Le dernier Tournoi des Maîtres a permis au grand public de découvrir deux des joueurs les plus intéressants de la nouvelle génération. Bubba Watson et Louis Oosthuizen n'étaient pas des inconnus, bien au contraire, mais ils n'avaient pas encore eu l'occasion de briller en «primetime» à la télé américaine, celle qui fait et défait les grands champions de golf.

On se souvenait surtout de Watson pour sa défaite au Championnat de la PGA de 2010, en prolongation contre Martin Kaymer, quand il avait frappé une balle à l'eau sur le trou décisif. Déjà là, il avait assuré n'avoir aucun regret.

«On n'a habituellement que quelques chances de remporter un tournoi majeur au cours d'une carrière et, quand on l'a, il faut jouer pour gagner, avait-il prétendu, avant même que les journalistes l'interrogent. Je n'hésiterais pas à tenter le même coup si j'en avais l'occasion...»

Bubba a dû attendre 18 mois pour obtenir une autre chance, mais il a été fidèle à lui-même. Son fabuleux coup d'approche au deuxième trou de la prolongation - du fond des bois avec une toute petite ouverture et l'obligation de frapper un gros crochet - exigeait un grand talent certes, mais surtout une bonne dose d'audace.

Avec sa puissance - Watson est le plus long cogneur sur le circuit de la PGA - son imagination et désormais sa confiance, Bubba pourrait connaître une belle carrière, un peu à l'image de celle de Phil Mickelson, un gaucher comme lui, qui a aussi dû patienter à la mi-trentaine avant de remporter son premier titre majeur.



Oosthuizen encore inconnu

Oosthuizen a été plus précoce puisqu'il n'avait que 27 ans quand il a remporté l'Omnium britannique, en 2010 à St-Andrews. Il s'était alors proprement moqué de ses rivaux et du Old Course, terminant la compétition en 272 coups (-16), le deuxième meilleur total de l'histoire sur ce parcours et 7 coups devant son plus proche concurrent, Lee Westwood.

Le décalage horaire et l'absence des Américains en haut du tableau des meneurs avaient toutefois diminué l'intérêt pour le tournoi en Amérique du Nord, de sorte qu'Oosthuizen était encore méconnu avant sa performance à Augusta.

Le Sud-Africain a fait son apprentissage, avec son grand ami Charl Schwartzel, grâce à la fondation d'Ernie Els et les deux jeunes champions ont hérité du calme et des bonnes manières de leur mentor. Ils étaient toutefois très doués au départ. Oosthuizen est avant tout prodigieusement précis.

À St-Andrews, où le parcours est truffé de pièges, il avait réussi toute la semaine à placer ses coups de départ au milieu des allées avec une facilité qui déconcertait tous les observateurs. Il a d'ailleurs refait le coup à Augusta, ne craquant qu'en dernière ronde et, surtout, en prolongation. En ratant son dernier coup de départ, au deuxième trou de la prolongation, il a aussi raté l'occasion de mettre la pression sur Watson, qui avait déjà frappé sa balle dans le bois...

Qu'importe, les Américains savent désormais comment on prononce son nom - enfin presque - et on risque de l'entendre encore beaucoup au cours des prochaines années.

Woods, le plus gros perdant

Dans un groupe illustre de «perdants», c'est sans doute Tiger Woods qui a le plus déçu. Mickelson et Westwood ont échoué par la faute de deux ou trois mauvais coups. Rory McIlroy et Luke Donald ont visiblement jeté l'éponge à mi-chemin de la compétition et ont achevé le tournoi sur le «pilote automatique».

Mais Woods s'est battu pendant quatre rondes, surtout contre lui-même, et il a perdu. L'Anglais Nick Faldo, six fois vainqueur en tournoi majeur et analyste à la télé américaine, a été sévère avec lui. «Oubliez ses récents succès, Woods n'a jamais été aussi mauvais, a-t-il dit. Je l'ai suivi samedi soir au champ d'exercices et c'était déplorable de le voir rater coup après coup.»

Réputé pour son perfectionnisme maladif, Faldo a jugé le jeu de Tiger avec des critères très élevés, mais il a bien expliqué les ennuis de celui qui n'a plus gagné en tournoi majeur depuis juin 2008. «Woods doit retrouver un coup qu'il pourra frapper avec confiance quelle que soit la situation, un coup dont il sera sûr de la trajectoire et qu'il utilisera pour la majorité de ses coups. Actuellement, il n'a aucune idée de l'endroit où va atterrir sa balle...»

Pas vraiment la meilleure façon de gagner à Augusta.

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CETTE SEMAINE

> PGA: Omnium Heritage RBC, au club Harbour Town de Hilton Head en Caroline-du-Sud

Le champion en titre Brandt Snedeker et le numéro un mondial Luke Donald sont les têtes d'affiche, en l'absence des vedettes du Masters.

> Européen: Omnium de Malaisie, à Kuala Lumpur

Louis Oosthuizen, Charl Schwartzel, Martin Kaymer et le jeune Italien Matteo Manassero, champion en titre, participent à ce tournoi qui compte également pour le circuit Asiatique.

> Champions: Pro-AmEncompass, au club TPCat Tampa Bay, en Floride

> LPGA: le prochain tournoi sera disputé la semaine prochaine à Hawaii.

Photo: Reuters

Les amateurs de golf vont entendre parler de Louis Oosthuizen pendant encore très longtemps.