Encore sous le choc à la suite de leur défaite du week-end dernier qui sonnait le glas de leurs espoirs de participer aux Jeux olympiques de Rio l'été prochain, les piliers de l'équipe canadienne de water-polo s'attendent à des changements au cours des prochaines années.

Les principales meneuses de l'équipe, composée à majorité de Québécoises, ont toutes au moins 30 ans - Krystina Alogbo est la plus jeune à 30 ans, tandis que Christine Robinson et Dominique Perreault sont âgées de 31 ans. En conséquence, l'équipe devra se renouveler à l'aube d'un nouveau cycle olympique de quatre ans qui pourrait la mener aux JO de Tokyo.

En ce sens, si les Canadiennes parviennent à s'y qualifier, elles ne pourront compter sur la présence d'une Olympienne dans leurs rangs pour la première fois depuis les JO d'Athènes, en 2004. Robinson, la seule à être toujours active, croit toutefois que ses jeunes coéquipières pourront gagner de l'expérience ailleurs.

«Une des raisons pour lesquelles nous voulions que notre équipe se qualifie absolument pour Rio, c'est afin que notre sport reste en vie au Canada, a mentionné Robinson par courriel de l'Italie. Malheureusement, ça ne s'est pas concrétisé, donc c'est à nous de trouver des façons de nous adapter. Ç'aurait été bien de pouvoir compter sur plusieurs filles avec de l'expérience olympique, mais elles pourront puiser cette expérience dans d'autres compétitions internationales d'envergure (les Mondiaux, par exemple).»

David Paradelo, qui a été embauché d'urgence de façon intérimaire en septembre dernier à la suite de la démission surprise de Johanne Bégin, n'a pas caché vouloir bâtir autour des Montréalaises Axelle Crevier (18 ans) et Hanna Yelizarova (22 ans), ainsi que de l'Albertaine Emma Wright (19 ans). Ces dernières - tout comme Paradelo - ont d'ailleurs été encensées par leurs coéquipières à l'issue du tournoi de qualifications.

«Elles méritent une mention pour avoir participé aux qualifications olympiques, a déclaré Paradelo. En fait, à tous les niveaux, je n'ai rien à leur reprocher. Axelle a participé aux deux dernières rencontres du tournoi et elle a connu une superbe progression depuis mon arrivée en poste. Ça promet pour l'avenir, tout comme pour Emma et Hanna. Les jeunes amènent une belle énergie et beaucoup d'audace.»

En ce sens, un processus de réflexion a été enclenché après la défaite de 8-7 contre l'Italie le week-end dernier au tournoi de qualifIcations olympiques de Gouda, aux Pays-Bas.

«On leur a donné (aux vétérans) deux semaines de réflexion, pour qu'elles songent à leur avenir, a-t-il confié. C'est sûr qu'on a l'intention de bâtir l'équipe autour d'un noyau de jeunes joueuses - je pense que c'est ce noyau qu'il va falloir mettre de l'avant.»

Interrogées quant à leurs plans, les vétérans de l'équipe sont toutes demeurées plutôt évasives, se contentant de dire qu'elles allaient y aller «une année à la fois». Alogbo a cependant donné un peu plus de précisions quant aux siens.

«Je pense que le fait qu'on reste encore une année ou deux de plus, ça va aider les plus jeunes à se développer davantage», a confié en entrevue téléphonique d'Amsterdam la joueuse de Rivière-des-Prairies.

Ainsi, contrairement à la grande purge d'il y a une décennie, alors que la plupart des joueuses expérimentées avaient quitté le bateau de l'équipe canadienne à la conclusion de leur carrière sportive, les principales intéressées ont toutes indiqué qu'elles souhaitaient poursuivre leur implication envers l'équipe - même à l'extérieur de la piscine.

«Quand nous avons commencé (avec l'équipe canadienne), il n'y avait pas beaucoup de joueuses expérimentées pour nous épauler, a dit Perreault. Cependant, je veux que les jeunes qui poussent derrière ne subissent pas le même sort. Donc c'est certain que j'ai le goût d'aider au sein de la fédération - je ne sais pas encore à quel niveau.»

«C'est sûr que le water-polo va toujours faire partie de ma vie, a renchéri Alogbo, qui évolue aussi pour le WC Yugra, un club de water-polo professionnel de Khanty-Mansiysk, en Russie. C'est aussi le cas de plusieurs joueuses expérimentées de l'équipe canadienne. La plupart d'entre elles ont décidé de demeurer dans l'entourage de l'équipe (après l'annonce de leur retraite), plutôt que de quitter et de laisser l'équipe repartir à zéro.»