L'Union cycliste internationale (UCI) devrait recevoir courant novembre les recommandations d'experts pour savoir s'il y a lieu d'ouvrir les premières procédures disciplinaires dans le cadre du passeport biologique, véritable révolution dans la lutte antidopage.

Le cyclisme est le premier sport à s'être lancé, fin 2007, dans l'aventure du passeport biologique, qui consiste à établir un profil de chaque coureur à partir de plusieurs de ses échantillons sanguins et urinaires.

Alors que depuis quarante ans la lutte antidopage se résumait principalement à trouver des traces d'un produit interdit dans les urines ou le sang d'un athlète, le passeport biologique marque un changement de philosophie: ce ne sont plus des preuves directes qui permettent de convaincre un athlète de dopage mais des variations anormales par rapport à ses propres paramètres qui servent de références.

L'UCI a désormais en main les profils d'environ 800 coureurs. Si la fédération ne veut pas donner de nombre de cas suspects parmi ces 800, elle ne fait pas trop mystère qu'il y en a.

«Pour nous, il est important que les premiers cas soient très solides», insiste Anne Gripper, responsable de la commission antidopage de l'UCI.

«Et même si cela peut être frustrant parce que cela prend tant de temps, nous allons faire preuve de patience et de grande prudence, afin que les premiers cas tiennent la route face à un examen scientifique et légal pointu, plutôt que de se précipiter et d'avoir des cas qui font l'objet d'un appel», fait-elle valoir.

Procédure et sanctions

Pour éviter de tomber sur un vice de forme devant un tribunal, comme cela fut souvent le cas dans la lutte antidopage par le passé, l'UCI, aidée par le laboratoire antidopage de Lausanne, a dû s'assurer que chacun des résultats a été obtenu en suivant tous les protocoles en vigueur, mais également qu'elle a les documents nécessaires pour l'attester.

«On identifie chaque résultat qui a contribué à former ce profil pour voir si chaque résultat en lui-même peut être considéré comme valable», souligne le conseiller scientifique de l'UCI, Mario Zorzoli.

Ce travail fastidieux est sur le point d'être terminé et les paquets de documents rattachés aux profils, parfois une centaine de pages, devraient être transmis cette semaine aux experts indépendants chargés par l'UCI de les analyser.

«Les experts vont donner des recommandations. Et ce sera à la commission antidopage de décider si on ouvre une procédure antidopage, comme pour un contrôle antidopage classique», explique Enrico Carpani, l'attaché de presse de l'UCI.

Et si sanctions il doit y avoir, ce sera aux fédérations nationales des coureurs concernés de les prononcer. «Cela peut prendre encore un peu de temps», précise M. Carpani.

Ce passeport biologique a beau ne pas être une idée nouvelle, sa mise en place a suscité pendant longtemps des réticences, de peur de voir les cas s'effondrer devant un tribunal.

Si le cyclisme sert de laboratoire, d'autres fédérations, en premier lieu l'athlétisme, attendent avec grand intérêt les premiers résultats, pour pouvoir se lancer à leur tour dans le projet.