L'ex-cycliste Tyler Hamilton a détaillé les accusations de dopage contre Lance Armstrong, son ancien équipier et leader chez US Postal, dimanche lors de l'émission 60 minutes, dont l'essentiel des révélations avaient été exposées la semaine passée.

Dans ce programme d'enquête très respecté aux États-Unis, diffusé par CBS, Hamilton explique que le dopage était monnaie courante au sein de l'équipe US Postal, même avant qu'Armstrong ne rejoigne ses rangs en 1998, et que les responsables et les médecins de l'équipe en encourageaient la pratique.

«Il (Armstrong) se dopait comme tout le monde, ça faisait partie de la culture de ce sport», a dit Hamilton qui, outre avoir vu Armstrong s'injecter de l'EPO dans le Tour 1999, une révélation faite jeudi, a expliqué que le Texan lui a donné de l'Andriol (testostérone) en 1999, qu'il l'a vu se faire transfuser du sang lors du Tour de France en 2000 et qu'Armstrong lui a fait parvenir de l'EPO quand un médecin lui a conseillé d'en prendre.

«Lance a aidé un ami, a dit Hamilton. J'aurais fait la même chose.»

Le champion olympique 2004 du contre-la-montre, qui a rendu sa médaille d'or la semaine dernière après ses aveux, assure aussi qu'Armstrong a été contrôlé positif à l'EPO au Tour de Suisse en 2001. Une accu\sation également portée par l'ex-coureur américain Floyd Landis il y a un an, avec une erreur sur la date (2002), et démentie à ce moment-là par la Fédération internationale (UCI).

Dixit Hamilton: «Lance était relax à propos de ce contrôle. Son entourage et des gens de l'UCI ont trouvé un moyen de faire disparaître ça. Il me l'a dit.»

Selon CBS, Armstrong et son directeur sportif Johan Bruyneel auraient rencontré le directeur du laboratoire ayant analysé l'échantillon et ce dernier aurait affirmé à des enquêteurs américains que des responsables de l'UCI lui avaient demandé de ne pas aller plus loin sur le sujet.

Au même moment, assure CBS, Armstrong donnait 25 000 dollars à l'UCI pour sa lutte contre le dopage. Trois ans plus tard, il offrait 100 000 dollars.

Immunité

CBS fait remarquer que les coureurs classés 2e et 3e des sept Tours de France remportée par Armstrong (1999-2005) ont tous été liés à une affaire de dopage, sauf un. L'Américain, qui a survécu à un cancer détecté en 1996, a toujours nié s'être dopé et n'a officiellement jamais été contrôlé positif.

Hamilton, 40 ans, a assuré avoir dit «la vérité» lors de son témoignage sous serment devant un grand jury fédéral réuni par des enquêteurs cherchant à vérifier, depuis les révélations de Landis, l'existence du dopage chez US Postal. Il a obtenu un certain degré d'immunité en échange de son témoignage.

Parce que l'US Postal est une entreprise publique, le Texan pourrait se retrouver mis en accusation pour, notamment, fraude et complot.

CBS assure que trois anciens coéquipiers d'Armstrong chez US Postal ont admis sous serment s'être dopé et avoir vu leur leader faire de même. Deux d'entre eux sont Hamilton et Frankie Andreu. L'autre est probablement George Hincapie. Ce dernier n'a pas admis avoir témoigné, mais CBS affirme qu'il a dit au grand jury qu'Armstrong et lui s'étaient mutuellement fournis de l'EPO.

Mark Fabiani, conseiller de Lance Armstrong, a déploré dimanche dans un communiqué «le sérieux manque d'équité journalistique» de CBS et son goût pour un journalisme de «sensationnalisme plutôt que de responsabilité».

«CBS a choisi de se reposer sur des sources douteuses et d'ignorer les près de 500 contrôles (antidopage) négatifs de Lance ainsi que les centaines de coureurs et équipiers qui auraient pu parler de son éthique et de son talent.»