Sergio Garcia devrait avoir remporté un tournoi majeur ou deux déjà. À la place, le seul titre qu'il ait est celui de «meilleur joueur à en n'avoir jamais remporté un».

À l'entendre, mercredi, sa séquence devrait se poursuivre au cours du week-end, alors que s'entame jeudi la première ronde du Tournoi des Maîtres.

«Ce serait bien, mais je ne le sens pas cette semaine», a déclaré Garcia après une ronde d'entraînement en compagnie de Greg Norman.

«Mes coups roulés ne sont pas à point et mentalement, ce n'est pas la grande forme actuellement. Mais vous savez, on tentera de tout mettre en place et voir ce que nous pourrons faire.»

Quand il a été questionné sur ce qui le tracassait mentalement, l'Espagnol a répondu que des événements personnels l'affectaient.

«Certaines choses qui se sont produites au cours des quatre ou cinq dernières semaines ne m'ont pas beaucoup aidé», a-t-il dit, refusant d'être plus explicite.

Peu importe ce qu'elles sont, cela paraît dans son jeu.

Garcia a amorcé la saison en force en remportant le premier tournoi sur le circuit européen, le Championnat HSBC, avant de finir parmi les 10 premiers à Abu Dhabi et au Qatar, en plus de terminer au 11e rang à Dubaï.

Mais il n'a plus été le même après avoir été éliminé du tournoi par trou Accenture en première par un golfeur classé 63e au monde. Il a terminé à égalité au 31e rang à Doral et 77e la semaine dernière, à l'Omnium Shell Houston.

«Je connais quelques ennuis. Mais je travaille là-dessus», a admis Garcia, qui a visité le vert d'entraînement avant et après sa ronde, en plus de faire des roulés supplémentaires sur la plupart des neuf trous qu'il a joués en compagnie de Norman, Robert Allenby et Camillo Villegas.

«J'espère que je pourrai m'en sortir.»

Garcia n'avait que 16 ans quand il a disputé son premier tournoi majeur, l'Omnium britannique, et 17 quand il a remporté son premier tournoi professionnel. Il a fait le saut chez les pros à 19 ans en 1999, après avoir inscrit le meilleur pointage amateur au Tournoi des Maîtres.

En huit tournois à sa première saison, il a fait quatre top 10. Mais ce fut au Championnat de la PGA de cette année-là que Garcia, alors connu sous le sobriquet «El Nino», a vraiment fait sa marque.

Garcia a fait les délices des spectateurs en frappant ses balles au travers les branches, en sautant sur les allées du Medinah Country Club pour voir où sa balle allait se poser et semblant avoir le plus grand plaisir à jouer.

Il menait après la première ronde, le plus jeune joueur de l'histoire de la PGA a réussir l'exploit depuis que le tournoi est devenu une compétition par trou en 1958. Il a de plus offert l'une des plus belles conclusions de l'histoire du tournoi.

Tirant de l'arrière face à Tiger Woods par cinq coups à un certain moment, son birdie au 13e l'a rapproché à trois coups. Après avoir réussi son roulé, il s'est tourné, a regardé en direction de Tiger sur le tertre et lui a fait signe avec sa casquette, comme pour lui dire: «À toi».

Son coup de départ au 16e s'est retrouvé loin à droite. La balle s'est arrêtée derrière un chêne, entre de grosses racines. Le vert, 189 verges plus loin, était caché et la plupart des joueurs se seraient contenté de remettre la balle en meilleure position. Pas Garcia.

Il a pris un fer 6, s'est fermé les yeux et s'est élancé. Il a ensuite couru sautant jusqu'au haut d'une colline pour voir sa balle atterrir sur le vert.

Woods a fini par remporter le trophée Wanamaker, son deuxième majeur, un coup devant Garcia. Mais il semblait alors que la prochaine grande rivalité du golf venait de naître.

Si Woods a rencontré ses obligations en remportant 12 majeurs depuis, ce fut un peu plus compliqué du côté de Garcia. Maintenant âgé de 29 ans, Garcia présente une fiche de 0 en 38 en tournois majeurs.

Il a toutefois terminé neuf fois parmi les cinq premiers et aurait pu mettre fin à cette horrible séquence à l'Omnium britannique 2007 ou encore au Championnat de la PGA de l'année passée, alors qu'il détenait le haut du classement à l'issue de la troisième ronde. Mais dans les deux cas, il a concédé la victoire à Padraig Harrington et a dû se contenter du deuxième rang.

«Il y a des gars qui bénéficient d'un peu de chance. Ils se retrouvent près de la tête dans un majeur et sont en mesure de faire tourner le vent en leur faveur. Malheureusement, ça n'est pas encore arrivé pour moi», avait-il dit après avoir échappé le Championnat de la PGA.

Garcia a mis la main sur le Championnat des joueurs en 2008, sa plus grande victoire en carrière et il est arrivé à Doral avec une chance - mathématique - de devenir le numéro un mondial.