depuis toujours: gagner le Tournoi des Maîtres. L'Australien de 32 ans a calé un coup roulé délicat au 10e trou, le deuxième d'une prolongation qui l'opposait à l'Argentin Angel Cabrera, pour concrétiser sa victoire, sa toute première en tournoi majeur.

Une victoire qui lui permet de faire oublier sa deuxième place à Augusta il y a deux ans, mais surtout l'effondrement dont il a été victime l'été dernier à l'Omnium britannique. En plein contrôle du tournoi, Scott avait multiplié les erreurs pour encaisser un revers aux mains d'Ernie Els qui semblait presque gêné de lui avoir ravi le titre.

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«La chance m'a finalement souri», a convenu le nouveau champion après avoir enfilé son veston vert.

Come on Aussie!

S'il affichait son flegme habituel dans la «Butler's Cabin» où se déroule la remise du veston, et aussi dans la salle d'entrevue, Scott avait été beaucoup plus démonstratif sur le terrain.

Lorsqu'il a pris les devants à la fin des 18 trous réguliers, l'Australien a même hurlé un «Come on Aussie!» en brandissant les poings au ciel. Il faut dire que cette victoire est la toute première d'un Australien au Masters.

«De down under au sommet du monde», a d'ailleurs lancé d'une voix minée par l'émotion l'analyste Ian Baker-Finch, un ancien golfeur professionnel australien.

«Notre pays est passionné de sports. De tous les sports. Et le golf y occupe une place de choix. Nous sommes fiers et nous aimons penser que nous sommes les meilleurs. Je suis très fier d'être le premier Australien à avoir réalisé l'exploit. J'ai tenté de mettre cette pression nationale de côté tout au long de la ronde, mais je vais réaliser l'importance de l'exploit à mon retour au pays», a mentionné le champion, qui était même prêt à partager sa victoire avec les amateurs de la Nouvelle-Zélande, le pays voisin d'où vient d'ailleurs son cadet Steve Williams, l'ancien cadet de Tiger Woods.

Adam Scott était surtout prêt à partager son titre avec Greg Norman, son idole de jeunesse et mentor qui a vécu des moments affreusement difficiles dans sa carrière à Augusta.

Le requin australien a terminé trois fois en deuxième place: en 1986, en prolongation en 1987, sans oublier sa débandade de 1996 alors qu'il avait laissé filer une avance de six coups à l'aube de la dernière ronde pour s'incliner aux mains de Nick Faldo, qui avait enfilé sous ses yeux son troisième veston vert. «Greg Norman a été une inspiration pour moi et tous les golfeurs de notre pays. Avec tout ce qu'il a fait pour moi, ce veston lui revient également.»

Prolongation enlevante

Adam Scott accusait un coup de retard sur Angel Cabrera et Brandt Snedeker lorsqu'il a amorcé sa dernière ronde. Lorsqu'il est arrivé sur le vert du 18e trou, il était à égalité avec l'Argentin. Snedeker, qui a perdu quatre coups dimanche, n'était plus dans le coup.

Scott a alors soulevé la foule massée autour du vert en réalisant un oiselet qui concrétisait une ronde de 69, mais qui lui offrait surtout une avance d'un coup avec un cumulatif de -9 pour le tournoi.

Suivant la scène de l'allée où il attendait depuis un moment, Angel Cabrera n'avait plus le choix: il se devait de réussir une approche parfaite pour maximiser ses possibilités de niveler les chances et de pousser le match en prolongation.

Il l'a fait. Logeant la balle à quelques pouces du trou, Cabrera a offert aux amateurs la chance de pousser cette clameur annonciatrice de coups d'éclats propres au Tournoi des Maîtres.

Malgré la pluie qui leur tombait sur la tête, malgré le froid qui était loin d'aider leur cause et l'obscurité qui tombait sur Augusta, les partisans ont accueilli avec frénésie une prolongation enlevante.

De retour au 18e, Scott et Cabrera n'ont pas fait de maître. Après des deuxièmes coups restés à court du vert, ils ont toutefois rivalisé d'adresse pour échanger des approches parfaites qui ont permis de prolonger le duel.

Au 10e, les deux golfeurs profitaient de chances raisonnables d'oiselet après avoir réalisé deux très beaux coups de fer. Frappant premier, Cabrera a vu sa balle s'arrêter à quelques centimètres de la coupe. La balle de Scott n'a pas raté la cible. Les cris de joie de Scott et des amateurs entassés autour du 10e vert ont remonté l'allée pour se rendre au chalet, où ils se sont mélangés aux cris des journalistes australiens qui ont alors mis de côté leur impartialité professionnelle le temps d'une petite célébration.

En raison de la grande distance à parcourir, les cris de joie provenant de l'Australie, où il était autour de 9h40 lundi matin lorsque Scott a calé son coup gagnant, sont arrivés un peu plus tard sur Magnolia Lane.

Mais on les a entendus. Du moins, je crois...

Mauvais début de Tiger

Et Tiger Woods dans tout ça? Il avait un chiffre en tête lorsqu'il a pris le départ. À ses yeux, un 65 l'aurait assuré d'une victoire. Un mauvais début de ronde a miné ses chances. Très concentré, presque hypnotisé par son objectif, Woods a quitté le premier tertre sans afficher la moindre réaction en marge des «Go get them, Tiger» et autres encouragements criés à chacune de ses enjambées. Coupable de deux bogueys sur les huit premiers trous, Tiger a amorcé une remontée avec des oiselets aux 9e et 10e trous. Ayant dû se contenter d'oiselets sur les normales 5 (13e et 15e trous) alors que des aigles étaient nécessaires, Woods a joué 70 pour terminer à égalité en quatrième place.

Jason Day, qui menait le tournoi avec un cumulatif de -9 au 15, a encaissé des bogueys aux 16e et 17e pour glisser en troisième place. «La pression m'a atteint en fin de ronde. C'est dommage. Mais je suis maintenant de tout coeur avec Adam», a commenté le jeune Australien de 25 ans qui aura la chance de se reprendre. Marc Leishman, avec un cumulatif de moins 5, a terminé à égalité avec Tiger Woods. Non seulement il a permis à l'Australie de placer trois joueurs dans le top 5 du 77e Tournoi des Maîtres, mais il a surtout prouvé que sa première place après une ronde de 66, jeudi dernier, n'était pas le résultat d'un coup de chance.

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Les dix derniers vainqueurs du Tournoi des Maîtres

2013: Adam Scott (AUS)

2012: Bubba Watson (É-U)

2011: Charl Schwartzel (AFS)

2010: Phil Mickelson (É-U)

2009: Angel Cabrera (ARG)

2008: Trevor Immelman (AFS)

2007: Zach Johnson (É-U)

2006: Phil Mickelson (É-U)

2005: Tiger Woods (É-U)

2004: Phil Mickelson (É-U)