Le Canadien Michael Barry a longtemps été considéré comme l'intello du peloton. Les trois livres qu'il a publiés sur sa vie de cycliste ont fini de cimenter sa réputation de sportif indépendant et spirituel.

Mais aussi spirituel et indépendant fût-il, Michael Barry n'a pas su résister au dopage. Le natif de Toronto a admis mercredi, dans un communiqué, s'être dopé alors qu'il aidait, au sein de l'équipe US Postal, Lance Armstrong à remporter le Tour de France.

«Après avoir été encouragé par l'équipe, poussé à la performance et retranché dans mes limites physiques, j'ai franchi une ligne que je m'étais promis, ainsi qu'à d'autres, de ne jamais franchir, explique Barry. Je me suis dopé. C'est une décision que je regrette profondément. Elle m'a causé plusieurs nuits sans sommeil, m'a privé du plaisir de la course et a amoindri les succès que j'ai connus à l'époque. Ce n'est pas ainsi que je voulais vivre et courir.»

Michael Barry a pris sur lui d'envoyer ce communiqué dans la foulée des révélations de l'USADA. Il a en effet accepté de collaborer à l'enquête de l'agence antidopage américaine et devra maintenant servir une suspension de six mois. «J'ai accepté de participer pour pouvoir m'expliquer et aussi parce que je crois que ça peut améliorer le sport pour les jeunes qui aspirent à devenir les champions de demain.»

Barry, 36 ans, avait déjà annoncé sa retraite en septembre. Le communiqué ne précise pas si cette décision a été motivée par ses aveux.

Le cycliste canadien a fait partie de l'équipe US Postal durant les meilleures années de Lance Armstrong. Il a d'ailleurs publié un livre, Inside The Postal Bus, qui raconte comment il a aidé «The Boss» à gagner le Tour de France 2004.

À cette époque Barry avait commencé à consommer de l'EPO. Dans la déposition qu'il a faite à l'USADA, il explique que le dopage était généralisé dans l'équipe américaine. Il a réalisé dès 2002, après une performance désastreuse au Tour d'Espagne, que le dopage était nécessaire.

Puis, c'est en 2003 que la direction de l'équipe US Postal l'a incité à prendre de l'EPO. Il en consommera jusqu'en 2006, dit-il, et essayera aussi la cortisone et les hormones de croissance.

C'est une chute quasiment fatale, au Tour de Flandres 2006, qui l'incitera à cesser le dopage. Barry a raconté à l'USADA que, sur le coup, plusieurs ont pensé que l'accident lui serait fatal. Mais lorsqu'il s'est réveillé à l'hôpital, personne de l'équipe n'était à ses côtés.

«Personne de l'équipe n'est venu me voir à l'hôpital. J'étais seul, se souvient-il. C'est à ce moment que j'ai réalisé que je prenais des risques pour des gens qui se foutaient bien de ma santé ou de mon bien-être. Cette chute a été le tournant.»

- Avec Simon Drouin