S'il a perdu son maillot rose au profit du Russe Denis Menchov, vainqueur de la 12e étape, l'Italien Danilo Di Luca est sorti renforcé du spectaculaire contre-la-montre des Cinqueterre, jeudi, entre Sestri Levante et Riomaggiore.

«Je suis content», a déclaré avec un grand sourire Di Luca qui a atteint son objectif en lâchant moins de deux minutes aux meilleurs rouleurs, à Denis Menchov mais aussi à l'Américain Levi Leipheimer (2e de l'étape).

Pour enlever son deuxième succès depuis le départ, après celui de l'Alpe di Siusi dans les Dolomites, Menchov a roulé à 38,482 km/h de moyenne. C'est dire la difficulté d'un parcours massacrant, constamment sinueux et alternant montées et descentes sur la route souvent en corniche au-dessus de la mer Ligure.

Impitoyable, le «chrono» des Cinqueterre a sorti du jeu les deux leaders de l'équipe Columbia, l'Australien Michael Rogers (14e de l'étape) et le Suédois Thomas Lövkivst (28e). Rogers, triple champion du monde du contre-la-montre, a fait moins bien que l'étonnant Gabriele Bosisio (8e), le lieutenant italien de Di Luca en montagne.

Le bilan s'est avéré moins lourd pour l'Italien Ivan Basso (11e) et l'Espagnol Carlos Sastre (12e) qui ont terminé au même niveau. Mais tous deux, candidats déclarés au podium, ont perdu plus de deux minutes sur Menchov et se sont situés en retrait par rapport à Di Luca, a priori moins fort qu'eux dans l'exercice.

À couper le souffle

Basso a même dû laisser la primauté au sein de son équipe à son compatriote Franco Pellizotti, cinquième du chrono (à 1 min 27 sec de Menchov) et rayonnant après sa performance. «La stratégie reste la même pour nous, il faudra attaquer», a pris soin de tempérer Pellizotti.

«Le Giro est encore ouvert», a renchéri Di Luca, décidé à reprendre son maillot rose dès que possible. Car, avec 34 secondes de retard sur le nouveau leader, le coureur des Abruzzes reste idéalement placé en vue de la victoire finale à Rome, le 31 mai, même s'il souligne la grande condition de Menchov.

Le Russe, un coureur de fond qui possède l'expérience des grands tours et compte deux victoires dans la Vuelta (2005 et 2007), l'a reconnu: «Compte tenu de ce qui nous attend encore, c'est Di Luca qui est le plus dangereux.»

Dans le contre-la-montre, Menchov a repoussé à 20 secondes le favori, Leipheimer, qui lui a seulement repris du temps dans les... descentes, bien que l'Américain soit limité dans l'exercice. Le fait témoigne de la prudence du coureur de l'équipe Rabobank sur ce parcours tourmenté au possible, comprenant 600 virages selon l'estimation -basse- de l'ancien champion italien Francesco Moser.

Lance Armstrong a délivré une impression mitigée dans ce test, qu'il a abordé comme à son habitude par une cadence de pédalage élevée. Il s'est redressé pendant la course pour soulager ses reins et s'est classé treizième de l'étape (à 8 secondes de Sastre) après avoir perdu du temps principalement dans les montées.

«Le paysage est à couper le souffle», avait-il annoncé en qualifiant l'étape d'«épique». Le constat valait au moins pour le décor avant que le Giro du Centenaire rejoigne vendredi l'un des trésors artistiques de l'Italie, la ville de Florence, terme de la 13e étape (176 km) favorable aux sprinteurs.