Le Giro s'avère très glissant pour le quadruple vainqueur du Tour, le Britannique Chris Froome, qui a chuté une nouvelle fois samedi dans la 8e étape gagnée au sanctuaire de Montevergine par Richard Carapaz, premier Équatorien vainqueur dans un grand tour.

Froome a limité la casse en terminant l'étape dans le groupe des favoris, à sept secondes du vainqueur. Mais sa chute sous l'orage à 5500 mètres de la ligne d'arrivée, une glissade de la roue arrière dans un des nombreux lacets de la montée finale, a aggravé la situation pour celui qui n'a plus couru le Giro depuis 2010.

Sa (re)découverte de la course est loin d'être rassurante pour le chef de file de l'équipe Sky. Il a chuté au matin du premier jour lors de la reconnaissance du contre-la-montre de Jérusalem, il a perdu du temps dans l'arrivée ultra-nerveuse de Caltagirone (4e étape) et a souffert ensuite sur les pentes de l'Etna (6e étape).

À le voir faire la moue en franchissant la ligne installée au sanctuaire de Montevergine di Mercogliano, sous la pluie battante de l'arrière-pays napolitain, le doute est présent dans la tête de Froome, qui a chuté sur le même côté (droit) qu'à Jérusalem. Même si le retard au classement (1 min 10 sec) ne le condamne pas encore.

À l'inverse du Britannique, son compatriote mais adversaire Simon Yates affiche une mine rayonnante. Le porteur du maillot rose a contrôlé la situation dans la longue montée de Montevergine, 17 kilomètres serpentant dans les forêts de hêtres et de châtaigniers, une région jadis peuplée par les loups.

Les favoris se sont observés jusqu'aux derniers hectomètres et le sprint lancé par Thibaut Pinot, troisième sur la ligne dans le sillage de l'Italien Davide Formolo. En prenant une bonification, le Français a grignoté une place au classement (4e désormais), à 41 secondes du maillot rose.

Carapaz premier Équatorien

«Tout s'est bien passé», a commenté Yates à côté de son compère colombien Esteban Chaves, troisième au classement. Il s'est rapidement tourné vers la prochaine étape qui se conclut par «une montée beaucoup plus difficile» pour rejoindre le Gran Sasso d'Italia.

«Si je peux attaquer, je le ferai», a promis le maillot rose à propos de cette longue étape de 225 kilomètres à travers le massif des Abruzzes. Dans l'ultime ascension, le «Pirate» Marco Pantani avait dominé ses adversaires en 1999, quelques jours avant d'être exclu du Giro à la suite d'un test sanguin.

Pour atteindre l'altitude de 2135 mètres, la route grimpe sur 26,5 kilomètres. La pente se raidit sur les 4500 derniers mètres pour arriver sur le site de Campo Imperatore, où Mussolini avait été libéré de sa prison en 1943 par le commando SS d'Otto Skorzeny.

Froome, qui n'a plus de droit à l'erreur, jouera gros dans cette étape que Carapaz, vainqueur inattendu à Montevergine, abordera dans l'euphorie. Déjà porteur du maillot blanc de meilleur jeune, le jeune Équatorien (24 ans) a signé le premier succès majeur d'un coureur de son pays au plus haut niveau.

«Je savais que je devais essayer de loin, avant le sprint», a raconté Carapaz à propos de son démarrage porté à 1400 mètres de la ligne, avant qu'il rejoigne sous la flamme rouge le dernier rescapé de l'échappée initiale (Bouwman). «J'ai du mal à croire ce que j'ai fait !»

Photo Daniel Dal Zennaro, Associated Press

Richard Carapaz, vainqueur de la huitième étape du Giro.