Le Colombien Nairo Quintana, sûr de sa force, a dominé vendredi le contre-la-montre du Monte Grappa, la 19e étape du Giro, qui lui a permis de conforter son maillot rose de leader.

Seul le grimpeur italien Fabio Aru, révélation de l'épreuve (23 ans), a pu approcher la performance du Colombien sur les 26,8 kilomètres du parcours. À 17 secondes près, une broutille par rapport à l'écart concédé par les autres adversaires de Quintana.

Le Colombien Rigoberto Uran, qui avait gagné nettement le premier «chrono» huit jours plus tôt à Barolo, a lâché 1 min 26 sec mais a sauvé sa deuxième place du classement général.

En revanche, le Français Pierre Rolland, pourtant excellent dans un exercice qui n'est pas son point fort (4e de l'étape), a dû céder sa troisième place, désormais occupée par Aru à deux jours de l'arrivée.

Sous un ciel alternant soleil et nuages, Quintana a affiché une grande sérénité. À l'approche du 8e kilomètre, il a pris le temps d'enfourcher un autre vélo équipé de roues légères -comme la plupart des candidats au podium, hormis Rolland- au pied de la montée. Il s'est même offert le luxe de changer de casque et d'entendre les conseils du directeur de la Movistar, Eusebio Unzue, avant d'entamer l'ascension.

«Je n'ai pas été inquiet. On avait répété ce geste à l'hôtel», a expliqué ensuite le Colombien de la province de Boyaca, en passe de gagner pour la première fois, à l'âge de 24 ans, un grand tour (2e du Tour de France 2013).

«C'était ma spécialité»

Pointé à 16 secondes d'Uran en bas de la montée, Quintana a grimpé plus vite que tous ses adversaires. À l'unique exception d'Aru qui a fait jeu égal, à une seconde près, sur la route grimpant vers la Cima Grappa, où un ossuaire rappelle le souvenir du sacrifice de quelque 23 000 soldats autrichiens et italiens, morts dans de terribles combats lors de la Première Guerre mondiale.

L'étape a coûté cher au Polonais Rafal Majka, déboussolé par un virage mal négocié dans la partie initiale (choc contre une barrière) et au Canadien Ryder Hesjedal, victime d'un incident mécanique dans l'ascension. Tous deux, en lutte pour le podium, ont été distancés par Aru mais aussi par Rolland et le grimpeur italien Domenico Pozzovivo (5e de l'étape et du général).

À l'altitude de 1712 mètres, Quintana a aussi tourné la page de la polémique née de son attaque controversée, mardi, dans la descente du Stevio. «J'ai fait (au Monte Grappa) ce que les gens attendaient de moi», a estimé le Colombien. «C'était ma spécialité. Je ne pouvais pas laisser passer cette étape».

Samedi, la 20e et avant-dernière étape longue de 167 kilomètres, la dernière de montagne, se court de Maniago au Monte Zoncolan, la montagne-totem du Frioul où le Giro a fait étape à trois reprises depuis sa découverte en 2003.

Deux cols précèdent l'ascension finale, l'une des plus dures montées d'Europe (10,1 km à 11,9 % de pente moyenne) dans un stade naturel qui accueille à chaque fois la grande foule.