Steve Bauer est plus intéressé par le cahier des affaires que les pages sportives ces temps-ci au déjeuner. Pas que la rubrique cyclisme le laisse indifférent. Seulement, pour espérer voir briller et grandir son équipe SpiderTech propulsée par C10, il a besoin de sous. Beaucoup de sous. Et les nouvelles sur Research in Motion, fabricant du BlackBerry, un important commanditaire, ne sont pas toujours des plus encourageantes.

Afin de réaliser leurs ambitions pour 2012, Bauer et sa partenaire Josée Larocque calculent qu'ils devront pratiquement doubler leur budget pour le faire passer à 5 millions de dollars. Ainsi, ils pourraient gonfler leur alignement de 19 à 22 coureurs et embaucher du personnel en conséquence.

Simple et compliqué à la fois. «Les plus grandes équipes du ProTour ont plus de cinq fois nos moyens, a souligné Bauer en marge d'une conférence de presse, hier après-midi. C'est vraiment énorme, mais en même temps, ça peut arriver d'une journée à l'autre. On a la structure, l'expérience, ça prend l'argent maintenant.»

Pendant que des géants comme BMC embauchent des vedettes à coups de millions d'euros et que Leopard et RadioShack fusionnent dans l'espoir évident de rivaliser, Bauer prend le bâton du pèlerin dans l'espoir de convaincre d'autres compagnies canadiennes de se joindre au consortium baptisé C10, auquel participe déjà la québécoise Saputo. Si l'ancien maillot jaune affirme que l'accueil des gens d'affaires est «de mieux en mieux», la manager Josée Larocque reconnaît que l'accession au statut supérieur exige de grands efforts. «C'est plus difficile (que l'an dernier)», dit-elle au sujet de la recherche de commandites.

Les New Kids...

L'an dernier, SpiderTech a franchi une étape importante en obtenant une licence pro continentale. La formation s'est donné les moyens de ses ambitions en installant ses troupes en Europe pour une bonne partie de la saison.

L'adaptation au style de courses européennes n'a pas été sans embûches. «Ce sont des New Kids on the Block, a rappelé Bauer. Ils ne sont pas tous costauds comme Keven (Lacombe). Ça frotte, ça joue du coude. Il faut prendre sa place, c'est la bagarre.»

Sportivement, en dépit de 27 podiums, les résultats spectaculaires se sont faits rares. Bauer se défend en rappelant que ses trois sprinters (Lacombe, Martin Gilbert et Guillaume Boivin) n'ont jamais été en santé en même temps.

Ensuite, il y a eu l'annonce du départ du grand leader Svein Tuft. Le Britanno-Colombien s'alignera l'an prochain pour la formation australienne GreenEdge, qui devrait en toute logique intégrer le ProTour. Il amène avec lui ses points au classement et ses maillots de champion canadien.

Le divorce a été douloureux et Tuft a bien failli être ignoré pour les courses de Québec et Montréal. «Il n'y a qu'un mot: difficile», a dit Bauer au sujet de cette séparation. SpiderTech a sauvé les fesses de Tuft quand son équipe est mort-née avant le commencement de la saison.

Tuft comprend cette déception et assure qu'il n'a pas fait son choix de gaieté de coeur. À 34 ans, il est dans la dernière ligne droite. «Si j'étais plus jeune, je pourrais prendre mon temps et continuer de progresser comme cycliste, a mentionné le médaillé d'argent du contre-la-montre aux Mondiaux de 2008. Ç'a été une décision malheureuse, mais la carrière d'un cycliste n'est pas éternelle et je devais maximiser mes chances de courir au niveau WorldTour.»

Tuft a promis de tout donner pour son équipe à Québec et Montréal. Peut-être qu'un coup d'éclat permettra à Bauer de convaincre un nouveau commanditaire ou deux.