On se demande ce qui a été le plus compliqué pour David Veilleux lundi au Critérium du Dauphiné: défendre son maillot de leader ou gérer les retombées outre-Atlantique de l'annonce, non avérée, de sa sélection officielle pour le prochain Tour de France.

Pour cette première journée en jaune, au lendemain de son impressionnante victoire d'étape en solitaire, Veilleux pouvait compter sur l'appui de son coéquipier Thomas Voeckler, qui a vécu l'expérience à deux reprises sur les routes du Tour de France, les deux fois durant 10 jours. Le capitaine de route d'Europcar a glissé quelques mots au Québécois avant le départ de cette deuxième étape de 191 kilomètres reliant Châtel à Oyonnax, dans l'Ain.

«C'est un excellent leader. Il essayait de me rassurer un peu», a raconté Veilleux, qui a essayé de profiter au maximum de ce «beau moment».

«Je me suis quand même surpris», a ajouté le cycliste de 25 ans, étonné par le nombre de coureurs venus le féliciter.

«Je n'étais pas trop stressé, pas trop nerveux. J'avais vraiment confiance en mon équipe. J'étais quand même serein.»

Tout s'est déroulé comme prévu: quatre coureurs ont pris le large et Europcar les a contrôlés à distance, ne leur donnant pas plus de cinq minutes d'avance.

Quand le parcours s'est corsé, à un peu plus d'une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, on a vu Voeckler prendre les commandes du peloton, jetant occasionnellement un oeil vers l'homme en jaune, quelque part en neuvième ou en dixième roue. Beau luxe, Veilleux était aussi chaperonné par son coéquipier Pierre Rolland, double gagnant d'étape en haute montagne au Tour de France.

Les Omega Pharma-Quick-Step ont pris le relais un peu plus loin, souhaitant placer leur sprinter Gianni Meersman, deuxième la veille. Manque de chance, le Belge a retrouvé la même position, battu au sprint par l'Italien Elia Viviani.

Veilleux, 62e, est rentré avec le peloton de 75 coureurs, conservant son avance d'un peu moins de deux minutes.

Physiquement, il a senti les efforts de la veille, alors qu'il a franchi seul les 50 derniers kilomètres. «En fin d'étape, j'ai eu un peu de crampes et un peu de fatigue, a-t-il noté. Je sentais que la journée [de dimanche] avait été difficile. C'est tout à fait normal avec les efforts que j'ai faits. Les derniers 40 km ont été durs, mais ça m'a quand même permis de récupérer un peu.»

Veilleux croit pouvoir conserver le maillot jaune mardi lors d'une étape de 167 km, la plus facile du Dauphiné. Ce sera plus compliqué dans le contre-la-montre individuel de 32 km, mercredi. L'Allemand Tony Martin et le Néerlandais Lieuwe Westra, deux spécialistes, ont perdu beaucoup de temps hier et ne représentent plus une menace.

«Il reste que plusieurs gros noms sont encore là: Froome, Porte, Contador...» a fait remarquer Veilleux, qui, plus jeune, a déjà tiré son épingle du jeu dans cet exercice (10e chez les U23 aux Mondiaux de 2009). «Honnêtement, je ne sais pas. Je n'ai jamais fait de contre-la-montre à ce niveau-là, sur un parcours complètement plat. Je vais me concentrer à faire du mieux que je peux.»

Bien que des médias aient annoncé sa participation «officielle» quelques heures après sa victoire, le Tour de France n'occupe pas ses pensées pour le moment. «Ils ont carrément inventé une nouvelle», a réagi Veilleux, ajoutant que ce n'était pas un sujet de discussion chez Europcar. «Ce n'est certainement pas une actualité. Tout le monde se concentre sur la course en ce moment. Déjà, c'est vraiment très bien et important pour notre équipe.»