Les avocats de Tom Boonen, exclu du Tour de France après un contrôle positif à la cocaïne, ont dénoncé jeudi «un délit de sale gueule» devant la justice, qui devrait dire mardi si le coureur belge peut disputer la prochaine Grande Boucle.

Le tribunal de Nanterre, saisi en référé pour réintégrer le coureur, rendra sa réponse mardi après-midi, à quatre jours du départ de Monaco.

Venus en nombre -- cinq avocats en robe -- pour l'audience jeudi, les défenseurs de Boonen et de son équipe Quick Step ont abattu ce qu'ils estimaient être leur carte maîtresse: une intervention de l'ex-secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte, qui selon eux aurait dicté à l'organisateur du Tour ASO (Amaury Sport Organisation) la conduite à tenir dans cette affaire.

Le clan Boonen a déposé un courrier du 22 juin de l'Union cycliste internationale (UCI) à l'attention du manageur de l'équipe Quick Step, Patrick Lefevere, dans lequel est mentionné le changement d'attitude d'ASO.

Ainsi, selon l'agence Belga qui a pris connaissance de cette lettre, ASO a d'abord fait part à l'UCI, dans la journée du 18 juin, de son intention d'autoriser la participation de Boonen à la Grande boucle.

«Toutefois, dans un second temps», et le même jour, «ASO nous a dit que cette participation n'était plus envisageable en raison de la volonté exprimée par le secrétaire d'Etat aux Sports», poursuit ce courrier, cité par l'agence belge.

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«Vous ne pouvez pas accepter ce fait du prince!», a lancé au tribunal Me Emmanuel Daoud, en rappelant que M. Laporte s'était opposé dès le 10 juin à la venue de Boonen en France.

L'avocat a ironisé sur l'attitude d'ASO, qui veut préserver la réputation du Tour, alors que selon lui, d'autres coureurs suspectés de dopage ne subiront pas le même sort.

«ASO se comporte comme le physionomiste d'une boîte de nuit ou le vigile d'un casino. C'est du délit de sale gueule», s'est-il emporté, en présence du directeur du Tour de France, Christian Prudhomme.

De son côté, l'avocat d'ASO, Me Jacques Nataf, a insisté sur les risques que courrait le Tour en terme d'image si le triple vainqueur de Paris-Roubaix devait prendre le départ.

«Ce n'est pas une affaire de dopage», a-t-il convenu, le coureur ayant été contrôlé hors compétition, période durant laquelle l'usage de cocaïne n'est pas sanctionné par les instances sportives.

«Mais quand Tom Boonen, qui est un champion très connu (...), gagne un sprint sur le Tour de France, tout le monde le voit», a expliqué Me Nataf, en estimant que le nom du coureur de 28 ans était désormais immanquablement associé à la rubrique des «faits divers».

L'année dernière, le maillot vert du Tour de France 2007 avait déjà été exclu de la course, déjà pour une affaire de cocaïne.

Mais surtout, l'avocat d'ASO a estimé que le tribunal de Nanterre saisi en référé (procédure d'urgence) n'était pas compétent dans cette affaire, car Boonen et Quick Step auraient dû se tourner vers la Chambre arbitrale du sport du comité olympique français (Cnosf), comme le stipule l'accord conclu entre l'organisateur et les équipes.