Montréal, c'est le tracé où les constantes ne tiennent plus. Troisième et dernier circuit routier de la saison et seule escale au Canada pour la Nationwide, l'événement, qui en sera à sa cinquième présentation, collectionne les impondérables. Le circuit, par ses longues lignes droites, favorise quantité de dépassements à différents points stratégiques. Les freinages, tout comme les réaccélérations, sont d'une brutalité sans équivoque. Ces combinaisons mettent à rude épreuve les composants mécaniques et la concentration des pilotes, qui ne peut évidemment pas faillir en situation de course. La tôle froissée est en prime dans ce spectacle dont l'américanité est très assumée.

Les road ringers, ces mercenaires

La quasi-totalité des épreuves tenues dans le cadre de la saison de la série Nationwide sont disputées sur des circuits ovales. Ces pistes exigent un doigté très différent, des stratégies différentes, bref doivent être abordées d'un autre angle. Certains pilotes, moins à l'aise sur circuit routier, laissent donc leur siège à d'autres. Ceux qui prennent la relève, ce sont les road ringers, des participants qui goûtent à la série le temps de quelques courses par année. Ces coureurs aguerris qui ont souvent forgé leur expérience en monoplace ou dans d'autres disciplines sur parcours en lacet ont régulièrement enregistré de très bons résultats sur le circuit Gilles-Villeneuve. D'ailleurs, Ron Fellows et Boris Said, deux vétérans et road ringers, ont monté sur la plus haute marche du podium, en 2008 et 2010, respectivement. On peut également apposer cette étiquette à l'ensemble des pilotes québécois qui courront cette semaine.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Boris Said

La pluie, invitée-surprise

Si le caractère offensif ou la témérité de certains pilotes n'agrémentent pas la course, chose peu probable, la pluie pourrait prendre le relais. Cette invitée de marque s'est présentée à deux reprises sur quatre épreuves à Montréal. La victoire historique sous la pluie de Ron Fellows en 2008, la seule course Nationwide jusque-là à être courue sur surface détrempée, a traduit la profonde aversion qu'ont ces voitures pour l'eau. Affligés par une visibilité pratiquement nulle, les pilotes devaient jouer d'adresse pour éviter de perdre la maîtrise de leur monture. Les virages étaient constamment pris en contrebraquage, contrebraquage secoué par les soubresauts du pont arrière rigide qui devait négocier avec la décharge de couple du moteur. De plus, la buée favorisée par les habitacles fermés s'est par la suite mise de la partie pour plusieurs. Un cauchemar qui a mis en surbrillance l'excellent coup de volant de certains.

Les bris mécaniques

Comme il s'agit de mécanique, les bris sont inévitables comme dans toutes disciplines de sport motorisé. À Montréal, les courses précédentes nous ont aiguillés sur les bris les plus fréquents. Le système de freinage, dont les disques sont faits en fonte, a une propension à surchauffer et donc à perdre de son efficacité vers les derniers tours. L'énergie dissipée pour arrêter ces autos de plus de 1500 kg en freinage appuyé est énorme. Il n'est donc pas rare de voir des flammes émaner des jantes et causer un abandon.

Photo: Robert Skinner, La Presse