Paul Goydos redoutait son retour au Championnat des joueurs de la PGA plus que tout autre tournoi du circuit.

Il a quelque peu atteint le statut de célébrité l'an dernier, quand il a perdu le tournoi aux mains de Sergio Garcia en prolongation sur le fameux 17e trou du TPC Sawgrass. Ce qui veut donc dire plus d'attention, plus de demandes d'entrevues et plus de questions sur la vie d'un père célibataire sur le circuit et l'appel du 17 janvier dernier qui a changé le cours de son existence et celui de ses deux adolescentes.

«J'ai bien du mal à parler de cette histoire, a-t-il dit. Comme j'ai bien du mal à lire sur le sujet. Plus j'y pense, plus elle devient tragique.»

Guydos, un golfeur plutôt marginal de 44 ans, a passé les cinq dernières années à conjuguer le stress de la PGA à celui d'élever Chelsea et Courtney, qui sont maintenant âgées de 18 et 16 ans, alors que son ex-femme combattait une dépendance à la drogue causée par des horribles migraines.

Au début de l'année, Goydos n'a pas fait la coupure à Honolulu. Il a sauté sur un vol de nuit pour revenir dans le sud de la Californie et il dormait quand le téléphone a sonné. Au bout du fil, on lui annonçait que son ex-femme, Wendy, était décédée. Elle avait 44 ans.

«Je n'oublierai jamais le moment où je l'ai annoncé à mes enfants», a-t-il confié.

Mais ses deux filles se portent mieux qu'il ne l'aurait imaginé.

La plus vieille est en première année au Saddleback Community College et travaille, tandis que la plus jeune, qui lui a servi de caddie à l'Omnium britannique l'été dernier, est toujours à l'école secondaire.

Steve Flesch et Kevin Sutherland, qui sont parmi ses plus proches amis sur le circuit, savent que Goydos fait passer ses filles en premier et n'ont pas cru que quelque chose de grave se tramait quand il ne s'est pas présenté à un tournoi auquel il participe habituellement.

Flesch lui a envoyé un texto de la Classique Bob Hope lui demandant si leur ronde d'entraînement tenait toujours.

La réponse l'a laissé bouche bée.

«J'ai un problème à la maison, disait-elle. Wendy est décédée.»

Goydos, qui est revenu au jeu à Torrey Pines, parle un peu plus de cette histoire dernièrement. Mais il a toujours peur que l'histoire ne mette l'accent que sur les dernières années - des migraines à la dépendance, les accusations de Wendy que son travail détruisait leur famille, de leur divorce quand Wendy est tombée enceinte à la suite d'une aventure et de la garde des enfants obtenue par Goydos.

«Elle est devenue dépendante en raison d'un vrai problème de santé, a expliqué Goydos. Elle souffrait d'un mal débilitant et elle a perdu le contrôle.

«C'était une personne merveilleuse. Je ne l'aurais pas épousée si ce n'avait pas été le cas. Elle était une bonne mère et une bonne fille. Elle était une bonne soeur pour le reste de sa famille. C'est une malheureuse tragédie.»

Le message que Goydos veut lancer - pour lui-même, ses filles, pour tous en fait - est de se rappeler de la vraie victime dans cette tragédie.

«Je suis un golfeur professionnel, je crois que bien des gens voudraient ce job. J'ai deux enfants merveilleux, dont je suis plus fier à chaque jour.

«Celle qui l'a eue difficile dans cette histoire, c'est mon ex-femme. Ma femme avait un problème de dépendance et elle tentait très fort de ne pas l'être.»

Ce problème a été causé par de violentes migraines, dont elle pouvait souffrir de 10 à 15 jours par mois.

«Elle a passé les dernières années de sa vie à combattre cette dépendance. Ça c'est difficile. Bien pire que de perdre le Championnat des joueurs en prolongation. Ça ne se compare pas.

«De comparer ce que j'ai eu à vivre avec ce qu'elle à eu à affronter est injuste envers elle et, jusqu'à un certain point, ridicule.»

Il attribue la façon dont ses filles ont réagi à la mort de leur mère à la façon dont celle-ci les a élevées, mais il a aussi fait sa part.

Quand il a obtenu la garde complète, en 2004, Goydos a pris une année hors du circuit. Il a travaillé dans leur classe à l'école, leur a montré comment étudier et n'a joué au golf qu'à l'occasion, afin de garder la forme. Il n'a pris part qu'à deux tournois.

Il en parle toujours comme de la plus belle année de sa vie.

«Il ne veut pas qu'on pense de lui comme un 'Super Papa', a dit Sutherland. Je compatis, même s'il ne voudrait pas que je me sente comme cela.»