Jamais facile de sélectionner le ou la meilleur parmi les meilleurs. C'est toujours difficile en fait. Et très souvent injuste.

Mais au-delà des exploits de Martin Brodeur, des déboires d'Éric Gagné, de la grande popularité de Vincent Lecavalier, le titre d'athlète de la décennie, à mes yeux, doit récompenser un athlète amateur pour qui les podiums et la reconnaissance publique comblent, un tant soit peu, le manque à gagner pécuniaire par rapport aux millionnaires du sport professionnel.

Pourquoi préférer Alexandre Despatie à Caroline Brunet, Émilie Heymans et surtout Chantal Petitclerc? Comment comparer un sport d'adresse et de contrôle à un autre alliant technique et force brute? En dépassant les cadres du sport.

 

Caroline Brunet est une athlète exceptionnelle. Chantal Petitclerc est une athlète merveilleuse et une femme qui l'est plus encore.

Mais je voue une admiration sans bornes à Alexandre Despatie. Peut-être même un peu d'envie à l'endroit du garçon derrière l'athlète.

Du garçon qui est devenu un homme. Un homme qui se tient debout, qui vit sa vie avec le même équilibre qui le caractérise quand il virevolte avec précision pendant les secondes qui séparent son envol du tremplin ou de la plateforme du moment où il fend l'eau comme un javelot fend l'air.

Couvert d'or aux Jeux du Commonwealth à Kuala Lumpur en 1998 le petit gars que personne ne connaissait aurait pu virer au vinaigre tant il était bichonné, tant on l'a adulé.

Mais au-delà de l'attention, de l'encadrement qui frisait l'aseptisation dont Alex a fait l'objet, le garçon est devenu adolescent et c'est maintenant à l'homme, tout autant qu'à l'athlète, que j'accorde mon vote.

Un homme qui vit quand c'est le temps de vivre, qui s'astreint à l'entraînement lorsque c'est le temps de s'astreindre à l'entraînement et qui excelle encore quand vient de temps de rivaliser avec ses grands rivaux venus de l'autre bout du monde.

Sa médaille d'argent aux Jeux de Pékin, une récidive après ceux d'Athènes, et ses podiums successifs en Championnats du monde depuis 10 ans, confirment non seulement son grand talent, mais le fait qu'il ait su maintenir sa place dans l'élite tout en refusant de mettre sa vie, la vraie, complètement de côté.

Le Guy Lafleur d'aujourd'hui, l'athlète vénéré, l'homme envié, ne joue pas au hockey. Il plonge. Il plonge avec éclat, sans faire d'éclats.